Le foie de l'oie

Edwige Devillebichot

Dans la ferme, deux dindons dingues dodelinant s'étonnent de temps en temps un tantinet du tintement de leur coeur cristalisé quand croassent les humains cocasses dans le cloaque du crime culinaire.

Etalant au couteau d'argent le foie de l'oie sur une tartine de pain grillé, tandis que sous le grand couteau d'acier on entend l'oie qui crie : "O canard ! O barbarie ! que n'ai-je donc vécu que pour être confite !" L'écho de la voix de l'oie se perd dans les dédales digestifs d'une belle bourgeoise qui lape du Sauternes.

Dans la nuit où tous sont endormis sous la couette de duvet, un jeune jeûneur taille sa plus belle plume... pour écrire un poème.

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