L'homme exprime sa rage au printemps

enzogrimaldi7

On ne peut se départir de l'idée que l'Homme se trompe généralement dans ses évaluations. Sigmund Freud, Malaise dans la Civilisation.

 

Les apparences sont souvent trompeuses. Les bois paraissent si inhospitaliers en février. Sous un ciel bas et gris le froid hivernal règne en maître. On se souvient de l'année d'avant où une étrange douceur s'était manifestée de ci, de là, revigorant un moral quelque peu pâli par la désolation automnale. 


Pourtant, si l'on observe attentivement certains végétaux, on constate qu'un changement s'accomplit. Une irrésistible force réactive la vie malgré tout.   


Mais cela n'est pas sans conséquences. Le même phénomène se produit en nous et se traduit par un virulent regain d'énergie dont l'apogée est souvent le mois de mai. Les esprits s'agitent, les négociations se démultiplient. En bien, ou en mal car lorsque les intérêts prolifèrent, ils finissent par s'entrechoquer.  


Cette excitation soudaine s'exprime, en groupe sous la forme de grèves désordonnées et de réformes ou autres réorganisations au sein de l'entreprise mais qui souvent ne changent rien; ou, sur le plan individuel, sous formes de violentes sautes d'humeur. 


Sur les plateaux de télévision et dans les forums réels ou virtuels, l'effervescence est à son comble, la rage à fleur de peau, l'animosité palpable: une foire d'empoigne inutile tandis que dans les bas-fonds, la haine des extrêmes s'aiguise avant de perpêtrer le pire.


C'est à chaque fois le même scénario, mais les leçons ont semble-t-il été mal apprises. Y compris certains champions de l'organisation perdent leur sang froid se demandant ce qui peut bien provoquer un tel chaos: surmenage, fatigue, routine, trop de café ?   


Toutes les études ou statistiques des psys et autres chercheurs ont eu beau le prouver depuis des lustres, tout le monde affiche le sourire niais du présentateur télé au coin des lèvres lorsque ce sacro-saint personnage à la parole d'évangile moderne quelquefois évoque les effets excitatoires du printemps. 


Seule l'ineffable allusion sexuelle nous frappe. Et tant pis si depuis la nuit des temps ce phénomène provoque des accidents en tout genre générés par un brusque changement de comportement qu'est ce qu'on en a à faire tant qu'il y a du junk à la télé ? 


Utilisons le renouveau printanier pour régénérer l'activité culturelle mais en aucun cas pour saturer toujours un peu plus notre trop plein de stress quotidien. Si l'homme est censé se distinguer de l'animal par la raison, il ne cesse de prouver qu'en certaines circonstances il est incapable de se comporter en tant que tel.                                                     


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Le Monstre tire toute sa croissance d'une somme d'énergies et de vérités que le monde méprise et qui lui font mépriser le monde. Le Monstre est immense à force d'être étranger. Sa fascinante vocation est de me dévorer, lui, avant que cette civilisation me brise.                                                                                          Marcel Moreau Monstre


Hélas, la plus énorme caricature de cette étrange conduite, nous la retrouvons à l'école. Nos chers enfants, toutes classes sociales confondues, incapables de se contrôler, se laissent aller aux plus perverses manifestations de leur phénoménale croissance. 


Ajoutons une bonne pincée de société de consommation à la dérive et ça donne divers incidents: de l'insulte au coup de couteau en passant par les dictionnaires et autres manuels qui traversent la salle de classe. 


Fut un temps, les maîtres avaient un pouvoir exagéré sur les élèves. Force est de constater que cette tendance s'est inversée. Au Royaume Uni, un jeune prof sur deux quitte l'éducation après trois ans de mauvais et loyaux services.   


La faute en revient à une société dégénérante et à des parents démissionnaires. A force d'ingérer, boire, écouter et regarder du junk nos progénitures et certains de leurs aînés se transforment en tas d'ordures et se comportent en tant que tel. 


Plus froidement, l'on parle d'une épidémie de trouble du déficit de l'attention, une maladie mentale qui se propage à vitesse grand V et dont il nous faudra reparler.


