Lucien

Jean François Guet

face à l'image du sosie de sa bien aimée de toujours, Lucien se repasse le film d'une vie qu'il a commencé à la ferme et poursuivi à Paris. Qu'en est-il de cet amour de jeunesse ? 

Juché sur un tabouret, Lucien fixe sur la toile le regard impassible de Martine, la femme qu'il aime depuis toujours. Il lui murmure une gentillesse en sachant bien que son sourire enjoué restera figé tel que l'a saisi Jean-Gabriel Domergue. Il y a longtemps que Lucien a acheté ce grand tableau, une folie raisonnable qu'il s'est autorisée en découvrant cette œuvre exposée dans la vitrine d'un galeriste. Il représente, grandeur nature sur fond rouge, une femme aux cheveux d'or qui ressemble trait pour trait à Martine, à croire qu'elle a posé pour le peintre. Imperturbable dans sa bienveillance, elle est une compagne des bons et mauvais jours, une confidente sourde-muette toujours disponible, une fidèle princesse qui n'a d'yeux que pour son chevalier servant. Afin d'accroître l'illusion de sa présence, Lucien vaporise un peu de ce parfum fruité légèrement rehaussé de musc que Martine a l'habitude de porter. Aujourd'hui, comme ivre de ses fragrances, il la nargue affectueusement en agitant la lettre lavande qu'il vient de recevoir. Il sait que ce courrier va changer sa vie.


« Il faut fêter ça! » Lucien hésite entre gnôle du pays ou vin rouge. Chez lui, il ne boit que ça. L'anisette ou la bière c'est dans les bistrots où il retrouve ses copains; le mousseux ou plus rarement le champagne, c'est pour les pots de départs, les vœux et les fins de chantier. Aujourd'hui, un petit Gamay fera son bonheur. Il prend son verre habituel, un Duralex ventru orné d'un liseré mais il se dit que, pour une fête, il faut mieux. Décidément, il n'est pas préparé à cet événement! Dans le buffet, il choisit un verre en cristal. Il se sert généreusement, porte un toast à la santé de sa bien aimée et avale d'un trait en criant: « le premier pour la poussière ! ». Il se ressert alors un autre verre tout aussi plein mais, cette fois, il n'en boit qu'une gorgée.



Brusquement, le silence lui pèse. « Ça manque de musique ici! » s'écrie Lucien à haute voix, bien décidé à offrir une aubade à sa bien aimée. Il sort du buffet son cornet à pistons et, après vérifications d'usage, porte l'instrument à ses lèvres. La puissance de la première note le fait sursauter. « Quel étourdi, maugrée-t-il, j'ai oublié la sourdine ! » Après avoir introduit dans le pavillon une sorte de poire en alu cerclée de caoutchouc, il reprend place sur son tabouret. Lucien attaque alors un de ses airs préférés, Gallito, un paso-doble grave et chaleureux qu'il file jusqu'au bout. Avant d'attaquer un autre morceau, il vide la coulisse de l'instrument par terre en le secouant et avale une nouvelle gorgée de vin. Il poursuit sa série d'espagnolades en s'attardant sur les passages les plus allègres.


Lucien a un très beau son, un joli détaché bien soutenu par une solide colonne d'air. Il joue juste mais, vite emporté par le lyrisme de la composition, il est incapable de tenir le rythme, toujours en retard ou, plus rarement, en avance mais jamais dans le tempo. Au grand désespoir du chef de l'harmonie municipale qui lui avait jadis appris la musique, Lucien est incapable de jouer en formation. Il avait fini par être exclu de l'orchestre mais on lui réservait les sonneries qui ponctuaient les cérémonies à la gloire des enfants du village morts pour la France. Là, son phrasé faisait merveille. À chaque sortie, se trouvait un auditeur épaté pour demander pourquoi Lucien n'était pas premier soliste tant il éclipsait le son poussif des autres exécutants. Agacé, le chef ne répondait pas car c'était pour lui un mystère. Pourtant, avec un métronome, Lucien arrivait à suivre mais, en formation, il s'évadait dans la mélodie dès les premières mesures, finissant par dérégler l'ensemble qui n'en demandait pas tant pour massacrer les morceaux les plus faciles. Lors d'une répétition, le chef avait eu une idée. Et si, pompette, le gamin finissait par accrocher le rythme? Lucien allait avoir treize ans et à cet âge là à la campagne on boit déjà du vin. À la pause, on le fit boire, ce qui ne fut guère difficile. Quand il fut bien gai, la répétition reprit et, à sa grande surprise, le garçon fut invité à rejoindre son pupitre. Malgré son handicap, il savait les morceaux par cœur et nul besoin de suivre la partition, ce qui valait aussi explication à son problème. Ce fut pire que jamais! Au hasard d'accords semblables, il changeait de morceau et servit un pot-pourri qui ne fut du goût de personne. Curieusement, ça ne peinait pas Lucien de ne pouvoir s'intégrer à un groupe, il prenait tant de plaisir à jouer seul au grand désespoir de son père qui y voyait là malice pour s'éloigner du cul des vaches. Aujourd'hui, sous le regard de Martine, les pensées de Lucien divaguent d'un morceau à l'autre, submergées par les souvenirs.


