Cuisinons pour les wokes

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Je vous propose aujourd'hui de cuisiner au woke un bon petit plat à base d'escargots. Ils présentent l'avantage d'être baveux et hermaphrodites. On ne pourra ainsi pas m'accuser de toute critique envers ces animaux car c'est dans leur nature de dénigrer et d'être bisexués.

En guise de mise en bouche, quelques précisions sur le gastéropode. Au niveau de son régime alimentaire, il aime à brouter de la frisée mais, si l'occasion s'en présente, il n'est pas contre de croquer quelques carottes. Grâce à son mucus abondant qui ferait pâlir d'envie toute personne souffrant de dyspareunies, il peut se permettre de grimper toutes les parois qui s'offrent à lui. Autre particularité : ses pores respiratoires, appelés pneumostome, se situent à proximité de son anus. On peut donc supputer qu'il n'est pas très regardant, d'autant plus que son sens visuel est peu développé.

Mais, entrons en matière pour nous régaler. Tout comme sa cousine la moule, il peut se cuisiner à toutes les sauces. A vrai dire, c'est un peu comme pour le cochon : tout est bon pour le faire passer à la casserole. Tout amateur inverti y trouvera son bonheur, que ce soit à la provençale, à la bourguignonne ou à la bordelaise. Et, bien que ce type de recette soit réservé traditionnellement aux morues ou aux tanches, le grand chef Jean-Paul Gauthier l'a décliné en matelote. Dans ce cas, il ne faudra pas hésiter à être généreux avec l'oignon. C'est l'avantage de la cuisine au woke : vous extraire de votre coquille et ne pas hésiter à rentrer dans la spirale d'un cercle vicieux.

Vous pouvez sortir des sentiers battus et quitter l'Hexagone. Par exemple, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé adoraient se gourmander de Petit-gris dans la bouillonnante médina de Marrakech pour assaisonner des gastronomes en culotte courte. Sur l'île de Mykonos, en Grèce, on pourra y trouver une variante à l'huile d'olive, un délice qui ne manque jamais de faire les gorges chaudes d'un public ouvert à toute nouvelle expérience.

Pour celles – ou ceux ; ne soyons pas sectaires – qui ne sont pas amateurs de viande, je vous propose une recette qui, bien que vegan, ne manquera pas de piquant. En effet, pour se faire plaisir, il n'est pas nécessaire d'enfourner de la barbaque à toute vapeur. Pour cela, ne conservez que la carapace, gavez-la de purée d'aubergine, ajoutez-y une pointe d'asperge et nappez le tout de crème fraîche épaisse pour émoustiller vos papilles.

On peut toutefois noter que depuis quelques années se développe un mouvement de fond qui tend à s'opposer à tout assaisonnement, la cansel culture. Elle trouve ses origines dans l'opposition aux câlins (alcalin au singulier) genrés jugés trop épicés. Nous éviterons donc de vous proposer de l‘escargot au gingembre pour ne pas se prendre un coup de bâton. N'écartons pas le risque de nous retrouver face à une escouade d'extrémistes qui se feraient un plaisir de nous menacer de nous empaler pour nous faire cuire à petit feu à la broche. Remarquez, pour m'y opposer, j'ai en tête de reformer l'organisation fondée en 1935 par Eugène Deloncle, celui de la Cagouille.

Mais ne traînons pas et intéressons-nous à comment accompagner cette petite bête. Tous les goûts sont dans la nature. Toutefois un pinot noir me paraît approprié. Il possède de puissants arômes qui éclateront en bouche. Pour éviter toute censure, pour ne pas être offensant à l'égard des minorités et ne pas se fourvoyer dans le validisme, je vous invite à ne pas proposer un champagne blanc-de-noirs. Par contre, un vin du 69 – comprenez le Rhône – sera le meilleur allié pour satisfaire l'ensemble du spectre LGBTTQQIAAP.

En guise de dessert, je ne saurais que vous recommander une connerie (pardon, une douceur) à base de quinoa ou de haricots rouges. Vous aurez la satisfaction, à défaut de vous régaler, d'être sustentés à la cause du wokisme. Attention toutefois à ne pas commettre de bourde en société en évoquant votre ligne. Vous seriez alors mis au pilori en vous faisant traiter de grossophobe.

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