Et si c'était toi ?

Et si c'était toi ?

L'aube s'allonge sur une plage au sable grégaire et ce soleil, dévorant, me consacre reine des chaleurs. Idée folle de te repenser. Toi aux immenses secondes. Toi aux tempétueux désirs.

Aussi menteuse est la lune, aussi abrupte fut cette impensable fuite. T'aurais-je offensé de quelques propos tendancieux ? De quelques gestes malheureux. Pourtant, encore ton parfum m'attise de son silence accablant. Il me prend d'avoir si mal, que mon ventre fleurit à la pensée d'affolantes berces. Il ne demeure que les fugaces odeurs de la rose impétueuse, de la marée aux tourments, pilleuse de nos brunantes.

Ton souffle apaisait autant mes regrets que mes démons. Une à une s'effritèrent mes défenses. Le poids de la séduction me lésait de tout jugement. Dans les pastels de ta peau, je me perdais. Le vernis de tes yeux. Cette main-velours. Ce souffle-désir. Tes doigts adroits. Je devenais animal de nuit, cette autre enfuie, là, tout au fond.

D'albâtre ma raison s'égrène. Mon cœur saigne son amour et signe sa soif. Mais qui es-tu homme des sables chauds, aux quatrains sillonnant ma vertu, derniers murmures de mes drapés arrachés et lacérés ? Dans un frôlement de nuit, dans un instant figé, tu me dessinas femme, tu m'extirpas de l'antichambre des jouvencelles et je te goutai m'abreuvant à la fontaine de ta volupté.

Et si c'était toi qui se glissais en coulisse dans tous ces mots devenant rimes, qui se glissais telles de vaillantes cyprines dans cette autre devenant moi et toujours aussi langoureuse et vertueuse de ton offrande.

Câlinées, je me donne – car je sais qui tu es - et de tout je te pardonne au delà du mot et de sa rime.

Et si c'était toi : « l'autre »