Je me présente

rivale

J’ai chanté avant de parler : la chanson du Pont de la Rivière Kwai tandis que je coiffais ma poupée, mes jambes croisées : j’avais deux ans.

Je n’avais pas encore quatre ans et j’étais déjà à la grande école, chez les sœurs d’Emilie de Vialar à Tunis.

J’ai aimé ma mère comme jamais.

Cette enfant, c’est encore moi malgré les années civiles.

A dix ans, je voulais être interprète et je l’ai été.

Je voulais jouer du piano et je m’y suis mise à 27 ans quand j’ai pu m’en acheter un.

J’ai fait du théâtre pendant ma scolarité.

J’ai beaucoup aimé le cinéma, catégorie de Pariscope « drames psychologiques ».

J’ai connu mon premier orgasme à 15 ans. Je n’ai jamais été enceinte.

Je me suis mise à la photo en 1991.

J’ai aimé un homme de 38 ans mon aîné avec lequel je n’ai jamais couché.

J’ai aimé un autre homme de sept ans et demi mon cadet avec lequel je n’ai quasiment jamais couché.

Je suis, somme toute, une femme banale, inconnue, peut-être méconnue.

Je m’appelle Régine et j’ai 57 ans. J’ai souvent le regard crispé, anxieux. Nostalgique de l’insouciance de mes jeunes années. Vivant l’instant et souhaitant le calme et la paix. Je ne possède rien.

Je trouve la vie un peu longue et m’ennuie souvent. J’aime la lumière du jour et les vagues de la circulation.

Je suis bien peu coquette. Jamais maquillée, toujours impatiente d’écrire.

A l’absence de perspective

Succède l’arrivée d’un homme

Cet homme attaché qui vient

A l’improviste dans ta tête déboussolée

Survivras-tu ? Certes

Souffriras-tu ? Peut-être

Mais, dans ces étapes franchies et non surmontées

Tu voudrais le calme et la tranquillité

Si tu regardes trop, tu n’avances point

Va, accueille ce qui vient

Toi qui es la vie, n’aie crainte

Dans l’imprévu, dans l’inconnu

Ta peur finira par s’éteindre

Tu n’es pas une recluse

Tu es mouvance, parfois démence

Dans tes pourquoi, tu te meus

Ne te presse pas, aie foi en toi 

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