Diktat XX

Marie Cornaline

Je me demande bien,
Pourquoi les mannequins en maillot de bain,
Ont leur tête plus grosse que leur bassin ?

Je n’ai pas trop compris,
Pourquoi ces interludes chantant des sucreries,
Me chuchotent en leur fin que ce sont des saloperies.

Moi j’veux pas être hydrocéphale,
A défaut d’être anorexique,
Moi j’veux qu’ma faim reste animale,
Sans estomac schizophrénique.

Mais que veulent donc ces prêtres d’hérésie esthétique
Qui prêchent la parole du vieillir sans panique,
Tout en me sermonnant d’injonctions botuliques ?

Mais quel est le wagon pour les nouveaux départs
Si je prends mon billet pour célibat un peu tard,
Vais-je alors terminer dans une soute à couguars ?

Moi j’veux que mon corps puisse s’exprimer,
Que chaque ride soit le souvenir d’un moment bien particulier,
Moi j’veux pas radoter ma jeunesse,
Et mentir à mon cœur pour rassurer mes fesses.

Des fois il me vient à l’esprit,
Qu’il ne faut pas en avoir,
Qu’il faut juste être jolie,
De loin là haut sur nos perchoirs.

Un cerveau ce n’est pas très glamour,
C’est tout ridé comme une noix,
Le stupide c’est mieux que l’humour,
Plus efficace pour l’audimat.

Moi j’veux sculpter mes neurones,
Leur offrir un beau décolleté,
Moi j’veux qu’ma tête se sente bonne,
Prête à se faire aguicher.

J’veux qu’on nous foute la paix,
J’veux mon sexe en liberté,
Qu’on délivre les abribus de nos corps photoshopés,

J’veux qu’à la belle saison,
J’veux qu’au premier rayon,
On désape la toile de ces régimes à la con.

J’veux de l’amour artisanal,
J’veux qu’il reprenne son festival,
Il n’est pas un produit qu’on présente en étal.

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