Blanc neige ou Légende Dorée ?

Manou Damaye

Blanc neige ou Légende dorée ?

 Neige, froid. Amants, enfants, amis pas là.

 Alors.

 Ordi, couette, coupe de cristal, champagne pour enterrer l’année. Au fond de la coupe, j’ai plongé dans la bulle.

 Ô rêve ! Ils étaient tous là, les vrais, les forts,  les cœurs de ma vie. On a décidé de faire le tour du globe pour souhaiter le nouvel an. Ça nous a prit un bon bout de temps à cause du décalage horaire. La soirée a commencé chez Wendy à Sydney, nous voulions terminer chez Johnny à L.A.

Et puis, la neige aidant, le froid piquant, le traineau lambinant, quand Sylvestre a lancé : « A la taverne ! » on s’y est tous rués. Là, on a bu, on a dansé, on a joué avec les mots. A minuit pétant on s’est embrassés. Au milieu des vœux Sylvestre a balancé : « 2011, bienheureux seront les bonzes ! » L’effet fut transcendant, on est tombés comme des mouches, comme dans les contes de fées, comme dans les films de Walt Disney. Je ne sais ni comment ni pourquoi le petit jour me réveilla et là, la neige était partie en fumée. Sylvestre, au beau milieu de sa Légende dorée, jubilait et me fit monter sur une drôle de monture, monture –mi-voiture, munie d’un  GPS qu’il programma.

- Allez zou, à Liberium !

-Quoi, où ? M’entendais-je dire.

-  Liberium, c’est ton vœu! Dit-il avec son grand sourire rempli de dents « émail-diamant ». Il enchaina.

-Tu vois ces deux monts devant toi, c’est la Lune et Venus, Liberium est juste derrière. Ne plonge pas au sud tu tomberais sur Plutonium.

-  Sylvestre, le compteur me dit que j’ai dix litres d’air « sulforêt »…

- C’est grandement suffisant, Liberium est à trois litres à vol d’oiseaux !

Me voila donc volant-roulant sur le mont de la lune et celui de Vénus, ainsi nommé pour sa forêt en polymère vert Véronèse et ses habitants enchantés et chantants, clones-mi-clowns.

 Enfin je vis Liberium.  Son éblouissance ravit mon être de voyageuse intemporelle. Sous un gigantesque globe de verre, flottant dans les airs, vivait la reproduction  du « jardin des délices » de Jérôme Bosch. Ma monture-mi-voiture me déposa au pied d’une baignoire soufflée dans la masse. Me déshabiller et m’y plonger fut ma seule pensée. Elle était remplie d’une onctueuse gelée opalescente qui enveloppa tout de mon corps.

Chaleur, velours, sable chaud fin à l’extrême, duvet de plumes d’oiseaux, glissement de boue, d’argile. Tous mes yeux s’ouvrirent à ces sensations mémoires et mon esprit libéré alla se déposer  au cœur de ce « jardin des délices ». Odeurs de fleurs, de fruits, de fraises et de cerises avec le crustacé en tête et le musc en note de cœur. Les enfants d’Adam et Eve, accueillants et joyeux s’amusèrent de me voir les yeux si grands ouverts. Ils se saisirent de mon enveloppe, me plongèrent dans l’eau du lac, me lavèrent, séchèrent, massèrent, caressèrent, me firent découvrir une turpitude de plaisirs.

A ce moment, dans la taverne, on s’est tous réveillé. Chacun avait vécu une autre réalité. Certains Neptune et les Neptuniens, d’autre grand père Jupiter,  Venus en polymère aussi bien sur. Le plus palpitant, c’était l’arrivée de la douzième planète et des Annunakis. La fleur aux dents, nous décidâmes donc d’enfourcher nos montures-mi-voitures et de partir à leurs rencontres en quête des origines de notre création.

Sylvestre avait disparu ! Mais où est-il donc passé ?

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