Le 16. Réunion 1 - course 1.

Olivier Sun7

Le 16. Réunion 1 - course 1.

En rentrant dans ce rade nommé le ‘Dauphin bleu’, à quarante kilomètres de Blois, j’aurai dû flairer que ce lieu ne se prêtait pas au rationnel. Café, tabac, Pmu, chasseurs, français, et même chasseurs français, Ricard, blanc, calva, comptoir patiné, journaux, cacahouètes, le patron, sa femme, tout y étais pourtant. Je me place au comptoir et commande un demi, achète Le Parisien et prends l’ambiance du bar.

Nous sommes quatre, deux de chaque côté du zinc, le chasseur français étant sorti à mon arrivée. Il y a donc un demi, un Blanc sec pour mon côté et un Ricard plus un bac d’eau savonneuse pour l’équipe d’en face, La femme fait la gueule. Mon partenaire à plus de soixante-dix ans, casquette de feutre et costume de velours côtelés, en face le patron est un ancien commando au vue des tatouages, il vient de Bretagne à fait le tour du monde, Indochine, Algérie, Rwanda, Kosovo, et, à cinquante-quatre ans gère son « affaire » ici… Pour le moment comme il le dit. Sa femme, bien que les avants bras mouillés, est encore jolie, toutefois un peu moins lorsqu’elle parle ; L’accent peut être…Le vocabulaire sûrement.

Il est treize heure, le boss et son habitué discutent de choses maintes fois discutées et notamment de l’économie locale, de la désertification des campagnes, de Sarkozy, du fait de ne plus pouvoir boire ou fumer tranquille. On comprend vite que tout était quand même mieux avant, bien que la notion ‘d’avant’ soit difficilement fixable sur l’échelle du temps. Ce qui est remarquable aussi c’est que, bien que l’on ne m’adresse pas la parole, il est évident que c’est à moi que l’on offre la conversation de façon à bien me faire comprendre qu’ici aussi ça réfléchie et qu’il ne faut pas prendre les provinciaux pour des cons. Mon regard passe donc de mon verre au patron, du patron au petit vieux, du petit vieux à mon verre pour repartir sur le Boss en croisant de temps à autre les yeux pétillant de sa femme qui, sans vraiment savoir ce qui a produit une soudaine montée des températures avait retiré son gilet de laine pour laisser apparaître un décolleté qu’elle avait bien l’intention de me faire découvrir. Soudain le septuagénaire se tournant vers moi me dit :

-       Ous à ari sa eule ossi ?

J’avais bien remarqué que je ne comprenais rien à ce qu’il racontait mais là, s’adressant à moi, il fallait que je fasse un effort afin de rester conviviale.

-       Il demande si à Paris ça gueule aussi ? me dit le taulier.

-       Eu eu a arler ai un ancer e a angue. Reprit le vieux.

-       Il dit qu’il ne peut pas parler car il a un cancer de la langue.

-       Pas de souci monsieur, on vous comprend quand même rassurez-vous.

-       Ça fait deux ans déjà qu’il parle comme si il avait des punaises dans la bouche.

-       En tout cas pour le reste, vous paraissez en bonne santé ! lui dis-je.

-       Oui Of …

-       Effectivement il ne faut pas croire que c’est seulement en province que les gens gueulent, à Paris aussi, tout le monde est touché par cette putain de crise.

-       Va falloir faire bouger les choses et remettre les guillotines en service ! je vous le dis moi !

-       Ouai mais avant de parler de révolution t’aurais dû déjà suivre celle des ménagères et m’acheter un lave-vaisselle plutôt que de boire ce que l’on gagne ! j’en ai ras la chatte moi de me taper la vaisselle ! gueula sa femme.

-       Râle pas ya que ça que tu peux te taper la vilaine ! lui répondit son mari en m’adressant un clin d’œil complice.

-       C’est sure que la gnôle, ça n’aide pas à durcir la bite … Grommela t-elle.

-       U eu a ette à élé o ieu é onneries éhard ?

-       La télé, elle y est ! c’est Equida que tu veux Paulo, bouge pas.

