La faute "aux" mères
divina-bonitas
J'écris cette chronique pour dénoncer ce qui m'apparait comme une injustice totale: la faute des mères dès qu'on évoque les enfants.
Un enfant travaille mal à l'école, fait des bêtises, des caprices, s'oublie dans son pantalon ou mord ses camarades, on attend la mère le soir à la sortie, poings sur les hanches et air furibard; un enfant qui apprend à marcher a des bleus au corps, le médecin demande à la mère si elle le violente; un homme abuse de son enfant, on accuse la mère de n'avoir rien vu et rien fait; un enfant est malade, c'est sûrement parce que la mère ne l'a pas assez couvert; un gosse oublie son pique-nique le jour de la sortie scolaire et c'est encore parce que la mère n'a pas veillé à ce qu'il le prenne...ou pire...elle ne l'a peut-être même pas préparé! Si la mère consulte un psy pour essayer de comprendre ce qui ne va pas, pourquoi l'enfant ne parle pas, est jaloux du petit dernier, refuse de manger, a peur du toboggan...autant dire que beaucoup la regardent de travers. Je me souviens de ce pédiatre fort réputé m'ayant dit que si mon bébé-fille ne prenait pas de poids, c'était parce que mon lait n'était pas bon et nourrissant. Bonjour la culpabilité! Après deux mois de détresse croissante, de larmes et de nuits blanches, un autre médecin me dit que l'estomac de ma fille mal fermé était la cause du mal, que je n'y étais pour rien.
Je me souviens aussi de cette adolescente qui se scarifiait en 4°. Ayant alerté la principale du collège, celle-ci me dit avoir convoqué la mère. Et pourquoi pas le père?!
Il y a peu je sursautai en visionnant une vidéo sur le net. Un éminent pédopsychiatre évoquait les attachements "insécures", expliquant les désordres sur la psyché des enfants n'ayant pas eu un lien ad hoc avec la figure d'attachement, souvent la mère.
Je finis par me demander:
1) si les femmes comme la Vierge font des enfants toutes seules?
2) à quoi sert d'accabler les mères?
3) doit-on chaque fois qu'on accouche prévoir un seau de cendres au cas où pour s'en couvrir la tête ensuite?
Ce spécialiste et auteur explique que la mère peut n'avoir pas été heureuse au moment de la grossesse ou de la petite enfance pour X raisons, en oubliant à mon sens d'évoquer une réalité sociale et économique contribuant largement à mon sens à contrevenir parfois à ce lien si nécessaire entre la mère et l'enfant.
Beaucoup de femmes sont contraintes de travailler, certaines -chefs d'entreprises, professions libérales, artisans ou commerçantes - n'ont pas toujours les moyens de fermer boutique le temps d'un congé nécessaire, d'autant que depuis 1999, les maigres indemnités maternités allouées aux travailleuses indépendantes sont versées sur leur compte bancaire personnel, taxées sur le foyer fiscal, alors que l'argent sert généralement à payer les frais de l'entreprise le temps qu'elles s'occupent de leur bébé. Selon le taux d'imposition du foyer, autant dire qu'il vaut mieux ne pas demander ces indemnités. Certains grossesses rapportent de l'argent à l'État!
D'autres reprennent le boulot angoissées parce que le mode de garde de leur bout-chou leur colle des brûlures d'estomac. L'inégalité en la matière règne en maitre sur le territoire. Je me souviens avoir rencontré des femmes ayant réservé une place en crèche avant même d'être enceintes. J'ai arrêté de travailler à la naissance de ma fille faute de trouver un mode de garde ad hoc. La crèche était complète. Les gardiennes d'immeubles parisiens me proposaient de la prendre en plus des X gamins qu'elles gardaient dans des loges microscopiques, certains en conformité avec la loi et d'autres "sous le manteau". Une de mes voisines faisait garder sa fratrie de 3 dont un bébé par une petite jeune fille immigrée, jusqu'au jour où un des jumeaux âgé de 4 ans enferma son frère sur un minuscule bout de balcon au 5° étage. Je découvris ensuite comment la situation en zone rurale n'était pas meilleure. Aucune nourrice ne voulait garder les enfants après 18h, d'autres avaient des exigences ahurissantes en termes de petits pots, couches, jeux, horaires, siestes...étaient bourrées de principes éducatifs pas du tout démocratiques et contraires aux miens: "Chez moi les enfants mangent toute leur assiette! Et ils dorment de 13h à 15h! La pâte à modeler ça salit. Ils doivent avoir une tétine...pas de doudous en peluche à cause des acariens...".
La maternelle n'acceptait pas les enfants de moins de 3 ans à temps complet et n'avait pas de garderie après 16h30. Travaillant de 12 à 20h, mes enfants n'allèrent pas à la maternelle l'après-midi. Notre jeune fille au pair n'avait pas le permis et je refusais qu'elle fasse les trajets avec les enfants au bord de la départementale, classée la plus mortelle du canton il y a encore 5 ans. Il faut voir ce que j'ai entendu sur les lacunes qu'ils auraient plus tard! Je garde un souvenir atroce de cette période. Dès que je suis grand-mère, je ferai tout pour m'occuper de mes petits-enfants afin d'éviter ces inquiétudes et dilemmes à mes enfants et beaux-enfants.
