Lettre à mon cerveau...

odess

Esprit, je sais que tu es las !


Dans mon rêve il fait jour et j'allume un neurone pour te voir, t'examiner, te sentir, ne jamais t'oublier. Puisque je n'ai jamais réussi à percer ta part de mystère, désormais, chaque fois qu'une pensée te traversera l'esprit, elle sera véhiculée par MOI. Je veux que tu mesures chaque degré de douleur que tu m'as infligé. Je veux que tu en baves, que tu hurles, que tu me demandes pardon. 

Ainsi c'est donc toi qui m'habite ! Je n'arrive pas à croire que je te vois de tes propres yeux !

Tu dois te demander pourquoi je suis terriblement en colère. Essaie de te rappeler le coup que tu m'as fait aujourd'hui. Si tu es capable de t'en souvenir évidemment ! Pour une fois que je te demande de faire travailler tes méninges, profites-en.

Alors ? Tu ne bouges pas ? Tu es complètement affalé, dégoulinant de sueur. On dirait un vieux gros hypothalamus ventriculant qui se trémousse sur une rengaine de Caroline Lobe :

"De toutes les matières, c'est la grise que j'préfère"

Arrêtes de crâner et bouges toi le ciboulot. Je vais te secouer comme tu me le fais souvent.

Eh bien, c'est à cause de toi que ma femme m'a quitté ! Oui, à cause de toi ! Tu as voulu me jouer un tour m'obligeant à tromper ma femme. Elle m'a quitté. Tout ça parce que tu as voulu remplacer mon cortex par ton corsex.

Pendant que j'avais la tête dans le cul, tu as profité de ma faiblesse et ça je  ne te le pardonnerai jamais. Je ne t'avais rien demandé. Il faut toujours que tu décides tout à ma place. Je suis adulte, majeur et censé. Je ne voulais pas être infidèle. Espèce de primate que tu es ! Ce n'est pas parce que tu es coincé du bulbe qu'il faut me manipuler.

Pourtant il fût une époque où j'ai cru fortement en toi. Tu étais ce que j'idolâtrais depuis mon enfance. Tu avais de l'attention, de la perception, du langage, une bonne mémoire, de la créativité, du génie. Et surtout beaucoup d'amour pour moi. 

Dis moi à quel moment je t'ai déçu ?

Maintenant que tu m'as sucé jusqu'à la moelle, j'avoue que tu m'as traumatisé. Et les décharges électriques que tu m'envoies à boulets rouges ? Tu te prends pour  qui ? Pour le sain esprit ? 

Je vois que ce que je te dis ne te plaît pas. Je te sens nerveux. Tu trembles. Tu es au bord de l'agonie. Attends, tu ne vas pas me lâcher comme ma femme non ? Pas toi ! Il ne me reste que toi. Oui c'est vrai. J'avoue que j'ai été dur avec toi mais tu sais j'ai tout de même une certaine affection pour toi.

Allez, reprends toi ! J'ai encore besoin de toi ! Mais oui tu es brillant. Mais oui tu es robuste ! Je ne te laisserai pas tomber. Allez viens. Respires un grand coup pour reprendre tes esprits. Voilà, ça va mieux. Tu reprends ta couleur grise et....

"Chut ! J'entends une voix......l'écho vient du sillon central....

On m'appelle ! "

Tu dis quoi l'encéphale turbulent ?

Que j'ai une vision ?

Tu plaisantes ou quoi le vieux bulbe ! C'est toi qui est dans un état végétatif..... Chut ! on m'appelle encore ! Attends je reviens. 

Eeeeeh vieux !!! Je vais te laisser dans ta merde. C'est ma femme qui m'appelle. Elle m'a pardonné. Je retourne dans l'autre vie. Et puis il faut que je te dise. Je ne te laisserai plus jamais me faire de mal. Le consolateur c'était toi au départ et moi le consolé. Toi et moi on n'a pas le même état d'esprit et quoiqu'il arrive, je saurai toujours ce que tu penses de moi car le jour où tu crèveras, je récupèrerai les cendres de ta mémoire. 

Allez tchao, lâche moi ! Va plutôt t'occuper de la fente de Bichat et n'oublie pas d'éteindre le neurone avant de partir. 

"J'arrive chérie !!!!"



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