Hermite à la campagne

Alors, que je fendais du bois de chauffe, je vois venir à moi, une grosse voiture noire et en descendre un couple mixte bien habillé, d'habits de la grande ville.

- Monsieur Lernervé ?

- Ca se dit. Qui lui veut du mal ?

- Que du bien ! Nous sommes venu apporter la parole de Dieu dans ce trou perdu en perdition.

- Vous pouvez, vous la rapporter, alors, elle ne me sert à rien, par ici.

- Elle vous réchaufferait !

-Trop tard ! Il fallait l'apporter plus tôt, je viens de rentrer cinq stères de bois pour l'hiver.

- Auriez-vous un coin de table pour en discuter sereinement au chaud.

- Non ! Je n'ai qu'une table ronde.

Je fis mine de continuer mon ouvrage. Mais les suceurs de bibles restaient plantés là, dans la boue de la cour, leurs belles chaussures maculées conception au goret.

Celle-là, il suffit de l'évoquer pour qu'elle rapplique. La truie pleine et souillée au sortir de sa souille. Elle est très familière, la truie et ils eurent beau essayer de l'éviter, elle se frotta à leurs jambes les enduisant de merde jusqu'à la ceinture.

- Attachez votre cochon !

- Il n'est pas méchant ! Et mon cochon est libre d'aller où il l'entend et vous, libre de repartir dans votre église où, il vous attend. Avant que je ne vous y aide avec deux coups de douze.

- Prenez au moins un de ces feuillets sur la parole de Jésus.

- Gardez vos arbres morts pour d'autres, plus pieux que moi.

Ce fut à ce moment que mon chien prit d'une envie subite, urina contre la jambe de la dame qui attendit sagement qu'il finisse avant de se plaindre. On ne contrarie pas Milou, un bâtard, mi loup, mi gale de cinquante kilos.

Ils finirent par remonter dans leur belle voiture dont le chien lacérait la peinture de ses griffes à présent.

Je ne les revis jamais. Dieu n'avait pas droit de cité, ici. De toute façon il se serait fait chier, il ne vient jamais, là, où des malheureux le prient dans toutes les langues du Monde pour les sauver de la barbarie sauvage des hommes.