Eveil

Un cri

Tu étais là soudain

Immobile et si pâle

Tes yeux qui regardaient sans voir

Et ta bouche

D'où s'enfuyait un souffle si ténu

Entre tes lèvres exsangues

Comme deux fleurs privées de vie

Nous étions cette forêt d'amour ébranlée par le séisme du silence

Nous avons crié

Crié à nous déchirer le cœur

Mais tu étais si loin

Privé du monde

Privé de nous et nous de toi

A guetter le moindre frémissement

Le plus léger frisson

Un signe enfin de toi

 Nous étions cette forêt d'amour ébranlée par le séisme de l'absence

De ton absence au monde

Cette paroi de verre

Où gisait ta souffrance

Au-delà du monde  au-delà de nous

De  nos mains impuissantes

De nos paroles sourdes

De notre amour

Vrillant l'espace de la chambre

Au-delà des mots

Au-delà de ce qu'on nomme désespoir

Au-delà de ce que peut contenir de douleur

Le cœur d'une mère

 Nous étions cette forêt d'amour ébranlée par le séisme du silence

Et le silence s'est tu

Nous avons guetté guetté

Le moindre souffle

Le moindre geste

Nous avons guetté ton regard

Emergeant des nuits profondes

Où nous t'avions tenu à bout de bras

Nageurs infatigables

Te hissant pas à pas

Jusqu'aux rives de la conscience

A la seule force de nos bras et de notre amour inlassable

Nous sommes cette forêt d'amour ébranlée par le séisme de l'éveil

Car tu es là

Et tu regardes et tu souris

Et déjà s'estompent dans tes yeux les traces de l'absence

Et déjà ce sont tes mots qui nous répondent

Et ta voix retrouvée

Et tu ne comprends pas

Tu ne peux pas comprendre

Ces larmes de joie

Qui t'inondent

Ce sont nos larmes de bonheur

Car nous sommes cette forêt d'amour ébranlée par le séisme de ton éveil