S’emparant de la télécommande, il bascula de chaîne pour la grande messe des turfistes :  Le quinté.

-       Paulo, c’est son heure, il ne rate pas une course, il a été jockey puis entraîneur avant de devenir cancéreux. Pas vrai mon Paulo !?

-       Etai avant a !

-       Tu nous joue quoi dans la première ?

-       E as encore au oir y ahishe

-       Il ne sait pas encore, il attend de voir ce qu’ils affichent.

Je ne suis pas turfiste pour ma part mais il est vrai que j’ai toujours été attiré par le hasard et les courses. Je joue de temps à autre lorsque l’occasion se présente même si je n’y connais pas grand-chose. Il est évident que de voir des chevaux courir ne peut devenir intéressant que si tu mises sur au moins l’un d’entre eux. J’ouvre donc mon Parisien à la page des courses et lorgne sur la première. Dix-huit partants, deux mille huit cent cinquante mètres avec un handicap de vingt-cinq mètres pour les cinq derniers numéros, le tout à l’attelé, à Vincennes pour un départ à treize heure quarante. Dans le tableau, je repère deux chevaux que je connais plus de nom que par leurs performances, il y a cinq jockeys renommés et deux entraîneurs qui font régulièrement parler d’eux. Il me reste quarante minutes avant la course et je décide donc de suivre celle-ci en sélectionnant ce que j’allais jouer, pour cela je saisis un présentoir de tickets de Rapido avec son stylo et sa chaînette et commence à cocher mon canard. Le 2, le 5, le 6, le 9, le 12 et peut être le 17. La difficulté, outre de trouver le ou les chevaux à l’arrivée, est de savoir composer avec les formules de jeux de façon à optimiser son rapport. J’hésite donc, comme à l’accoutumé, à miser sec sur un cheval en gagnant ou placé ou bien de tenter un Couplé ou un Deux sur quatre, voir même un Trio.  La côte de mes six chevaux va du favori le 9 à 3,4 contre un au 17 qui, s’il rentre, promet un joli pactole puisqu’il est donné à plus de 39 contre un, avec cette particularité de sembler être préparé pour la gagne en étant déferré des quatre pattes, portant des œillères et driver par un Bigeon très en forme en ce moment mais cité nulle part les pronostiqueurs. Jouant donc assez rarement, je me décide à placer sur cette course un billet de cent Euros car cela fait un moment que ma philosophie du jeu à pour principe ‘tant qu’à jouer autant le faire pour que cela rapporte’.  Reste à savoir comment je les reparties. Je me pose donc tranquillement au bar pour réfléchir sur ma stratégie lorsqu’un type d’une trentaine d’année entre et salut tout le monde, c’est Thierry. Il se tourne vers Paulo et lui demande ce qu’il voit dans la première en ajoutant aussitôt qu’il allait jouer le 9. Le 9, il faut donc que je le joue car on en parle décidemment beaucoup.

-       Y a ivra a

-        Bien sur qu’il sera là ! c’est un cheval de Pierre Levesque, tu crois qu’il le confie à Bazire pour regarder courir les autres ?

-       è un eurre ?

-       Quoi ?

-       é un eurre e te i

-       j’comprends pas…

-       Il te dit c’est un leurre. Lui répète le patron.

-       Tu verras, comme je dis toujours Bazire fait la pluie et le beau temps à Vincennes, moi je le joue et gagnant en plus. Tu verras.

-       Of.

J’étais de cet avis et cochai donc le 9, Providence, en plaçant dessus cinq euros à la gagne et dix en placé.

-       Tu vois quoi toi Gérard ?

-       Moi je dirai le 11. Lui répondit le patron

-       C’est qui ?

-       Pretty Angot.

-       Qui le monte ?

-       C’est Piton, c’est son cheval et vu comme il s’est fait enfermer la dernière fois, crois-moi là il va le faire sortir son bourrin.

-       Ah j’l’aime pas moi Piton. Je ne le mets pas.

-       Y enta as

-       Mais tu verras mon Paulo qu’il va rentrer et non seulement il va rentrer mais vos canassons courront encore qu’il sera déjà dans son box.

