Connaissez-vous l'Oulipo?

L'Oulipo

Question : un oulipien sévit régulièrement sur WLW. Trouvez qui c'est t'y donc ! (A gagner un magnifique oulipo de chambre sculpté dans la masse, époque Ming.).

Pour ceux qui ignore ce qu'est l'Oulipo je rappelle ce que c'est: l'Oulipo c'est l'OUvroir de LIttérature Potentielle. Gang fondé dans les années 60 par ses non-fondateurs ; Raymond Queneau (dit Raymond la Quenelle), François Le Lionnais (dit le liposuceur de lipogrammes), Georges Perrec (alias l'escamoteur de E) et pleins d'autres malfrats aussi talentueux qu'imaginatifs...

Raymond Queneau fit la constatation suivante (frappée au coin du bon sens)  : « Si c'est en bûcheronnant qu'on devient bûcheron, c'est donc en écrivant qu'on devient écriveron », et décide un jour de réunir une bande d'oulipotes pour fonder carrément un machin littéraire drôlement original et super rigoureux, scientifique mathématique syntaxique mais néanmoins onirique prolifique et sympathique.

Au début, l'Oulipo s'appelait « le séminaire de littérature expérimentale (SELITEX). Puis, ses membres, jugant qu'ils n'avaient pas des têtes de séminaristes trouvèrent ce nom de Oulipo. L'Oulipo c'est un peu une réaction au surréalisme, devenu fort pompeux à la longue à cause de son pape André Breton qui excommuniait les gens à tours de bras. L'Oulipo c'est aussi et pour la première fois au monde, des mathématiciens qui, attirés par la littérature allaient y apporter leurs équations différentielles ou non et superposer à des textes pleins de suppositions possibles que l'on ne croyait pas possibles avant eux...

Mais d'emblée, Queneau, qui a connu pas mal d'écoles et mouvements littéraires, refuse que l'Oulipo devienne une « école », une secte littéraire de plus avec ses dogmes et ses rites infranchissables aux non-initiés. Non ! L'Oulipo restera ouvert. Voici ce qu'en dit Raymond lui-même : « Nous appelons littérature potentielle la recherche de formes, de structures nouvelles et qui pourront être utilisées par les écrivains de la façon qui leur plaira ».

Voilà, l'Oulipo c'est pour tout l'monde, loin des chapelles et des églises ou viennent se prosterner des veaux, pardon, des dévots...

Pour préciser les choses (car quand on parle d' oulipisme faut être précis!). L'Oulipo est lié étroitement au « Collège de pataphysique » (organisme de recherche savantes et inutiles, inspiré par monsieur Alfred Jarry).  L'OuliPo est d'ailleurs intégré à la Sous-Commission des Épiphanies et Ithyphanies, elle-même incluse dans la Commission des Imprévisibles du collège. Inutile de dire que Queneau était déjà parti prenante du collège de Pataphysique bien avant l'Oulipo.

Quels sont les buts de l'Oulipo ?

1- inventer des structures, des formes ou des contraintes nouvelles, susceptibles de permettre la production d'œuvres originales.

2- travailler sur des œuvres littéraires passées pour y retrouver les traces, parfois évidentes, parfois plus difficiles à déceler, de l'utilisation de structures, formes, ou  contraintes.

Car le grand truc des Oulipiens, c'est la CONTRAINTE ! Oui messieurs-dames, les oulipiens refusent la facilité, source de textes médiocres et rabâchés. Seule la CONTRAINTE permet de se libérer des carcans et des conformismes qui nous guettent constamment par paresse intellectuelle ou encore pire, par désir de « faire comme tout le monde parce que tout le monde le fait  ».

On le voit, n'est pas oulipien qui veut, il faut y mettre de la rigueur. Bref, les oulipiens sont une bande de rigolos très sérieux qui ne se prennent pas au sérieux tout en prenant très au sérieux leur ennui du sérieux...

Et c'est vrai que pour faire des choses marrantes il faut travailler sérieusement, et comme disait l'autre « L'humour est une chose bien trop sérieuse pour la confier à des plaisantins ! »

Mais l'Oulipo, s'il produit plein de trouvailles amusantes n'a pas pour but l'humour en soi, ni ne cultive le bon mot pour le bon mot, ça reste un laboratoire d'expérimentations destiné à élargir les limites de l'imagination. Pour un oulipien digne de ce nom, il ne s'agit pas de produire de la littérature aléatoire (style écriture automatique), mais de chercher, de façon volontaire à produire des textes bien charpentés et « logiques » (Bien que cette logique paraisse parfois absconse et farfelue...).

Quelques exercices trouvés par les oulipiens :

La boule de neige : ça consiste à écrire un texte dont chaque mot successif à une lettre de plus que le précédent.

Substantif S+ 7 : consiste à choisir un texte, si possible parfaitement ennuyeux et sinistre et de remplacer chacun de ses substantifs par le 7ème qui le suit dans le dictionnaire. Exemple :  « Des prises de bénéfice ont eu lieu, aujourd'hui encore, mais les offres ont été absorbées beaucoup moins aisément que la veille » devient alors « Des privautés de bénitier ont eu lieu, aujourd'hui encore, mais les oiseaux ont été absorbés beaucoup moins aisément que le vélocipède », ce qui est nettement plus marrant. » (Source Martin WinKler blog).

( L'on trouvera toute une série de contraintes sur le site officiel de l'Oulipo).

Et si l'on pouvait résumer l'Oulipo en une seule phrase, voici celle-ci «  Oulipiens : rats qui ont à construire le labyrinthe dont ils se proposent de sortir. ».

Pour prendre connaissance d'œuvres oulipiennes, lire évidemment : « La Disparition » de Georges Perec ou se procurer : « Cent mille milliards de poèmes » soit 10 puissance 14 de sonnets possibles grâce à un ingénieux système de pagination. Livre de Queneau.

Les oulipiens, (qui adorent les paradoxes) se sont donc donnés des règles strictes pour être totalement libres.

Voilà des gens qui « aiment les mots »...

Je ne sais s'il existe des « Jeux Oulimpiques » mais je lance l'idée, elle m'est venue à la fin de ce texte...