Je ne me sens pas très bien

Karine Géhin

Je ne sais pas ce que j'ai ce soir, je ne me sens pas très bien…

Tu es là, mon chéri, en face de moi, assis à ton bureau, et tu travailles sur ton ordinateur. Tu ne me regardes pas. Tu ne m'as pas regardé depuis plus d'une heure. Tu n'as même pas remarqué que je te fixe depuis une heure. Évidemment tu ne m'as pas parlé non plus. Tu n'as peut-être rien à dire. Ou simplement rien à me dire. Mais moi je ne me sens pas très bien.

J'aimerais que tu tournes la tête vers moi, que tu me souries et que tu me dises "viens".

Je me lèverais et je viendrais m'assoir sur tes genoux. Tes doigts enlaceraient les miens et tu me montrerais ce sur quoi tu travailles avec un air si concentré.

Peut-être poserais-tu une main au creux de mes reins, ou déposerais-tu un baiser sur ma nuque.

Je ne te parle pas de me couvrir de caresses, ni d'embrasser, lèvres humides les recoins secret de mon corps, encore moins de me faire l'amour dans une débauche de passion aussi enflammée qu'éphémère, non.

Je n'ai pas envie, je n'ai pas besoin de passion.

J'ai besoin de tendresse.

Une petite attention.

Juste une.

Lève la tête de cet ordinateur!

Mais tu travailles.

Et je ne me sens pas très bien…

Je ne sais pas ce que j'ai ce soir, je ne me sens pas très bien…

Tu es là, ma chérie, en face de moi, assise sur le canapé et tu regardes la télévision.

Du moins tu fais semblant. Parce que c'est moi que tu regardes depuis une heure…

Tu crois que je ne te vois pas, mais je n'ai rien manqué de ton petit manège.

Je n'arrive pas à me concentrer sur mon travail, tu me perturbes. Je ne sais pas ce que tu veux. Je ne sais pas ce que tu attends de moi.

Mais je sais ce que moi, je souhaiterais.

Tu te lèverais et tu viendrais t'assoir sur mes genoux, tu me demanderais sur quoi je travaille, un bras enroulé autour de ma taille.

Peut-être replacerais-tu cette petite mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille, ou déposerais-tu un baiser sur le coin de ma bouche.

Je ne te parle pas de me couvrir de caresses, ni d'embrasser, lèvres humides les recoins sensibles de mon corps, encore moins de me faire l'amour dans une débauche de passion aussi enflammée qu'éphémère, non.

Je n'ai pas envie, je n'ai pas besoin de passion.

J'ai besoin de tendresse.

J'ai besoin de toi.

Mais tu me regardes, et je ne sais pas pourquoi.

Et je ne me sens pas très bien…

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