La pianiste et son hôte

C'est un jeune pianiste
Debout auprès d'une dame
Lui apprend quelques gammes
Alors qu'elle persiste

A apprendre comme il faut
Peut-être voudrait-elle
Cette dame si belle
Ne se permettre aucun défaut

Mais ce temps, elle rêvait
Que ce soit sur ses courbes
Qu'il devienne un peu fourbe
Et qu'il la dévêt

Fourmillante de pensées
Délaissant son piano
Il était tout penaud
Elle n'était plus censée

Dans sa tête, tourbillons
Sentiments suspension
Il ne comprenait pas
Qu'elle voulait guider ses pas

Il était lui si jeune
Ce galant petit homme
Pas bien plus haut qu'une pomme
Elle voulait le faire sienne

Soudain elle se leva
Et ferma les persiennes
Il était là en gêne
Ne comprenant toujours pas

Elle lui dit enfin, « le piano c'est fini
Je n'aime pas bien ça, je te préfère toi
Depuis tous ces jours-là, tu me mets en émoi
Et je pense à me croire, que c'est pour l'infini »

« Je vais t'apprendre des choses
Et il faut que tu oses
Te délester des peurs
Et ne crains pas mes pleurs »

« Tu vois ce piano là
Je m'en vais le fermer
Et je vais m'allonger
Sur sa marbrure dorée
Je ne te veux point las »

« Je veux que de tes mains
Tu les laisses te guider
Je vais aussi t'aider
Mon cher petit nain »

« Ne t'en fais pas mon beau,
Si je te donne surnoms
Et non ton propre nom
Cela s'appelle Rimbaud »

« C'est-à-dire poésie
De mes mots car je t'aime
Et c'est ainsi que sèment
Des mots de courtoisie »

« Des mots de courtoisie ? » répondit-il blessé
« J'en crois c'en est assez
En effet j'ai bien peur
Je suis dans la terreur »

« Mais mon petit précieux » rétorqua-t-elle peinée
« Approche-toi de moi, je veux juste un baiser
Un peu de mots osés
C'est pour cela que je suis née »

« Alors ma chère dame » répondit-il  de son âme
« Il faudra bien m'apprendre
Il faudra entreprendre
Je vous avoue enfin, que je ressens une certaine flamme…

Que je ne comprends pas »