La petite bille bleue

floriane

Contenu adulte

-Dites-moi exactement les raisons de votre présence ici, Monsieur Riley.

Je suis installé sur un fauteuil marron, tout à fait confortable je dois bien l'avouer. Parfait pour se mettre en condition… rencontrer une sexologue n'est pas vraiment une partie de plaisir. Je triture mes doigts, mal à l'aise.

-Je suis marié depuis dix ans.

Je n'en dis pas davantage. Ma sexologue, assise en face de moi dans un fauteuil semblable au mien, si ce n'est la différence de couleur, lève un sourcil.

-Je vous ai demandé TOUTES les raisons, me presse-t-elle doucement. Être marié depuis une décennie n'en ai pas une suffisante pour consulter, si ?

-Ma femme trouve que nos…ébats(je crois que je rougis), manquent de passion. Pour être franc, elle les compare à un plat fade, sans piments.

-Vous l'approuvez ?

-Oui.

-Vous avez décidé de consulter de votre plein gré ?

- Ma femme m'a convaincu.

-Bien.

Elle annote quelque chose sur son petit cahier d'écolier. J'imagine sans mal le style de commentaire : « Luc Riley, 35 ans, marié depuis 10 ans, en panne sexuellement parlant.

-Quelle est la fréquence de vos relations intimes ?

-Environ 3 fois par semaine.

Elle hoche la tête ; ce qui a pour effet de libérer une mèche de son chignon parfaitement érigé. Voilà que j'ai soudain envie de la lui remettre derrière l'oreille. Je rougis encore.

-Comment se « déroulent » vos relations ?

-Eh bien, je…nous prenons notre temps. Marie aime beaucoup les préliminaires.

-Quels genres de préliminaires ?

Ça devient vraiment trop intime. Je baisse un peu les yeux, de plus en plus embarrassé.

-Bisous, câlins, caresses, et tout ça quoi !

-Hum, hum... vous savez, il n'y a aucune règle aux jeux sexuels, croit-elle bon de m'expliquer. Il n'y a pas que les caresses et les bisous.

-Où voulez-vous en venir ?

-Eh bien, vous pouvez utiliser des accessoires, par exemple.

-Des sextoys ? Non merci.

-Qui a parlé de sextoys ? elle marivaude en se levant de son fauteuil, offrant ainsi à ma vue le spectacle magnifique de ses longues jambes. Sublimes !

-Que voulez-vous dire, alors ?

Elle contourne son bureau en acajou pour s'approcher de moi. Elle se penche pour poser ses mains sur les accoudoirs. Onctueusement, sensuellement, elle se rapproche encore. Un parfum de vanille flotte. Son visage est tellement proche du mien que je peux sans problème compter chaque petite tache de rousseur. Et il me suffit de dévier un peu mon regard vers le Sud pour m'attarder sur son décolleté. J'ai soudain envie d'enlever un à un les boutons de son chemisier blanc, juste pour découvrir ses seins. Irai-je jusqu'à les toucher ? Les lécher ? Mon Dieu ! L'image de Marie, ma femme, fait barrage à mon excitation fulgurante.

Ma sexologue sexy finit par me sourire, sans doute consciente de l'effet qu'elle a sur moi. Elle retourne vers son bureau, d'une démarche féline, me laissant ainsi tout le loisir de calmer ma respiration saccadée. Elle pose une fesse sur le coin droit de son bureau, puis croise ses jambes, délicatement. Des gambettes mises en valeur par sa jupe noire, courte à souhait. Ma langue passe sur ma lèvre supérieure. Sans le vouloir, j'imagine sans mal le dessin, l'odeur, la forme de sa fleur féminine dissimulée dans l'ombre de son entrecuisse. J'avale ma salive.

-Regardez autour de vous, Monsieur Riley.

Je tourne ma tête de gauche à droite, sans vraiment prêter attention au décor.

-Plus attentivement, me conseille-t-elle d'une voix douce. Si je vous demandais de me faire l'amour, là, maintenant, comment procéderiez-vous ?

Oh la la, dans quelle affaire me suis-je fourré ? Toutes les sexologues se comportent-elle d'une façon si… directe ? Elle s'implique personnellement dans les problèmes de ses patients ; ce qui n'est pas pour me déplaire.

-Répondez à ma question, Monsieur Riley.

Son intonation s'est durcie. Elle devient autoritaire. Elle veut une réponse, maintenant.

-Eh bien, je vous rejoindrais et dénouerais sans douceur votre chignon. Une fois vos cheveux libres dans votre dos, je tirerais dessus sans pitié pour faire basculer votre visage en arrière. Je lécherais, embrasserais de ma bouche votre cou offert, je mordillerais vos…

-Hum,hum… Montrez-moi !

-Ma femme…

-Je suis soumise au secret professionnel, Monsieur Riley, me coupe-t-elle. Et…je peux me soumettre dans des tas d'autres domaines, si vous voyez ce que je veux dire…

Je rêve où elle m'invite littéralement à lui faire l'amour, là, dans ce petit bureau intime ? Et vous savez quoi ? Je suis un salaud de première ! Je constate que je n'ai pas la moindre envie de refuser. Je suis totalement excité ! Totalement à elle ! Totalement à l'étroit dans mon boxer ! 

