Georges le clown-né
arthur-roubignolle
Georges le clown-né
Depuis qu'il était petit, Georges voulait être clown. Il n'en démordait pas, et ses parents, devant cette obstination, s'inquiétaient, lui disant : « Voyons Georges, Clown n'est pas un métier sérieux, il vaut mieux être avocat ou chirurgien ! »
« Ou même pompier ! » Rajoutait le père, qui avait toujours rêvé en secret d'être pompier alors qu'il était employé à la préfecture.
Georges était malheureux de n'être pas pris au sérieux, et pourtant, il s'entraînait tous les jours à devenir clown.
A l'école, il faisait rire tous ses petits camarades, en imaginant des blagues, des farces, en racontant, en mimant des histoires...
A dix ans il avait déjà un public de fidèles qui se régalaient aux pitreries que Georges faisait dans la cour de récré...
Mais hélas, tout cela ne plaisait pas aux professeurs, et le directeur de l'école convoqua les parents de Georges et leur dit : « Votre enfant fait trop le clown, il distrait de leurs études ses petits camarades. Nous n'allons pas pouvoir le garder ! »
Les parents étaient désespérés.
Sur les conseils d'un grand-oncle qui était militaire, ils mirent Georges dans une pension, une école privée réputée pour sa sévérité et sa discipline...
« Des clowns, nous, on en a dressés plus d'un ! » Affirma le directeur devant les parents de Georges.
Ceux-ci partirent rassurés tout en laissant un gros chèque sur le bureau...
Mais Georges, qui pensait que le métier de Clown était un métier aussi sérieux qu'un autre, voir même beaucoup plus sérieux que certains comme douanier, ou colonel de gendarmerie, persévérait et continuait à s'entraîner à fond dans ce qu'il fallait bien appeler une véritable vocation...
Il étudiait les gags de Laurel et Hardy avec le même sérieux que ses petits camarades en mettaient à apprendre le théorème de Pythagore...
Georges grandit, connut plusieurs écoles, qui toutes, expulsèrent le petit clown en puissance...
Et c'est là que mon histoire commence à devenir triste...
A force d'être contrarié, pire que ça, saboté dans son envie d'être clown, Georges le clown-né devint morose, et peu à peu, il n'eut plus envie de faire rire les gens.
Il voyait bien que s'il continuait ainsi, il n'aurait aucune perspective d'avenir, et qu'il raterait sa vie...
Il perdit le goût d'amuser, et le monde devint pour lui une sinistre farce, il ne voyait autour de lui que des gens sérieux, ou qui s'efforçaient de l'être. La plupart passaient leur temps à essayer de convaincre les autres qu'ils étaient sérieux, plus sérieux que les autres, et que donc on pouvait leur confier des affaires, du travail, des responsabilités...
Et même les clowns eux aussi passaient leur temps à essayer de prouver qu'ils étaient des clowns sérieux, dignes de ce nom... dignes qu'on leur confient des spectacles...
Tout cela plongea Georges dans la tristesse...
Alors, Georges le Clown-né prit une grande décision, il s'engagea dans l'armée, et, à force de volonté devint un respectable colonel de division.
Ce qui fit très plaisir aux parents de Georges.
A noter que lorsque Georges eut lui-même un enfant, et qu'il lui demanda,: « Que veux-tu faire plus tard mon fils ? »
Et que celui-ci lui répondit : « Clown ! »
Georges se mit à pleurer...
L'excellence est en Roubignolle
· Il y a presque 9 ans ·Frédéric Baraer
bien !
· Il y a presque 9 ans ·white-hunter
Bravo ! Bis !
· Il y a presque 9 ans ·fionavanessa
Avant d'aller faire dodo, cela fait plaisir d'un bravo bis. Merci à toi, bonne nuit de la part d'un clown...
· Il y a presque 9 ans ·arthur-roubignolle
C'est drôle, ça me fait pas rire ;-) En tant qu'expert tu apprécieras le paradoxe de ma syntaxe...
· Il y a presque 9 ans ·Chris Toffans
C’est une sorte d’oxymore en quelque sorte, j'apprécie, j'apprécie...Merci Chris
· Il y a presque 9 ans ·arthur-roubignolle
C'est tooooooooop, he, bouffon ! Ton meilleur, en dehors du registre clownesque.
· Il y a presque 9 ans ·petisaintleu
Venant de ta part, ça me touche...Bon ceci dit, me traite plus de bouffon, sinon je débarque à la cité des astronautes moi...
· Il y a presque 9 ans ·arthur-roubignolle
oh merci pour ce clown triste ! Oui les clowns sont rarement gais, mais tendres et incollables quant il s'agit de nous apprendre la nature humaine...
· Il y a presque 9 ans ·fionavanessa
C'est finalement triste, ton histoire de clown !
· Il y a presque 9 ans ·« Le sixième jour, Dieu créa le Clown, Antonet, Pipo, Bario, Paul, Albert et François Fratellini, Little Walter, Footit et Chocolat, Grock... Le septième jour, il dut se reposer tellement il riait encore ! »
— Jean-Paul Farré, Le Clown, Cinquante-cinq dialogues au carré, L'Avant-scène théâtre, 2002
veroniquethery
Oui c'est triste, mais pour moi les clowns expriment à merveille tout le pathétique des relations humaines, Derrière le rire il y a toujours la tristesse, et derrière la tristesse, heureusement, le rire...
· Il y a presque 9 ans ·arthur-roubignolle
Oui, mais n'oublions pas aussi que derrière le masque du clown, il y a aussi ça !!!!! L'horrible psychopathe créé par Stephen King.... Brrrr
· Il y a presque 9 ans ·veroniquethery
Le clown a un coté inquiétant, puisque son rôle véritable est de révéler ce qui se cache dans l'inconscient humain, ce qui se dissimule derrière le "sérieux" des choses...Quant a Stephen King, maître de l'épouvante, il a fait beaucoup de mal à l'image du clown, les clowns sont par nature bienveillants et ne veulent nous montrer que le grotesque de nos attitudes, et que l'on en rigole...
· Il y a presque 9 ans ·arthur-roubignolle
Comme Spielberg a fait du mal aux requins ! Braves petites bêtes au fond de l'océan...
· Il y a presque 9 ans ·veroniquethery
Oui,moi c'est plutôt les dents de ma mère que je redoute...Les requins j'en ai même pas peur...
· Il y a presque 9 ans ·arthur-roubignolle
Et les dents des maires ? Pense aux impôts locaux !
· Il y a presque 9 ans ·veroniquethery
What else ?
· Il y a presque 9 ans ·Mario Pippo