La fille aux papillons

La fille au papillon. Tel était son surnom. Elle était discrète et calme. C'était son caractère qui lui valait ce surnom mais pas que. Dans le petit village où elle vivait avec sa mère, bien des rumeurs couraient sur elle. Iris, la sorcière. Iris, la folle. Non, Iris n'était pas folle, elle était juste différente. Mais la logique de ce village ne fonctionnait pas comme ça. Qui ne pensait pas comme eux était considéré comme idiot ou fou. Iris pensait différemment, Iris pensait nouveau. Elle ne voulait pas suivre les autres et leurs jeux idiots. Elle ne se moquait jamais des gens. Elle ne parlait jamais sur les gens. Elle n'était pas médisante, comme la plupart des personnes - enfants comme adulte - du village. Non, Iris parlait avec bonté et spontanéité. Mais ça, personne, ne l'en félicitait.

Sauf sa mère. Sa mère si belle et si douce. Si calme et si gracieuse. Le genre de femme qui s'habille avec simplicité et goût. Celles qui rêvent et qui écrivent des poèmes le soir. Son travail ? Elle n'en a pas. Elle vit au jour le jour et gagne sa paie avec des petits boulots. Elle est de celle qui laisse ses longs cheveux roux voler au vent. Roux. Pas blonds vénitiens, roux. N'importe quel poète aurait dit  "Roux comme le renard qui gambade dans la forêt. Roux comme l'orange qu'Iris boit directement en laissant abondamment couler le jus sucré de l'agrume sur ses joues rosées. Roux comme le crépuscule." Pas les habitants du village. Eux, considérait la mère et la fille comme deux rousse comme des sorcière.  Cruels et sans pitié.

La logique implacable du lieu où elle habitait lui avait valu bien des tourments. On disait que la nuit, elle sortait pour aller danser avec les sorcières. On disait qu'elle allait dans le Lac des êtres de l'autre monde tous les soirs à minuit. On disait, aussi et surtout, on disait que dans la forêt, elle ensorcelait les papillons. En réalité, la jeune fille était bien au chaud dans son son lit à écouter les bruits paisibles de la nature. Elle pensait doucement à ses journées du lendemain. Pensait à ses jeux avec Roucky, le renard qu'elle a apprivoiser. C'est la seule fille du village qui en avait le pouvoir. La seule fille qui qui avait l'honnêteté, l'amour et la douceur envers les animaux.  Mais pourquoi ? Pourquoi tous ces ragots ? La jalousie, tous simplement. La jalousie pure. Celle qui détruit l'amour et qui brise les amitié. La jalousie qui tue. La jalousie qui détruit. Iris est belle. Iris est intelligente. Iris est gentille. Iris a tout pour réussir. Pour avoir une vie brillante et heureuse. Mais eux, ils veulent la démolir, l'anéantir, la briser. Ils veulent juste détruire son sourire si persistant et sa joie de vivre brûlante dans ses yeux.
Ils veulent la détruire, elle. Mais elle veut juste leur apprendre à vivre, à eux.