Sans plus de retenues, je bondis du fauteuil, lui écarte les cuisses d'un geste vif et me blottis à l'intérieur. Comme convenu, je lui ôte sans tendresse son chignon, fais basculer sa tête et mords avidement la peau vanillée de son cou. Elle soupire…ça m'excite.

Sachant notre rendez-vous limité dans le temps, je décide de ne pas trop m'attarder si haut. J'en veux plus. Je descends d'un étage. Je déboutonne rapidement son chemisier et découvre ses seins tendus dans l'écrin sombre de son soutien-gorge. Je le décroche, avide de ses bourgeons prêts à éclore. Pour moi. De mes doigts, je les affole, les titille. Mon désir fait des cabrioles. Je les goûte de ma langue, de ma bouche, soudain affamé. Elle geint de plaisir cette petite dame ! Sûr qu'elle modifiera ses annotations sur son petit cahier d'écolier !  Pour l'heure, elle remue ses hanches contre mon sexe fier, dressé, encore emprisonné dans le tissu de mon boxer. Coquine. Divine.

Répondant à sa supplique dissimulée dans sa danse corporelle, je l'allonge et l'attire à moi. Je relève sa jupe. Sa petite culotte disparaît rapidement dans un coin de la pièce, après l'avoir faite glissée le long de ses jambes. Je passe un doigt, puis deux, le long de sa fente tiède. C'est humide de promesses !

-Ah ! elle gémit, en se passant une langue bien rose sur ses lèvres, devenues muettes de questions. Je fais glisser mon jean et mon sous-vêtement jusqu'à mes pieds. À l'instant même où mon gland s'apprête à se frayer un chemin dans les profondeurs de sa sensualité, elle m'arrête.

-Stop ! Vous n'avez pas regardé autour de vous, soupire-t-elle, d'une voix pleine  de reproches. L'élève rabroué par son professeur…

Elle tend le bras pour attraper quelque chose sur son bureau.  Une bille ?! Elle la tient délicatement entre son pouce et son index, avant de la faire rouler.  Quelles sont ses intentions ?

Œillade lascive à l'appui, elle la dépose délicatement dans le creux de son nombril.

-Faites-moi l'amour, Monsieur Riley… sans faire tomber cette petite bille.

Ah ! Moi qui pensais lui faire tout ça bestialement, je me suis lourdement fourvoyé. Il va falloir faire preuve d'une grande dextérité, d'une grande douceur. Concentration maximum !

Enfin, je la pénètre doucement, les yeux rivés sur la bille bleue, nichée dans l'orifice de son petit ventre. Impossible de me montrer puissant, elle risquerait de tomber. Alors, je donne à mes coups de reins une lenteur contrôlée ; une lenteur extrêmement délicieuse. Je sens, je ressens tout. Toute la chaleur, toute la douceur, toute l'humidité autour de mon sexe. Et je vois. Tout. Je vois nos corps emmêlés, soudés, s'entrechoquer, fusionner.

J'ai un mal fou à me contenir. Trop de sensations extrêmes, trop de frissons, trop de retenues, trop  d'attente… et ces seins qui se balancent dans un imperceptible mouvement. J'ai envie de rugir, rougir, jouir ! J'ai envie d'accélérer la cadence, de démontrer toute ma jouissance qui monte et qui monte. Douloureusement.

Et puis, dans ma tête, dans mon corps, tout éclate enfin. Dans un grognement de plaisir, je débarrasse le ventre du petit jouet  puis je m'effondre sur ma partenaire, ma sexologue, le souffle court. Incroyable ! Je me retire d'elle, repu, mon sexe encore traversé par des tremblements. C'était si bon !

-Je crois que vous n'aurez pas besoin d'un prochain rendez-vous, dit-elle en éclatant de rire.

-Dommage !

Elle passe une main dans mes cheveux puis se redresse d'un iota pour m'embrasser. C'est le premier baiser qu'on échange. Il est langoureux et doux. Nos langues se caressent.

-Hum.

Puis elle me repousse violemment. Elle se met debout, redescend  sa jupe correctement sur ses cuisses, la défroisse, puis court pour récupérer son soutien-gorge et sa petite culotte. Elle se rhabille vite. Je fais de même. Je n'ai presque rien enlevé, moi. Hum…

Elle va ensuite déverrouiller la porte de la pièce, tout à coup un peu stressée. Elle l'ouvre, me fait le geste de sortir, et dit :

-Dépêchez-vous de partir, Monsieur Riley. Mon boss va bientôt revenir.

-Ce fût un plaisir, Madame Riley. Vraiment.

Je serre la main de ma femme. Un clin d'œil en guise d'au revoir puis je dépose entre ses seins, la petite bille bleue. Je quitte le cabinet d'expert-comptable, où est employée Marie, le corps léger, déjà à l'affût d'une énième récréation exotique. Une chose est indéniable ; vingt ans après, j'aime toujours jouer aux billes…

30 Juillet 2014 © Floriane Aubin

 

 

 

 

 

 

 

 

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