Badge Historique

Depuis la nouvelle version WELO, sur mon profil est apparu le badge historique alors que je n'avais rien demandé. Dans un premier temps, j'avais souri. Forcément, j'ai toujours aimé être flattée. Ensuite, j'ai grimacé, toute seule bien sûr. J'ai toujours aimé être indignée, les lèvres serrées. Mais là, ça m'a valu une crise de foie. C'est là que beaucoup plus tard, cet ami abonné déclame un texte fort drôle, qui ne manque pas de piquant, certes, mais au point de sentir mon unique badge existant, me piquer carrément, comme une épine dans le cœur. Sans me pincer pour l'épiler, je ne peux que manifester ma peine devant mon badge historique insensé, l'exprimer pour ne plus avoir à me classer, oui me classer.

Car à l'école, ce qui me mettait le plus en colère, c'était l'histoire. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi cette matière existait, pourquoi non seulement au-delà de la supporter, il fallait apprendre par chœur les dates, les faits, s'approprier les événements d'un passé fort lointain, incertain alors que dans le présent, il y a déjà tant à enseigner…

Observer que finalement dans notre temps, rien n'a changé vraiment puisque dans le fond, les guerres sont toujours là, les problèmes de religion restent les mêmes, comme le pouvoir, les conquêtes de territoire, l'esclavage, le racisme, la violence du masculin et du féminin, les pauvres, les riches, toutes ces manipulations en passant par les illuminatis en masse qui tentent toujours à dominer le monde.

... Tant à enseigner dans la réelle connaissance universelle à révéler… pour se réveiller, pour prendre conscience que les mémoires collectives sont à déstructurer, qu'il serait grand temps de tourner la page à ce qui fait rage, pour cesser définitivement ces cycles de dérapages qui contrôlent sans cesse nos propres vies, qui s'immiscent jusque dans  nos cellules et nous enferment radicales.        

Ah… ces cours d'histoire, moi la petite fille qui s'ennuyait ferme, une demi-fesse posée sur un banc. Ah… comment ça me mettait en colère. De devoir plonger dans un hier violent pessimiste et de ressentir que mon histoire d'enfant était aussi autiste. Pendant les cours, J'avais appris à zapper, à faire semblant, à jouer la bête quand l'instituteur m'interrogeait. Qu'il me déclare à côté de la plaque, ce n'était pas grave. À la maison, je l'étais déjà. Tout m'était égal, illégal aussi. Mes histoires de famille, bien que très secrètes, je les avais déjà cernées très vite. Le passé, je crois, c'est une véritable saloperie qui peut vous envahir la tête et même vous faire mourir à petits feux, si vous posez votre cul entier dedans.

Pour poursuivre dans la matière historique, il n'y aura eu qu'un seul épisode qui m'aura touchée et fait pleurer des jours et des jours entiers. C'est quand le prof a parlé du sujet d'Anne Frank et de son journal fort célèbre. Ma tête s'est mise à tourner, tourner. Toujours sans rien montrer. Les poings serrés dans ma poche de blouse. J'en serai presque à maudire les profs inconscients du mal être qu'ils engendrent. Rien a changé, je vous le dis, il a existé, c'est vrai, la petite fille persécutée, puis une que je touche au quotidien et hélas, il en existe encore pleins d'autres.

Aujourd'hui, il y a toujours ces polémiques liées à un certain passé qu'il ne faut pas « toucher », surtout pas l'emballer, juste l‘exposer régulièrement, c'est important. « Allez-y Messieurs dames, continuez de pleurer, continuez de vous empester, de vous agacer si on tente d'en plaisanter, de chercher toujours la reconnaissance. Continuez de sortir votre petit égo pour faire des débats inutiles, qui tournent en rond, toujours en rond, sans fin, comme un disque rayé, usé. Voyez bien que vous agitez finalement tous les diables qui sortent de la boîte et que cela arrange royalement les autres démons qui rient sous cape, qui s'en branlent, c'est certain, vu que rien ne se crée et ne change vraiment»

Je suis fatiguée. De ces crétins qui se servent de la souffrance passée pour se permettre d'exister dans leur petite personne, qui préfèrent reculer plutôt que d'avancer, qui s'imaginent qu'ils ont tout compris de l'histoire parce qu'ils ont ingurgité des tonnes d'informations à droite à gauche en bouillon de cultures dans leur petite tête de moineau. Mais qui peut prétendre des vérités et de ce qui s'est réellement passé ? Dans la mesure où chacun a ses yeux, ses perceptions, ses titres, ses représentations, ses images et son concept toujours bien limité.

Très fatiguée aussi de voir tous ces crétins tomber ignorants ou lâches selon, dans les stratégies de faux média, d'une presse déformée, pour raviver des cendres et que pendant qu'ils se débattent éperdument, le mal empire assurément dans une sorte de délire abstraite et stérile sans solution du moment. Que rien ne peut se concrétiser de bon.

À quoi ça sert de remuer le passé, oui très lourd, on le sait déjà, en permanence, d'en faire des cérémonies, des commémorations et tout le tintouin dans une espèce d'hypocrisie, de faux saluts, de sous-entendus … Ce qui est fait est fait. Si on apprenait plutôt à regarder dans l'instant, voir ce que nous sommes devenus, pour se transformer, à défaire les masques, pardonner, partager notre cœur, simplement.

Car le lourd par les temps qui courent, devient de plus en plus lourd. Ne trouvez-vous pas ? Combien de temps encore sera-t-il supportable ?

Oui pardonner, pardonnons aux anges comme à tous les démons. On ne peut pas rester dans la haine et les jugements tout le temps et s'en nourrir aveuglément. Tenez, je ne suis plus du tout fatiguée, voilà que j'ai l'œil qui pétille et que je ris maintenant, de tout mon cœur soigné.

Pas sûre quand même que le badge historique soit fait pour moi. J'aurai souhaité que Welo me demande avant. Mais bon, faut croire que partout où on passe, on doit faire ses classes.

Fin de l'histoire dérangée, rangée et classée !