Il se produit alors l'inacceptable situation dans laquelle le professeur est pris en otage par une bande d'énergumènes désorientés et irrespectueux, y compris d'eux-mêmes, dont le seul souci est de semer le désordre, cri d'alarme de leur étouffante détresse. 


L'enseignant doit donc quelquefois subir les conséquences d'une atroce fêlure sociale, non sans distribuer des paires de baffes virtuelles aux responsables de cet ignoble scénario. Piètre façon d'exprimer sa rage. 


Par ailleurs la solidarité a toujours été le mot d'ordre. Quelques migrants viennent mettre la pagaille et l'on se comporte comme si on n'avait jamais accueilli personne. Hypocrisie. 


Le plus drôle c'est le paradoxe de la tour H de la cité Kallisté: d'anciens migrants, devenus propriétaires, sont dérangés par les nouveaux qui squattent ce gratte-ciel à l'abandon, faute de terrain d'accueil, et d'entente. 


Heureusement le tissus associatif a fait son œuvre, en amont, sans rien demander à personne, en utilisant les bonnes volontés des quartiers. Ainsi les scouts musulmans rejoignent les scouts tout court pour encadrer quelques jeunes défavorisés dans des vacances improvisées. 


La réalité entre les communautés est plus inventive et, osons le mot, plus cocardière, que dans des quartiers huppés censés représenter le pays. 


Certains ont réussi à bâtir un monde abject à leur image. Il est permis de ne pas en partager les principales orientations et se dire qu'il est encore possible de le changer. Mais il faut y croire et agir, pas se résigner.   


Aux armes, culturelles bien sûr, citoyens.

                                                                                   2006/2018

https://youtu.be/rn_UjJN3YQU

  • En relisant ces pages (anciennes) on pourrait imaginer qu'on saura mieux piloter nos hors bords de gamins...

    · Il y a environ un an ·
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    Gabriel Meunier

    • J'approuve. Lel plus sidérant c'est la répétition. D'abord écrit en 2006 puis peaufiné en 2018, le temps a passé mais certaines embrouilles demeurent.

      · Il y a environ un an ·
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      enzogrimaldi7

  • Oui !

    · Il y a presque 3 ans ·
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    sophiea

  • Un regard lucide et sans concessions sur le monde et sur les Hommes.... C'est parfois douloureux tant la vérité y crie avec férocité, mais c'est avant tout libérateur.

    · Il y a presque 6 ans ·
    Profil

    Julien Darowski

    • Merci à vous. Si nous étions arrogants, nous parlerions de texte prémonitoire. Mais la récurrence de ce qui est dénoncé ici est si pitoyable, et si prévisible, que nous attendrons tout simplement que cette crise stérile passe. Un point c'est tout.

      · Il y a presque 6 ans ·
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      enzogrimaldi7

  • je suis une incurable ...optimiste :)

    · Il y a environ 6 ans ·
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    Susanne Derève

    • Alors on est au moins deux!

      · Il y a environ 6 ans ·
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      enzogrimaldi7

  • Je suis tombé sur ton texte "exceptionnel " de justesse, par hasard et j'en suis heureux et presque conforté. Pour ses faiblesses, la nature a inventé le champignon. En effet, il se nourrit et décompose ce qui fut et le régénère avec un bénéfice pour l'avenir des printemps à venir. Pouvons nous en dire autant nous les hommes ? Non, et je m'en inquiète. Encore bravo pour ce texte.

    · Il y a environ 6 ans ·
    Gaston

    daniel-m

    • Bonsoir. Très heureux qu'on se recroise ici. Merci pour cette générosité. J'adhère avec la théorie du champignon qui démontre, si cela était encore à démontrer, que la terre peut se passer de nous. Ce jour là reviendra.

      · Il y a environ 6 ans ·
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      enzogrimaldi7

    • Point de fayotage ici, détrompez vous cher ami :o) J'adhère tel le morpion à 200 % à ce texte.

      · Il y a environ 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

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