C'est un autre point. Notre société dans laquelle les grands-parents sont obligés de travailler longtemps et souvent loin de leurs enfants, a fait disparaitre du même coup les avantages de vie du mode tribal.
Le suivant est que dans une société où il faut afficher un "je vais bien tout va bien", les femmes qui font une dépression post-partum sont encore trop souvent considérées comme des incapables, des mauvaises mères, des inaptes, limite des matricides.
Quant à celles qui sont malades parfois gravement alors que les enfants sont tous petits, qui les aide? Est-ce que ces femmes peuvent toujours compter sur des proches? Non. Qui s'en assure? Est-ce que ces femmes ont toujours les moyens financiers de se faire aider? Pas plus. Qui s'en soucie? Combien de mamans vont demander de l'aide? A qui? Je ne dirai rien sur les services sociaux pour les avoir fréquentés de près en tant que responsable d'une association venant en aide aux familles et en tant que mère et tante. Je garde le souvenir cruel d'une nièce qui perdit la garde de sa petite fille, l'A.S s'étant fait embobinée par un père pervers narcissique. 10 ans de malheur avant que la pauvrette demande officiellement à pouvoir vivre avec sa maman. Et de cet autre drame, celui d'une maman ayant mis fin à ses jours en se jetant sous un train après avoir laissé un mot d'amour à ses fillettes. L'A.S en charge de la famille était absente depuis des mois pour congé maternité et pas remplacée.
Alors aidons les mamans au lieu de leur jeter l'opprobre! Soutenir et aider les mamans et les papas en difficulté, c'est bien souvent contribuer à ce qu'un lien sécure avec l'enfant se rétablisse rapidement. Et c'est en grande partie une affaire qui nous concerne tous...mais dont vous constaterez qu'elle ne fait pas la une des médias ni des programmes des partis politiques. Au mieux des reportages épisodiques découpent la problématique en rondelles.
Bien dit!!! Bien écrit kissous
· Il y a plus de 8 ans ·vividecateri
Merci Viviane...ou Vivi Rénier Sonneville...musical patronyme.
· Il y a plus de 8 ans ·divina-bonitas
kissous
· Il y a plus de 8 ans ·vividecateri
Je trouve que le texte est bien écrit et que de rejeter la faute à chaque fois sur la mère ce n'est pas l'aider comme vous l'avez énoncé dans votre texte ; je me suis retrouvée à travers vos paroles car moi aussi je suis maman de trois petits bouts tout ce passé bien j'étais heureuse suite au remarque de beaucoup de Personnes j'ai perdu petit à petit confiance en moi avec mon deuxième qui est tombé gravement malade à l'âge de 5 mois d'un cancer infantile rare je ne pensée pas à faire un troisième mais la nature a pensée autrement et je lui en suis reconnaissante aujourd'hui car j'ai pu connaître le bonheur de nouveau et être moins focaliser sur la maladie de mon enfant malade. Mais quand jai entendu mais "elle folle un troisième enfant " où elle va "le mettre sur sa tête " j'en ai beaucoup souffert et il ont réussi à me faire douter de moi ! Aujourd'hui c'est fini je ne laisserai plus personne me dire ce que J'ai à faire et combien d'enfants je devrais avoir ! Car aujourd'hui je n'ai eu besoin de personne pour m'en sortir à part papa ! Et mes places en crèches !
· Il y a plus de 8 ans ·Noura Bellissima
Comme je vous comprends! Merci d'avoir lu et commenté ce texte. je vous souhaite beaucoup de bonheur à vous, vos enfants et leur papa.
· Il y a plus de 8 ans ·divina-bonitas
Merci beaucoup je me suis retrouvée à travers votre texte.
· Il y a plus de 8 ans ·Noura Bellissima
Astrov m'a fait partager votre texte, qui a vien des niveau m'interpelle car je suis mère de trois enfants en bas âge... Et j'en entend des choses. Le truc qui me titille un tantinet est le rejet de dire que les parents ne sont pas responsable de ce que font leurs enfants, ou ce qu'ils sont. C'est vrai ce que vous dites, je nuancerai peut être plus mes propos. Qu'on le veuille ou non, on transmet des bagages, on est responsable mais pas coupable. Et surtout, il y a d,autres facteurs qui nuancent cette responsabilité. Texte bien écrit, véritable cri du coeur, bravo.
· Il y a plus de 8 ans ·esprit-vagabond
Alors merci à Astrov et à vous d'avoir lu et commenté ce texte.
· Il y a plus de 8 ans ·Je ne dis pas -ou bien je me suis mal exprimée - et ne pense pas que les parents ne sont pas responsables - ils doivent l'être - mais la culpabilité est une autre chose.