-       Y enta as

C’est vrai que le 11 sent bon, il est donné à sept contre un… j’hésite à le mettre également, mais rajouter un cheval à ma sélection va me foutre la pagaille. En même temps j’ai toujours suivi les bruits de comptoir pour jouer en cochant généralement le numéro du cheval qui tombait à répétition dans mon oreille et cela m’a déjà bien porté chance. La clochette de la porte du bar retentit de nouveau à l’arrivée d’un autre type que je voulais dévisager en relevant ma tête pour regarder dans le grand miroir fixer au mur face à moi, derrière les bouteilles. C’est à ce moment que je me rendis compte que la patronne, semblant s’oublier le temps d’un instant, était tournée vers moi, les deux coudes reposés derrière elle sur le plan de travail. Sa posture soulignant avantageusement sa poitrine, elle avait les yeux rivés sur moi, ce qui me mit mal à l’aise lorsque je croisais son regard qui me livra en une fraction de secondes toute la luxure qu’elle envisageait, faisant ainsi pétiller ses yeux noisette. Je glissai donc lentement mon champ de vision sur sa gauche pour retrouver le fil de ce que je voulais voir. C’était le facteur à qui l’on servi aussitôt un rouge à raz bord sans qu’il ne commande. Il déposa le courrier sur le comptoir et ne perdit pas une seconde pour vider son premier verre.

-       Un autre s’il te plaît.

-       Dépêche toi ! qu’est ce que tu as foutu ? la course va partir, il te reste dix minutes.

-       Qui coure ?

-       Le 9 ! dit Thierry

-       Le 11 renchérie le boss.

Après avoir bu une gorgée de son second verre, le facteur se déplaça vers le tableau des chevaux du patron afin de regarder sa sélection.

-       C’est les chevaux qu’il ne faut pas jouer aujourd’hui ? plaisanta t-il.

-       Tu fais comme tu veux.

Du coup je regardai la combinaison proposée. Il y avait le 11, le 2, le 9, le 5, le 6, le 12. J’avais donc vu à peu prés la même chose que le taulier sauf que son 11 remplaçait mon éventuel 17. Cela aurai pu me rassurer si je n’avais comme autre principe d’éviter les chevaux donnés par le patron d’un bar puisqu’il est évident que cela se saurait si les patrons de bar gagnaient régulièrement et, statistiquement justement, ce sont les premiers à espérer gagner et les derniers à toucher.

-       Il n’y a pas Nivard dans cette course ? fit le postier.

-       Y onte e atoze

-       C’est qui le cheval ?

-       Intu u i ier

-       Faites-moi voir votre journal s’il vous plait ? me dit-il.

Voilà le gars, qu’inconsciemment j’attendais, celui qui vient te prendre la tête, il n’y en a jamais deux mais il y en a toujours un et sincèrement c’est à chaque fois suffisant. Voilà qu’il allait foutre en l’air ma concentration nécessaire à l’élaboration de mes tickets.

-       Ok mais faites vite je joue également.

-       Merci…Ah c’est Quintus du Vivier, il le connaît bien ce bourrin Nivard. En plus il est à cinq cinq. Ok je vais jouer le 14, vous allez voir.

-       Y enta as

-       Il va arriver, je vous dis. Vous avez joué qui vous Paulo ?

-       A enco

-       C’est lequel ?

-       Non, il dit ‘pas encore’, tu sais bien qu’il joue au dernier moment Paulo, pour pas qu’on lui pique son canasson.

-       Mouai.

Je récupère mon journal qu’il me fait glisser sur le zinc. Putain ouai le 14 n’est pas mal du tout. C’est vraiment ça les courses, plus tu réfléchis et plus tu te perds. Je me rappelle un autre principe que m’avait donné, il y a très longtemps, mon grand père : Garde toujours tes premiers choix se sont toujours les bons pour peu que ton intuition fonctionne normalement.

