Les Draps de Satan

Au bord du monde, au bord du gouffre 

Le sang du ciel dans le ruisseau 

Dans les poumons, l'odeur du soufre 

Et dans la main, tremblants couteaux 

Le cœur qui neige dans les pupilles 

Leurs yeux ont le goût des salines 

Quand ils repensent à cette fille 

Qu'ils ont laissé dans leur poitrine 

Qu'ils ont laissé près de chez eux 

Quand ils étaient si loin du bord 

Peau contre peau au fond du pieu 

Aux creux des reins, des bars du port 

Au bord du monde, au bord du vide 

A chaque escale, parfum de manque 

Prendre la mer où guerre préside 

Amène naufrages dans les calanques 

Les yeux du père se sont éteints 

Quand la haine, ses fils ont engendré 

Le chant du cygne dans le lointain 

Susurre toujours "Humanité" 

Poussent trop tôt les coquelicots 

Et chrysanthèmes dans les cimetières 

Un peu de vie sur le tombeau 

Contre l'oubli ; le cœur des mères 

Soldat sans arme dans les clairières 

Au bord du vide, au bord du gouffre 

Parfum de diable aux quais des guerres 

Sur la bleue sphère, l'odeur du  soufre 

Si tu t'endors dans des draps de Satan 

Qui te susurrent « nés pour tuer » 

S'en ira l'hirondelle des Printemps 

Oui, s'enfuira 

L'éternité