Je ne suis pas sûre que la culpabilité projetée par d'autres soit une aide à la responsabilisation. Ce serait même le contraire pour des parents qui la ressentent déjà. Le risque à mon sens en ajoutant de la culpabilité est d'accroître les tensions familiales, de pousser les parents dans des positions retranchées ou à l'inverse de les amener à jeter l'éponge.
Concernant les "bagages", en tant qu'astrologue moderne et humaniste (pas voyante), je pense qu'il n'y a pas de fatalité à les transmettre. Se débarrasser de ses "vieilles malles" en tant que parent est souvent un grand soulagement même inconscient pour les enfants. mais je sais qu'il y a encore beaucoup de travail pédagogique à faire concernant l'astrologie qui est souvent confondue avec la voyance, les prédictions des mages, la fatalité, le déterminisme, les boules de cristal...
C'est chouette d'avoir 3 bout'choux!
divina-bonitas
J'étudie le bazi qui est l'astrologie chinoise mais comme vous le dites si bien, rien à voir avec les boules de cristal...lol. La dimension humaine est un mystère qui me passionne.
· Il y a plus de 8 ans ·esprit-vagabond
Génial! A faire connaître aussi l'astrologie chinoise!
· Il y a plus de 8 ans ·divina-bonitas
Travaillant en pédopsychiatrie, la culpabilisation des mères n'est plus à l'ordre du jour.... il y a même des papas qui accompagnent les enfant... mais ce n'est pas toujours le cas ailleurs, comme à l'école, en fait, ce sont encore souvent les mères qui sont stigmatisées, et culpabilisées si le travail prend trop de temps... même si quelques papas, prennent parfois un congé parental...
· Il y a plus de 8 ans ·Maud Garnier
Peut-être que là où vous travaillez - en CHU?-, les pères sont présents, mais j'ai peur que ce ne soit pas le cas partout en France, en particulier dans le secteur privé. Malheureusement!
· Il y a plus de 8 ans ·Ah! L'école! Vaste sujet...
divina-bonitas
J'ai travaillé 20 ans en CHU, maintenant pour l'hôpital du Vinatier en extra hospitalier...
· Il y a plus de 8 ans ·Maud Garnier
Donc nous sommes voisines. Je serais très intéressée de mieux connaître votre façon de travailler afin de pouvoir vous adresser des jeunes et leurs parents si vous exercer en libéral. Je travaille en réseau avec de nombreux psy et professionnels du secteur médical mais il est souvent difficile de trouver des professionnels hors secteur hospitalier, disponibles rapidement, qui savent bien s'y prendre/poser un diagnostic avec les plus jeunes et ceux qui les accompagnent.
· Il y a plus de 8 ans ·divina-bonitas
On peut travailler en pédopsychiatrie sans être thérapeute... je travaille pour l'Hôpital public, nous avons une file active de plus de 400 enfants, et 200 demandes qui attendent une première consultation... comment faire plus avec 12 personnes qui ne travaillent pas à temps plein sur le CMP ? nous nous contentons de gérer les "urgences"... TS des ados ou cas de maltraitance avérés....... il faudrait pouvoir être plus.... mais pour tous départs à la retraite les postes sont supprimés et tous les arrêts maladie qui explosent en ce moment ne sont pas remplacés.... impossibilité pour les patients de trouver des places en libéral et surtout de pouvoir payer...
· Il y a plus de 8 ans ·Maud Garnier
C'est bien le problème...ce manque de moyens relatif aux soins psycho-thérapeutiques et le coût des consultations dans le privé non remboursées et pas toujours adaptées aux jeunes.
· Il y a plus de 8 ans ·Dommage que les astrologues (pas les voyants) soient aussi mal considérés par le corps médical (et pas que...). On pourrait vous aider! Pas à soigner mais à gagner du temps sur l'origine de "là où ça fait mal et pourquoi".
Bon courage!
divina-bonitas
merci !
· Il y a plus de 8 ans ·moi je ne suis pas du tout fermée à l'astrologie, au contraire !.... ;-)
Maud Garnier
Chouette alors! Je ne faisais pas cette remarque pour vous en particulier. J'apprécie beaucoup que vous soyez ouverte à l'astrologie. Il y a un certain nombres de gens qui haussent les sourcils en trouvant cette approche peu rationnelle. Je vous invite à aller voir mon blog "la Boussole Astrologique".
· Il y a plus de 8 ans ·Bonne journée!
divina-bonitas
ok j'irais voir :-)
· Il y a plus de 8 ans ·Maud Garnier
Fort bien vu!
· Il y a plus de 8 ans ·menestrel75
Merci...
· Il y a plus de 8 ans ·divina-bonitas
Chronique très vraie et juste, Eh... Dans les médias, c'est pas vendeur le Social Maternel ! Sauf, comme vous le dites, en reportages isolés qui font pleurer un petit peu, et on passe.
· Il y a plus de 8 ans ·astrov
Merci pour le lien
· Il y a plus de 8 ans ·menestrel75
Merci Astrov. Comme vous le dites, le social maternel ne fait pas recette! Pas assez spectaculaire!
· Il y a plus de 8 ans ·divina-bonitas