Je me débarrassai donc du 14. il ne restait qu’à peine cinq minute avant le départ, il fallait que je me grouille. Je m’attachais donc à mes premiers choix et complétais mes tickets à la hâte pour y mettre les soixante-quinze euros restant à parier que je répartis sur chaque cheval en gagnant/placé, en deux sur quatre et  me risquai un trio à dix euros en combinant le favori, le 9, à mon tocard le 17 suivi du 11 afin de faire un semblant de confiance au patron. Les côtes s’affichaient sans grande surprise sur Equida alors que les chevaux finissant leurs échauffements commençaient à se regrouper sur la ligne de départ. Mes jeux étaient faits, et je me dirigeais vers la caisse pour faire valider. Paulo m‘avait devancé, le temps était compté et je commençais à trépigner d’impatience en tentant de me rassurer du fait que j’avais au moins l’avantage que le patron le comprenait, ce qui n’était pas négligeable. Le vieux fit valider ses anciens tickets avant de passer ses paris du jour.

-       Oh mon Paulo, je vais devoir te faire un chèque pari car je n’ai pas assez en caisse !

-       Combien qu’il a pris ? demanda Thierry.

-       Huit cent cinquante-quatre Euros !

-       Putain vous êtes cocu ou quoi Paulo !

-       Ferme ta gueule Thierry, tu ne sais pas que sa femme est décédée ou quoi !

-       J’suis désolé Monsieur Paulo, ça m’a échappé.

-       Vous jouez quoi ?

-       E eize ! agnant !  ent Euho !

-       Je vous les déduits du chèque ?

Une autre règle, qui est valable partout, est de suivre les gagnants surtout lorsque l’on n’est pas expert du terrain. Je regardai vite fait le canard, le 16, c’est Iss de Utte drivé par Abrivard dont le proprio est un certain J.Luck que je ne connais pas mais bon, le nom est de bon augure, de plus son entraîneur est J-L Dersoir alors pourquoi pas… Un coup d’œil sur Equida pour voir ce qu’il donne me le présente à quatre-vingt trois contre un, un pur tocard ! Je repense en une seconde au principe de base et de survie qui fait que l’on ne joue que l’argent que l’on est prêt à perdre et ce afin de ne pas regretter d’avoir perdu. J’avais cent Euros à perdre, et le temps pressait vraiment alors je pris ma décision une fois le vieux reparti à sa place.

-       Le 16 placé réunion 1 course …

-       Attendez jeune homme…

Je compris que le patron avait fait comme moi et dupliquait le ticket du Paulo pour sa pomme. Putain dépêche-toi bordel pensais-je.

-       Oui alors ?

-       Le 16 placé, réunion une, course une, cent euros.

Voilà la pression redescendait, j’avais validé mon pari à peine deux secondes avant l’annonce du départ qui fût d’ailleurs déclaré « faux départ ». Je me félicitais d’avoir su préserver une marge de sécurité en le jouant placé plutôt que gagnant, ce qui me laissait deux places supplémentaires pour mon seize tombé du ciel. Je retournai à mon demi presque fini et en recommandai un second pour accompagner l’émotion de la course. La patronne qui était en train de se vernir les ongles de la main d’un rouge vulgaire qui lui allait bien me fit un sourire mielleux et aguicheur avant de me servir ma pression en tenant le verre entre deux doigts, donnant ainsi l’avantage à la mousse. Le second départ allait se faire et je m’escrimai à repéré Iss de Utt afin de voir la couleur de la casaque de Abrivard. Je l’aperçus en seconde ligne en orange et vert facilement reconnaissable. Le départ fut donné et là, tout se passa bien. Deux mille huit cent cinquante mètres, c’est long. Les chevaux se placèrent assez vite avec un départ qui me semblait rapide tout de même. Sur les trois cents premiers mètres, il y avait déjà deux disqualifiés pour faute d’allure : le 3 et le 17. Je me réjouissais d’avoir changé mes paris. La tête de course était faite du 4 suivi de très près à la corde par le 8 puis vint le 9 qui semblait vouloir retenir ses poursuivants à la faveur des deux premiers. Le premier virage s’amorçait et mon seize n’était pas mauvais puisque à l’extérieur, en milieu de peloton, au moins il n’allait pas se faire enfermer. Je regardais chacun d’entre nous, Gérard le taulier, essuyait ses verres l’œil rivé sur la télé bien perchée, Thierry jubilait pour son 9, le facteur cherchait désespérément le 14 que l’on finit par voir au galop, dommage. Paulo lui semblait impassible et confiant, ce qui me rassura, mais la course était loin d’être fini, on en était à peine aux mille premiers mètres. Les deux premiers chevaux qui semblaient creuser l’écart commençaient à montrer des signes de faiblesse évidents et allaient bientôt se faire déborder en sortie de virage. Pour le reste, il n’y avait pas grand changement, chacun semblant attendre sur sa position le moment où il allait falloir passer à l’offensive. Je fis donc une pause en trempant mes lèvres dans ma mousse qui, elle, n’avait pas laissé de terrain au liquide. C’est à cette pensée que je levai mes yeux pour découvrir, toujours face à moi, la patronne accoudée au plan de travail mais me montrant, cette fois ci, son cul qu’elle balançait avec indolence. Je repris une gorgée au moment où j’entendis gueuler.

