La grange aux Louves.

lyselotte

Le temps ne passe pas !

Tous ces jours sans se voir, se parler, se toucher.

Ces jours sans son regard, sans sa voix, son parfum.

Le temps s'est arrêté, tout est figé et gris.

Le soleil si présent ne le réchauffe plus, les couleurs de l'été ne charment plus ses yeux.

Et sa peau se languit de son absence à elle.

Ses mains sont inutiles qui ne touchent que froid. Sa bouche est comme morte qui ne mange que fade. Son nez ne sert à rien qu'à porter ses lunettes.

Il est si vide d'elle que personne n'existe.

Le sourire des vivants ne l'effleure qu'à peine.

D'ailleurs les vivants même ne sont que des fantômes, des êtres transparents qui glissent sur sa vie, n'y laissant nulle trace, nulle joie, nulle envie.

Et puis, voilà sa lettre qui arrive ce jour, son parfum de muguet l'atteint comme une flèche…

Et puis voilà sa lettre, il respire, il re-vit, son corps reprend substance, c'est sa vie, son amour ! -


"Retrouvons-nous ce soir, près de la Grange aux Louves, j'ai tellement faim de toi, je ne peux plus attendre !!!"


Juste ces quelques mots et enfin, il respire !

Son cœur, tel une pompe accélère son sang.

Ses doigts miment déjà les gestes qu'il va faire…. tout d'abord, ses cheveux qu'il va dénouer, cherchant l'odeur de fleurs dont ils sont imprégnés…

ses mains sous sa mâchoire, pour mieux manger ses lèvres….

Non, il faut qu'il arrête ! Il est au boulot là, sa secrétaire le guette.

Et le temps continue à tirer sa longueur… les secondes sont heures qu'il traîne comme un boulet.

La pendule !!! Mais bon sang, n'est-elle pas arrêté ?

Non, çà y est, l'heure de la liberté !

Vite, il faut qu'il fasse vite. Il quitte son boulot sans même dire au-revoir, regagne son appart', marches happées, porte claquée…. vite………

Une douche rapide, une chemise propre, pantalon de lin fin, cheveux peignés aux doigts. Il ne se rase pas, elle aime quand çà pique ! Porte re-claquée, escaliers dévalés.

S'extirper de la ville lui semble interminable ! Les feux se sont ligués pour virer à l'écarlate dès qu'il pointe son nez ! Et ces piétons qui traversent… sur les clous, sans se presser, en plus !!

Enfin...

La fin du calvaire

Chemins de campagne

vite….

Ces virages sans fin, des champs de blé partout, parsemés de bleuets ; qu'importent les bleuets, vite !!!! Coup de frein et arrêt.

La Grange aux Louves est là ! Respiration puissante pour calmer son émoi, ses mains tremblent un peu, il bande fort, déjà.

Entourée de blé mur, la ruine de bâtisse dresse ses pierres.

La porte dégondée laisse entrer le soleil. Il s'avance et l'appelle, mais elle ne répond pas !

Un pas de plus encore et il entre dans l'ombre ! Pas de mots échangés, regards juste fondus.

Et puis tout disparait, ne restent que leurs corps, leurs corps qui se retrouvent et qui souffrent d'attendre.

Les langues s'enroulent, les dents se heurtent, les doigts arrachent le tissu.

Debout, l'un contre l'autre, leurs peaux se redécouvrent, leurs haleines se mêlent.

D'un mouvement de reins il la soulève, l'appuie contre le foin, la prend d'un seul élan, elle est tellement mouillée. Elle hurle de plaisir, dos cambré, toute ouverte.

Ses bras autour du cou l'encerclent et le retiennent.

Il martèle son corps à grands coups de boutoir, sa queue comme un épieu s'enfonce plus profond.

Ils avaient juste envie de ne faire plus qu'un. Leurs bouches chavirées se dévorent…

leurs sexes sont soudés.

Ils luttent plus qu'ils s'aiment tant le manque de l'autre a attisé leur faim !

Un coup de rein encore, il la sent se raidir.

Ses cuisses deviennent étau et ses bras le garrottent.

Un coup de rein encore et la voilà qui coule, fontaine, source délirante, la tête naviguant d'une épaule à l'autre. Un coup de rein encore et le voilà qui tremble, raidi comme un rocher il expulse sa hargne, son manque d'elle profond qui l'a fait tant souffrir.

Il jouit et il la blesse, des "hans "de bûcheron s'échappent de sa gorge, il a mal et il jouit, c'est délicieux et dur.

Ils retombent tous deux, sur cette terre des hommes, le corps trempé de sueur, le cœur battant trop fort.


Comment ont-ils pu se passer l'un de l'autre si longtemps ?

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