Le temps qui passe...

Le temps passe si vite.

Le printemps est déjà loin, l'été est bientôt terminé, l'automne arrive avec septembre…fructidor!

Déjà l'automne…

Les roses sont encore belles, peut-être un peu plus frêles et leur parfum est plus profond, un peu suave, avec un souvenir de brouillard et de cendre.

Les lavatères halètent, Les reines-marguerites s'attristent doucement, les asters triomphent.

L'automne dérive, le jardin est un peu flou…Je le vois comme si j'étais un peu ivre.

Il se soulève, pourtant il est immobile, c'est comme s'il voulait fuir.

Bientôt, l'hiver frappera à ma porte. Les hirondelles se rassemblent sur les fils électriques.

Ma grand-mère disait que: "Pour la Saint-Michel seront envolées toutes les hirondelles"

Voilà les mois d'automne, riches de fruits, de pommes et de poires tavelées. Les tiges des haricots s'affaissent le long des perches en bambou. Les pommes de terre sont déjà à l'abri dans la cave sous des sacs de jute récupérés à la poste.

J'ai fait de la confiture de mûres, de figues et de la gelée de coings.

Je vais, dans quelques jours, couper la clématite qui commence à ressembler à un squelette.

Les cotonéasters vont se couvrir de drupes corail, et les fusains font mettre leurs petits bonnets carrés.

Le feu du buisson ardent va s'allumer en compagnie de l'incendie du houx.

Il y a des gratte-culs sur les églantiers.

Tout ce monde écarlate va égayer et éclairer l'hiver.

Les bouleaux vont perdre leur écorce et montrer leur peau blanche et verdâtre.

Les terres vont garder le plus longtemps possible de beaux restes, les cinq étoiles de miel du millepertuis, le violet délavé de la vesce des haies…

Dans les coins humides il y aura encore les fleurettes jaunes de la douve ou le mauve des salicaires.

Je vais faire provision de marjolaine qui accroche son foisonnement de rose sur les talus et je vais chercher les elfes joyeux qui  fabriquent des couronnes.

Lors de mes promenades dans les chemins creux, le bord de l'eau, le fond des bois aux champignons. Je vais admirer les roseurs de la callune, pas du tout pressée de quitter la compagnie des arbrisseaux que voile à peine la brume légère d'un matin qui sent l'esquisse de l'automne.

J'en ferai des bouquets.

Je m'imprégnerai du brame du cerf, dans tous ses sens…

J'interrogerai les migrateurs du matin ou de la nuit, je leur demanderai leur secret.

Je jetterai mon dévolu sur une belle toile d'épeire tendue contre un buisson et je suivrai les systèmes dont elle est le théâtre…

J'en ai des choses à faire…en automne.

Les matins ont commencés à différer, ils sont plus humides et les soirs se sont faits plus frais.

J'irai peut-être me promener sur un rivage marin à la recherche des arrachements projetés par la marée d'équinoxe.

Je vais brûler toutes les branches coupées, les fanes, les feuilles et autres déchets secs sans crainte d'un feu de broussailles.

Je regarderai le feu, comme une cérémonie d'adieu à l'été.

Et je verrai octobre arriver, octobre aux couleurs de gloire…