-       Putain, vas y le neuf ! vas y bordel ! c’était bien sur Thierry.

Je repris le cours de la course. Le 4 et le 8 semblaient définitivement jeter l’éponge au milieu de la ligne droite des tribunes. Le 9 se maintenait plutôt bien suivi du 2, du 6 et du 12. Putain où en était mon 16 qui avait l’air d’avoir disparu de l’écran ? Je finis par le retrouver toujours à l’extérieur en dixième position à peu près. La courbe suivante approchait et la queue du groupe semblait s’agiter pour remonter peu à peu, ce qui mettait incontestablement le centre en danger même si de par sa position en troisième épaisseur, mon Abrivard ne semblait pas trop avoir à craindre s’il lui restait assez de ressource pour bien remonter en temps voulu. Les speakers commençaient à lever le ton et à s’emballer dans le débit de leurs dires. Bazire est à la maison et il le fait bien savoir en contrôlant d’une poigne d’acier la tête de course au grand contentement de Thierry. Je cherchais le 11 en pensant au patron, mais je me rappelai qu’il ne l’avait peut-être pas joué en définitive, à moins qu’il n’ait doublé son pari avec le seize de Paulo. Arrivés maintenant au milieu de la ligne d’en face, les choses sérieuses allaient bientôt pouvoir commencer. La télé redonnait le classement provisoire avec toujours le 9 suivi maintenant du 6, du 12 et du 5 qui avait quitté le centre du groupe pour tenter une offensive avant le dernier virage. Mon 16 remontait tranquillement en débordant toujours à l’extérieur pour venir se placer en septième position. La remontée des secondes lignes menée par le 13 fut impressionnante et participa à la pression qui se faisait sentir ici. Gérard n’essuyait plus ses verres et sa bouche béante semblait vouloir se scotcher au téléviseur comme le ferait un poisson nettoyeur. Le dernier virage commença à faire monter des sueurs en moi tant l’attaque venant de derrière semblait pouvoir aboutir. À la sortie de ce virage, alors qu’il ne resta plus que quatre cent cinquante mètres à parcourir, on vit Bazire et son 9, perdre leurs moyens de façon incompréhensible, pour se faire dépasser par le 6 puis le 5 et enfin le 12.  Mais le pire c’est que mon 16 s’écroula également, débordé à son tour par le 13 qui finissait en trombe, semblant flotter sur un nuage, pour venir dans un ultime effort prendre juste sur la ligne la tête de la course devant le 12, le 6, le 5 et le 9. on avait tous perdu !.

-       Putain je l’ai ! gueula le patron

-       Ace à oi

-       Oui mon Paulo grâce à toi !!!

-       Vous aviez joué quoi ? demanda Thierry à Paulo

-       Le eize

-       Comme moi !!! dit le patron, putain, je le sentais !

Je ne savais pas si je ne comprenais plus rien ou si justement je ne voulais pas admettre ce que je comprenais trop bien…

-       Vous n’avez pas joué le 16 Monsieur ? m’adressant à Paulo.

