La vieille et le chat errant

eleanor-gabriel

Fable en hommage à Jean de La Fontaine


Tout vêtu de fourrure en manteau de coutume
Un chat noir affamé léchait une vitrine
- Ah que ces plumes-là me rongent d’amertume
Quand je n’ai pour espoir que ma triste famine!
Ainsi se lamentait notre félin errant
Sans pensée que tout chat peut survivre en rusant
C’est alors qu’une vieille qui passait trottinant
Se dirigea tout bon dans l’antre du marchand
Le matou alléché ne fit qu’une embardée
Pour venir sous la jupe à ses pieds se frotter
Bien au chaud mais la queue dépassant du jupon
Le coquin démasqué fit révolte en ces lieux
Alertée la volière houspilla le fripon
Le menaçant tout bas de lui crever les yeux
La vieille épouvantée emporta le minet
Oubliant que chez elle vivaient trois perroquets...

La morale n’est point ici de s’indigner
Contre un vil qui ne voit que son propre intérêt
Mais de garder en tête qu’il n’y a pas plus rusé
Qu’un matou affamé qui vous lèche soulier!

Eleanor Gabriel

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