La mia Mercedes Benz.

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Durant la Grande Guerre, mon grand-père exerçait le métier de « Coquetier ». Il allait de ferme en ferme, collecter les œufs qu'il déposait en vrac dans une caisse où les attendait un peu de paille. Ce lit de paille atténuait quelque peu les risques de casse que pouvaient provoquer les pavés des cours, mais se révélait souvent insuffisant face « aux nids de poules » des routes à cheval. En rentrant chez lui, sa femme faisait plus d'omelettes Norvégiennes que préparer des mouillettes pour en faire à la coque.

Moi, son petit-fils, j'essaye de perpétuer la tradition, au devant de la petite guerre commerciale qui veut que tout soit bien frais et pas fêlé quand ça arrive à la maison, en raccourcissant les étapes de production, en convoyant les poules à même la banquette-lit de ma Mercedes pour les livrer en direct aux particuliers. C'est pas le même service, mais ça a le mérite d'être clair et d'exister !

- Allo la SPP2S ( Société des petites Poules des 2 Savoies) ?

- Oui, Philippe à votre écoute !

- Voilà... vous m'avez livré hier 3 poules... une Capverdienne, et deux italiennes... Bon Dieu qu'elles sont belles...

- Oui et alors ?

- Ben rien ! Il se passe rien !

- C'est normal ! Il leur faut un petit temps d'adaptation ! Vous avez mis de la paille, comme il est écrit sur le prospectus ?

- Ben non ! Je les ai mises dans mon lit ! C'est quand même mieux que sur de la paille !

- Ah ben c'est normal... ça peut pas marcher dans un lit !

- Ah bon ?

- Faut un petit nid douillet avec que de la paille !

- Mais mon lit il est douillet !

- Oui peut-être... mais vous avez pas la paille !

- Mais où je peux en trouver d'la paille ?

- Au rayon d'un Leclerc à côté des sodas !

- Ah ! Merci !

- De rien, bonne journée !


Mon grand-père disait toujours: - Si t'en a trois, et que tu vois qu'il y'en a une qui s'échappe, tu fermes vite la porte pour qu'il t'en reste au moins deux !

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