Dieu est passé me voir et il est d'accord.

zembra

Ça s’agite autour de moi et moi je suis saoule saoule et misérable. Même à l’autre bout du monde, il y a toujours un homme qui me rattrape jusqu’à dans mon salon pour me parler de Dieu et ses prophètes. Je le flaire dès qu’il rentre dans la pièce, ça sent fort le narcissisme et l’arrogance et j’ai les poils qui se hérissent. Il parle beaucoup. Il parle tout seul surtout. De la validité d’une prière en short, de l’obligation de se couvrir et des autres prescriptions qui nous on été dictées.

Moi, je n’ai connu que les dictées de Pivot racontées par ma mère sur la table de la cuisine. Quand la vapeur couvrait les vitres et que je devinais qu’on allait bientôt diner. C’était à l’époque où j’avais eu un chien histoire de remplacer un père. A l’époque où tout était tristement parfait dans un trois pièces et que je retrouvais chaque soir mon pyjama plié sur l’oreiller.

De la fierté d’être musulman me lance-t-il. Fier de sa race, son sang et sa gueule. Comme si exister en soi était une gloire. Comme si venir au monde c’était l’accomplir. On nous l’a prescrit, me répète-t-il. C’est toujours On qui me dérange dans toutes ces histoires. C’est comme un x en mathématiques et le dossier Divers sur le bureau. Ils trainent sous ton nez sans trop se dévoiler. On, c’est sacré et insignifiant à la fois. On, c’est la capote que tu t'amuses à remplir puis rechignes à la jeter, un peu comme ton ignorance.

Le vin me rend lucide, assez lucide pour ne plus vouloir penser qu’à la dernière chips restée dans l’assiette à l’autre bout de la table. Je préfère garder la bouche pleine, pour ne pas lui dire que j’ai fait jouir plus de femmes que lui et ses copains réunis. Que Dieu est passé me voir et qu’il était d’accord. Et que le plus drôle dans tout ça, c’est de l’écouter parler du voile alors que je ne porte pas de culotte.

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