Lettre ouverte à ma colère

Colette Bonnet Seigue


 

 

Chère Colère

 

Tu es si présente, trop envahissante en mon cœur débordant que j'ai envie de me séparer de toi. Tu n'as jamais été bonne conseillère, absorbant tout mon être, ravageant mes pensées, ébranlant mon âme à satiété.

Tu es dans mes révoltes, mes dents et poings serrés, dans mes amertumes, mes noirs, mes tempêtes !

Je te hurle à ma vie blessée !

J'ai beau te rejeter, mais tu me prends comme ça, dans le charivari de mon cœur qui te crie : « ça suffit !!! »

L'injustice ça suffit !!

La souffrance ça suffit !

Le mépris ça suffit !

Les larmes ça suffit !

 

Je ne veux plus de bleus à l'âme,

De hurlements d'amour blessé,

De nuits blanches !

 

Je veux du bonheur plein le cœur !

Des rires plein les lèvres !

Des coquelicots plein ma galaxie !

Des promesses de petits matins

Endimanchés de rosée nouvelle,

Celle qui perle les jours heureux !

Des promesses qui racontent des histoires

D'amour vrai,

Ou des histoires d'autrefois

Dans l'enfance rose !

 Des promesses qui effacent

Le poids des heures trop lourdes

 Celles qui arrêtent le flux de mes larmes !

 

J'aime respirer ce temps bienheureux,

Celui où l'herbe s'ensoleille

Pour ma couche d'or,

Quand l'amour s'y faufile

En passe-partout !

J'ai besoin d'armure dans mon ciel frileux,

De fenêtres ouvertes, de pluie de roses !

 

Vois, tu disparaîs déjà sur ma feuille amoureuse de mes mots neufs à accent de silence.

Alors oui, je me sépare de toi dans la tendresse d'un large nouveau-né…

 

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