LEGENDE D'IRLANDE

Ses pieds volent à travers la lande 
Sa longue robe plaquée aux jambes 
Quelles pensées tournent dans sa tête ? 
Sa tresse depuis longtemps défaite 
Laisse libre une chevelure brune 
Qui virevolte et s'entortille à la brume 
Que le vent s'amuse à emmêler 

Qui fuit-elle dans cette course effrénée ? 
Que cherche-t-elle au bout du chemin ? 
Cette course aura-t-elle une fin ? 

Le jour se lève à regret 
Révélant un paysage secret 
Venu du fond des âges 
Déformant les mirages 
De vieux sages ou de mages 
Sortis des légendes anciennes 
Issues des croyances païennes. 

Sa course s'essouffle, ralentie 
Le but fixé à-t-il été englouti ? 
Ses yeux scruptent et s'affolent 
Gênée par ses cheveux qu'Eole 
S'ingénie à rendre indomptables 
En de brusques rafales. 

Puis, le temps et le vent s'arrêtent 
Un autel est là soudain 
Pas seulement dans sa tête ! 
Là est pour elle le bout du chemin 
Elle approche de la table de pierre 
Avec méfiance et déférence 
Et sans faire diligence 

Lentement ses fines mains se posent 
Comme, malgré elle, cela s'impose 
D'abord la pierre est rêche et froide 
Mais le granit cesse d'être roide 
Elle sent la chaleur d'un feu souterrain 
L'envahir et la soulever soudain 

Qu'est-t-elle venue chercher en ce lieu 
Où sorcellerie et magie s'ingénient 
A attiser la vibration des cieux 
Et réveiller les esprits, les génies 
Un long frisson la fait tituber 
Dans une transe initiatique 
Et l'a fait prier les esprits oubliés 
Qui peuplent ce lieu magique 

Epuisée, soudain, elle s'écroule au sol 
Puis son esprit s'envole 
Des yeux, des visages traversent 
Son esprit embrumé, tourmenté, 
Y-en-a-t-il un à qui se raccrocher ? 

Celui qu'elle est venue chercher 
Soustrait au monde éveillé, 
Par un sortilège mortifère. 
Déterminée à le sauver 
Des odieux fers ou enfers 
Où l'a plongé la perversité et la cruauté 
D'une beauté qui l'a ensorcelé 
Pour mieux le posséder. 

Elle vient offrir sa pureté et son honnêteté 
En otage contre la liberté de l'être aimé. 
Les esprits touchés par cet amour maudit 
Intercèdent en la faveur du banni 
Afin qu'il rejoigne sa mie 
Valeureuse amoureuse qui en échange sacrifie 
Sur l'autel , sa brune chevelure 
Enviée des déesses en armures 
Qui combattent les amours purs 
Pour éprouver les amants 
Et juger dignes leurs serments 
De s'épanouir. 

Là, notre héroïne va s'évanouir ! 
Comme en un conte, un baiser, ou bien la rosée, 
Viendra l'éveiller de ce monde enchanté 
Des amants oubliés de la lande 
De la douce Irlande.