Crise de cuisine

Hervé Lénervé

Eh, ça arrive à tout le monde, sauf au fou sur la colline et tout seul, car si, il est une foule, c’est une secte et ça ne compte pas.

Lui - Je ne peux plus vivre avec toi et je ne peux pas vivre sans toi, c'est fâcheusement déconcertant.

Elle - En effet, on ne se supporte plus, ça ne peut plus durer. Quittons-nous ensemble.

Lui - L'idée me déçoit. On était fait l'un  pour l'autre, tout le monde le disait et nous, du coup, on le croyait. Mais que nous est-il donc arrivé ?

Elle - L'érosion des sentiments.

Lui - Bien sûr, le temps du quotidien. Mais même si la passion n'est plus ce qu'elle était, l'attachement devrait subsister assez pour éviter que tu me traites de connard à longueur de journée.

Elle - Et toi, de salope !

Lui - Tu as raison, je raye « Salope » de mon vocabulaire, mais je garde « Grosse Pute », quand même ?

Elle - Non, plus aucun mot d'insulte que des mots doux.

Lui - Tu mets la barre haut, mais on peut toujours essayer.

Et depuis ce jour, ce couple à la dérive, qui prenait l'eau de toute part de tartes, a réussi, en écopant, à revenir sur des terres  moins hostiles. Redevenir les tendres tourtereaux qu'ils étaient au temps jadis.

Lui - Tu vas me casser les noisettes encore longtemps, mon écureuil ?

Elle - Autant de fois qu'il le faudra pour que tu comprennes enfin, que je ne suis pas ta bonne, mon bonhomme d'amour.

Lui - C'est sûr que tu n'as plus rien d'une soubrette, ma chouette.

Elle - Tu sais ce qu'elle dit à son hibou, la chouette, mon oiseau ?

On peut encore se disputer, certes, mais le cœur n'y ait plus, cela manque de vigueur, de conviction, d'envolée, en un mot de panache. Cela ne vaut pas un bon vieux : « Fait pas chier, Salope ! Tu es pire que ta daronne. Va te faire enculer chez les curés ! »

Elle - Sûrement pas par toi, espèce de bande mou du missel. Vieux Connard laqué !

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