-       hi ? me dit-il, semblant ne pas comprendre.

-       Le  16, Iss de Utt…

-       Hon a oué le eize !

-       Il a joué le 13 me fit Gérard. Et vous, vous avez joué quoi déjà ?

-       Le 16…

-       Heu eize é un ocard ! y ahive amais … é un acré is de utte.

-       Il dit que le 16 est un tocard et qu’il ne serait jamais arrivé c’est un sacré fils de pute !

-       Iss de Utt un Fils de pute !!! ???

-       hi ou avé émandé heu ou aurai it.

-       Il dit que si vous lui aviez demandé il vous l’aurait dit…

-       C’est bon, j’ai compris, j’aurai pu m’en douter…

Mon grand père m’avait toujours dit de ne pas écouter aux portes. Je n’avais plus qu’une envie, celle de rentrer chez moi et surtout de quitter cette bande de Iss de Utt.

  • Vraiment bien. Tout y est. La patronne, le patron, Equidia...
    De gros souvenirs qui remontent et une ambiance parfaitement rendue.

    Petit bémol, il faudrait remplacer Le Parisien par France Turf, le journal des grosses côtes ! (parce que le Parisien à Blois... enfin, JDCJDR...)

    · Il y a presque 12 ans ·
    Francois merlin   bob sinclar

    wen

  • oh ...que cela fait du bien...interdiction de fumer...interdiction de saisir les volutes sulfureuses d'un bar acidulé...grrrrrrr...et merci!! meilleurs voeux pour cette nouvelle année!!!

    · Il y a presque 12 ans ·
    Fond d ecran 4 orig

    nephelie

  • pas mal !

    · Il y a presque 12 ans ·
    9e030c50 9e46 4d9f 8f90 2cd191ddbe0b

    Thomas Delavergne

  • CDC

    · Il y a presque 12 ans ·
    Yin   yang   2016

    Patrice Merelle

  • Bon choix de Welovewords! Mais nom de Dieu... commment t'as su pour ma main?! ;)

    · Il y a presque 12 ans ·
    220px lautr%c3%a9amont by vallotton

    Bryan V

  • bravo

    · Il y a presque 12 ans ·
    Mains colombe 150

    psycose

  • Pascale, vous en faite vous êtes une gourmande ! :)

    C'est cool Bryan de se lire l'un-l'autre et de trouver du plaisir (retire ta main quand même hahaha ! ), On va donc se faire un texte, je m'y mets et je te fais parvenir ça.

    A bientôt de vous lire.

    · Il y a presque 12 ans ·
    Logolweloveword 465

    Olivier Sun7

  • J'avais l'impression de lire un Bukowski! Même si ses nouvelles sur les courses n'étaient pas mes préférées (Je n'y porte pas un grand intérêt) J'ai ici beaucoup aimé, grâce notamment au personnage qui le cancer de la langue, qui apporte beaucoup. Et le style, on a beau en avoir rien à foutre de ses chevaux, ici j'ai été pris dedans comme si j'avais moi aussi misé, Et la chute... inattendue, drôle. Ouais, t'as définitivement un nouveau lecteur.
    Je te joins à mon tour l'épisode 2. Et mon enculé de personnage, tu peux l'appeler Bryan ;) A plus ma grande!

    · Il y a presque 12 ans ·
    220px lautr%c3%a9amont by vallotton

    Bryan V

  • Oui tu as raison. Merci
    Je foire toujours mes entrées ou alors, ce qui est sûrement plus vrai, je foire jusqu'au bout et il est normale de commencer les remarques par le début hahaha !
    Voilà c'est changé.
    Merci encore Mathieu.

    · Il y a presque 12 ans ·
    Logolweloveword 465

    Olivier Sun7

  • Pas encore lu entièrement (mais j'essaierai de le faire). Une remarque au delà de la qualité évidente que tu as à nous embarquer dans l'histoire, pour soigner l'entrée, j'aurais allégé la première phrase en supprimant "C'est...que" :
    "En entrant..., j'aurais dû..."

    · Il y a presque 12 ans ·
    Sdc12751

    Mathieu Jaegert

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