J'y ai brûlé mes ailes

J’y ai perdu des plumes parce qu’ils auraient dû le dire. Les choses auraient été si simples si j’avais su que je ne savais rien .Mais je suis si déçue, je ne serai pas un ange, pas un démon, je serai …rien. Je serai le néant ! Voilà, voilà ! Et je fais quoi maintenant ? Parce qu’il faut que j’explique, depuis que je suis toute petite, j’entends les grands qui me disent que si je suis gentille j’irai au paradis, et si je suis très très gentille je serai un ange. Alors je gagne chaque jour les plumes de mes ailes. Je suis une gentille fille parce que l’on m’a dit que Dieu me regardait. et que lui seul déciderait . Et si je suis méchante ? il le voit. Son index pointé sur moi (comme sur la peinture). Et si je désobéis?  il n’y a qu’une punition : la punition divine. Alors ? Je n’ai pas bougé, pas par manque d’envie, non, juste par peur. Je n’ai pas envie de bruler en enfer, il parait que ça fait mal…il faut du temps pour bruler ses pêchers. On a tous quelque chose à cacher. J’espère qu’il n’a pas tout vu, mais je les veux tellement ces ailes. 

Mais patatrac ! J’ai ouvert le livre, j’ai lu, tout ça est compliqué ! Puis je l’ai vu ce paragraphe dans la Genèse. Apres la mort pas de paradis, ni d’enfer…le corps et l’esprit meurent. Et nous ne  ressusciterons que lorsque la terre redeviendra paradis. C'est pas gagné ! Mais je croyais que je retrouverai les gens que j’aime, que nos esprits s’aimeraient encore, que je reverrai ceux que j’ai perdu. Il y a donc personne qui veille sur ce monde ? On me dit non, mais pourquoi j’ai été sage ? Pourquoi je n’ai rien dit ? Je m'accrochais au fil de ne perdre personne.

Moi, j’étais prête à signer le pacte  mais si je dois attendre que la terre devienne un paradis, autant vivre dans cet enfer d’aujourd’hui. J’ai décroché mes ailes, j’ai jeté toutes les plumes. Je me sens orpheline de mes rêves trop hauts. Certaines libertés sont difficiles d’accès. Je ne suis que poussière rien de plus, je n’aurai pas de paradis, pas d’enfer non plus. Il faut arrêter de croire aux histoires des grands ! J’ai rattrapé une plume…pour écrire quelques mots !