Lâcheté

Combien de fois sommes nous lâche dans notre vie ? Combien de fois par an ? Par mois ?

Cela me coûte de l'avouer mais je n'en sait rien, une question de plus qui restera sans réponse aucune.

Afin de clarifier les choses, j'entends par lâcheté tout acte pour lequel on ne s'investit pas sur le moment, mais dont on présume qu'on aurait une réaction prit hors du contexte.

Un exemple ?

Une jeune fille assise tranquillement dans un quelconque métro parisien écoute de la musique et lit un livre, sur un siège à battant. Arrive alors un jeune homme à l'allure plus que vulgaire mais à la carrure imposante. Il accoste de manière irrespectueuse la fille, en vient à se rapprocher d'elle, s'arroge une place sur son siège, entame un contact physique douteux. La pauvre demoiselle qui ne demandait rien à personne est alors bien ennuyée de cette situation, bafouille, lui fait comprendre que ses propositions ne l'intéressent nullement et repousse ses mains baladeuses. L'étranger s'énerve de voir ses avances dédaignées aussi clairement, s'en prend cette fois-ci de manière verbale à sa victime qui ne sachant que faire concentre ses forces pour ne pas éclater en sanglot.

Les faits sont là.

Deux cas à présent.

Cette situation ne vous paraît pas plus dérangeante que ça, vous n'éprouvez rien face à cette agression.

Ou bien vous vous sentez révolté, rien que le fait d'imaginer la scène vous insupporte au plus haut point.

Si vous appartenez à la première catégorie, vous avez une culture bien étrange et éloignée de la mienne. Pour ceux qui se reconnaîtraient dans le second cas, ne vous réjouissez pas trop vite pour autant. En effet, il m'apparaît opportun de faire à présent remarquer que le wagon dans lequel se déroulait la présente altercation est plus que correctement rempli, la quasi totalité des places assises sont occupées et les personnes debout ne manquent pas.

J'en viens donc à conclure que la voiture est occupée par une concentration massive de personnes indifférentes ayant une culture étonnamment éloignée de la mienne. Pour corriger cette étrange analyse, je fais à présent rentrer en jeu le concept de lâcheté. Car comment expliquer autrement l'absence totale de réaction, d'intervention de la totalité de l'assemblée ? Prises hors du contexte, chacune de ces personnes auraient -je n'en doute pas- affirmées avec bravoure que dans une situation telle que celle évoquée précédemment elles seraient immédiatement intervenues.

Elle est bien triste la société, c'est celle de la peur et de l'angoisse, celle du fort qui écrase le faible, du vaniteux qui enterre le lâche. Cette société en pleine régression, individualiste au possible, qui préfère vivre sans ennuis la conscience tourmentée plutôt que de pouvoir regarder quelques hématomes avec fierté quand elle se croise dans le miroir pourvu qu'elle ai défendu les valeurs en lesquelles elle croit.

Je ne lance pas un appel à la violence, seulement un cri dans la nuit face à une organisation qui nous dépasse, une harangue contre la lâcheté.

Lâcheté à laquelle j'espère ne jamais succomber...