Chicoufsoupasaupas

C'est la fin des vacances.

Je rencontre un ami et trois de ses petits-enfants qui rentrent d'une ultime promenade avant la rentrée vers la capitale. Il me dit tout contrit que sa maison va lui sembler bien vide au départ des enfants et des petits enfants. Avec humour(ou pas), il me répète ce que beaucoup discourent: "On est contents de les voir arriver, mais aussi de les voir partir, car c'est fatigant! Nous n'avons plus l'âge! Nous avons fait le boulot! Et patati et patata…

En passant mon chemin, je rencontre une voisine qui me paraît excédée, avec ses petits-enfants. Décidément c'est le jour! Un peu, à cause du voisin et parce que je suis une chienne.

 Je félicite cette grand-mère, de ses  mignons petits. Et j'ajoute, comme elle doit être heureuse d'habiter près d'eux, de les voir souvent!

Quoi? A sa mine, je sens qu'elle n'apprécie pas très vivement ce bonheur…

Elle finit par m'avouer:

- Ils sont adorables. Sous-entendu:(Ils sont infernaux).

 Elle pose une main molle sur la tête du petit, qui se débine.

-  Ma belle-fille est charmante (c'est "la bru", la femme de "Mon fils"). Elle se plaît chez nous et vient souvent…(Cela l'arrange de me laisser les petits) Cela devrait être une joie (Cela devient une corvée). Mais!

…Ah! Le voilà le "MAIS"

- Je suis dans mes petits souliers, tant qu'ils sont chez nous. En deux temps trois mouvements, à peine arrivée, cette charmante enfant (cette garce de belle-fille) met ma maison au pillage: Dans toutes les pièces, il y a des  jouets en vrac, ce qui n'empêche pas la petite de grimper sur les fauteuils, de tirer sur les rideaux et de plaquer ses mains sur les vitres. Je ne vous parle pas des doigts dégoûtants sur les murs, les rampes, les poignées des portes. Le petit s'est amusé à décoller la tapisserie quand je l'ai mis au coin pour un gros mot. Vous ajoutez les pleurs, les cris d'orfraie, les couches, jetées dans la poubelle de la cuisine. Et le biberon du dernier sur le piano…Mon Dieu!!!!

Ce n'est pas tout! J'ai à peine réussi à empêcher l'une de jongler avec des vases anciens qu'il faut que je courre après l'autre qui joue à dada avec un lampadaire…

De plus rien n'est bon dans l'assiette, ils mangent avec leurs doigts et se servent dans le frigo sans ma permission.

Quand les parents s'en vont. Comme leur mère refuse catégoriquement que je les lâche hors de la maison et du jardin…de peur d'un violeur ou d'un vicieux... toute ma journée est prise, pour m'occuper des chérubins (diablotins)

Heureusement, il y a la télévision et les jeux  vidéo, quand il pleut! J'ai essayé les jeux de société, mais cela ne dure pas longtemps car ils veulent tous, gagner et ils se disputent!

Quand mes petits-enfants sont à la maison, je suis harassée, énervée et déprimée. De mon temps…

… Je ne l'écoute plus, je déteste les gens qui disent " De mon temps", je ne sais pas pourquoi, mais cette phrase m'exaspère…Sans doute à cause de ma grand-tante qui le répétait tout le temps en me voyant accoutrée, façon punk, hippie, commando ou clocharde…Oui j'ai essayé tous les genres…

Elle était "outrée" parce que j'écoutais et que je dansais sur de la musique de "sauvage"…Et que je possédais un rat!

Fallait bien que je respire un peu. Toute l'année scolaire je portais l'uniforme des filles de Marie… Pour l'anecdote, le rat Gustave, mon confident, était aussi, pensionnaire…clandestin, c'était facile avec un peu d'audace et beaucoup de précautions de le dissimuler dans l'armoire de ma chambrette.

Mais revenons à la voisine.

