BEBE INGRAT

thelma


Je fus un bébé ingrat.
Déjà dans le berceau, je ne pouvais me satisfaire de ce
 que je voyais de ce monde dans lequel on m'avait plongé.
La vie défila à la manière d'un film trop rapide.

J'ai grandi comme une mauvaise herbe à l'ombre
des belles plantes, des belles façades, m'accommodant
à tous les temps.Je pliais sous le vent, m'accrochant encore
 à mes racines et il m'arrivait de profiter de timides éclaircies,
à ressentir le frôlement des ailes de papillon contre ma chair.

J'ai tout vu d'où j'étais.

Je me suis nourrie de l'engrais que la vie disséminait ici et là.
 Malgré les famines et la soif, la lumière revenait le jour
 suivant et j'ai grandi comme cela, sans épines et sans aspérités.

Les saisons se sont succédées.
 J'ai oublié le bébé, les barreaux, et le berceau.
 J'ai pris la tangente, la tête dressée vers le ciel et j'y ai vu l'infini...

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