Je connais la jeune-femme dont parle la pauvre grand-mère et belle-mère…

Je sais, que la maison de "la belle-fille" est telle qu'une chatte n'y retrouverait pas ses petits. Et je sais aussi que si elle entendait sa belle-mère, elle lèverait les yeux au ciel en disant :"Elle est trop maniaque de l'ordre!"

- Tenez, dit encore la voisine, en me secouant le bras…

…Oups! Je déteste cela aussi… Elle m'agace!

 Je reviens, au temps présent…

- Vous connaissez Yvonne, la tante du boulanger?

- A peine.

- Cette autre "bonne âme" a consenti à loger la fille de sa meilleure amie qui fait ses études à Bordeaux. Une jeune-fille dans une maison, cela devrait être une joie? Elle lui avait préparé une jolie chambre. A son arrivée, elle a répandu le contenu de son énorme sac sur le plancher. Curieuse Yvonne a voulu savoir combien de temps cela durerait. Et bien! Cela a duré de la rentrée d'octobre aux vacances de Noël! Elle entrait et sortait, sans dire bonjour, ni bonsoir. Elle amenait des amis à dîner mais n'avait pas l'idée de donner un coup de main pour la cuisine ou pour ranger la vaisselle. Elle prenait dans l'armoire, un foulard, un gilet, sans demander son avis…

Mais pire encore, elle se promenait presque nue dans la maison! Je ne vous raconte pas les idées dans la tête du mari d'Yvonne!

Je souris et je ne devrais pas… Elle me quitte soudainement après un "au revoir" assez… froid.

Je parie que la jeune fille a dit à sa mère: "Yvonne est bien gentille, mais c'est une maniaque des cérémonies: Si on l'écoutait, on passerait son temps à dire: Pardon, s'il vous plaît, et merci! Et puis elle est trop vieille France! Avec elle on devrait s'habiller et vivre comme une bonne sœur! Et son mari est un vieux lubrique."

Après avoir écouté ces jérémiades "grands-parentesques". Je pense que j'ai beaucoup de chance… Avec les miens.

Certes, c'est facile de penser cela, je ne les vois pas souvent, ils vivent à l'étranger.

Alors, quand ils viennent, c'est la fête et le plaisir du laisser-aller et de profiter de tous les instants.

En vieillissant, je suis de moins en moins attirée par l'ordre, le rangement, le nettoyage à tout bout de champ, et je me fiche de plus en plus du "Quand dira-t-on" et du super savoir-vivre" (Pour chez-moi, je vous rassure).

 Je dois admettre aussi que les enfants s'occupent de leurs mômes et rangent leurs souks, quand ils s'en vont.

Après réflexion et tout en revenant vers la maison, vide depuis quelques jours, d'amis, d'enfants et de petits-enfants.

Je suis bien, dans mes bottes et sous ma casquette.

Le calme est revenu et c'est un sacré changement, comme chaque été.

J'ai été ravie de revoir et de recevoir tout ce monde. Mais, Je suis heureuse aussi, d'y retrouver la tranquillité, mon jardin, mes livres, mes balades en solitaire.

Finies les corvées des grosses courses au supermarché.

Calme est la cuisine, les grandes casseroles sont rangées.

Sa Majesté, le papy, s'est remise aux mots croisés, au jardinage, au bricolage.

Le chien a retrouvé son panier, le chat est revenu d'un endroit secret.

Nous allons vers l'automne et puis l'hiver et le charme des livres lus sous la couette, bien au chaud près du poêle à bois. Une musique classique et douce en fond de bien-être…

Nous les reverrons tous sur Skype et en fin d'année.

Mais…

Voilà un autre Mais…

C'est vrai, aussi que, même si les deux dames de l'histoire sont un peu trop maniaques…

Il ne serait pas mauvais, que les tornades ou ouragans des vacances d'été, en lisant cette nouvelle, en prennent un peu de la graine, histoire de ne pas être baptisés les "CHICOUFS".

Traduction: CHIC ils arrivent, OUF ils partent…