Tout avait commencé à un bal de quatorze juillet. Lucien avait enfin cru au bonheur quand Martine, la fille unique de l'instituteur, lui avait tendu la main pour l'inviter à danser. Il avait beau la connaître depuis le cours préparatoire, il avait toujours été sous le charme de cette jolie blonde. Lucien s'était surpris à conduire sa cavalière correctement malgré l'asphalte granuleux de la place du village transformée en piste de danse. L'orchestre balançait le répertoire musette à grands coups d'accordéon. Ayant pour une fois le sens du rythme, Lucien se risqua à des entrechats étonnants qui firent rire Martine aux éclats. Dans ses mains déjà calleuses, elle était un jouet fragile qu'il manipulait avec dextérité, n'hésitant pas à la serrer contre lui quand le passage du morceau s'y prêtait, les yeux dans les yeux. Dans un état second, Lucien enchaîna avec grâce des chorégraphies toujours plus audacieuses. Subjuguée, Martine découvrait au garçon de ferme, mille qualités qu'elles n'avaient jamais discernées auparavant. À bout de souffle, ils avaient fini par s'arrêter, chaudement applaudis par les copains qui faisaient tapisserie à la buvette en alignant des fillettes de blanc.


Martine avait soif et demanda à Lucien de lui prendre un Coca. En déposant sa pièce de cinq francs sur le comptoir en planche, il s'étonna de ne pas avoir commandé du vin comme les autres qui se mirent à ricaner en douce de les voir partir s'asseoir à l'écart sur un banc. À la lumière du réverbère, Martine dévisagea Lucien avec une gourmandise troublante. Lui souriait, incapable de dire un mot. Elle, si jolie avec sa taille fine et ses longs cheveux dorés, rayonnait des premiers effets de sa féminité. Lui, ni beau ni moche, n'était pas très grand mais pas râblé pour autant. Son ossature et sa musculature solides annonçaient belle promesse de virilité. Sous ses boucles brunes, d'épais sourcils assombrissaient son regard où étincelaient des prunelles de feu. Fascinée par l'incandescence de ses yeux noirs, Martine trouvait son petit Lucien infiniment séduisant.


Voulant lui montrer sa voiture, une 4L d'occasion que son père lui venait de lui acheter pour avoir obtenu son bac, elle lui prit la main pour le conduire vers la sortie du village. À peine installés, elle démarra et prit la petite route qui menait à la rivière. Lucien qui n'avait pas le permis, la regardait, épaté de la voir manœuvrer avec dextérité le pommeau sphérique du levier de vitesse. Après un virage, elle ralentit pour s'engager dans un petit chemin, le bas de caisse raclant avec bruit la touffe d'herbes hautes qui séparait les deux ornières de terre sèche avant de s'arrêter au bord de l'eau.


Pendant le trajet, Lucien s'était interrogé. Il n'avait d'autre expérience des femmes que celle des dégagements du samedi soir au bordel du pays, un routier au bord de la nationale qui proposait les services d'hôtesses montantes. En ces lieux, une habile gourgandine l'avait dépucelé le soir de ces seize ans avec les cent francs que lui avaient donnés son père à l'œil complice. Si Lucien savait y faire avec les filles de joie, il ne connaissait rien aux princesses. Il était mort de peur à l'idée de saccager d'une maladresse ce début de conte de fées.


Lucien n'eut pas à réfléchir. Martine posa ses lèvres sur les siennes pour un baiser interminable de rage et de tendresse. Reprenant leur respiration, les deux adolescents éclatèrent de rire avant de recommencer. Lucien se décida alors à caresser Martine avec ses doigts, ses lèvres et sa langue sans pour autant lui ôter sa culotte trempée, écartant simplement le tissu pour accéder à la source de ses humidités. Martine haletait doucement sous les audaces de Lucien qui portait le feu d'une zone érogène à l'autre jusqu'à embrasement général. Il fut surpris qu'elle se tende brusquement en lui arrachant presque les cheveux. Le visage déformé, elle lâcha un grand cri. Pour sa part, Lucien n'en pouvait plus de cacher un émoi qui tendait ostensiblement son pantalon. Spontanément, Martine le libéra, le prit dans sa main et entreprit une caresse maladroite. Première étonnée par la hardiesse de son geste, elle s'approcha pour mieux voir la chair luisante sous la lune. Instinctivement, Lucien la guida pour l'amener encore plus près. Martine y déposa un baiser mais n'alla pas au-delà. Néanmoins, ce seul spectacle aggrava l'apoplexie du garçon qui ne put se contenir davantage. La jeune fille ne recula pas, bien au contraire. Elle ne le relâcha qu'une fois assurée qu'il en eut complètement fini. Curieuse, elle se lécha les doigts. Il n'en fallait pas davantage pour réveiller brutalement l'érection de Lucien. Martine lui demanda alors de respecter sa virginité. Elle ne se sentait pas prête à sauter le pas. Le jeune homme fit serment de respecter ce vœu. Ils se rhabillèrent et prirent le chemin du retour. En route, ils babillèrent comme deux enfants heureux d'avoir joué un tour pendable. Un très long baiser conclut cette soirée et la 4L disparut dans la nuit. Lucien, penaud mais heureux, rentra à la ferme en faisant aboyer le chien.


Le lendemain, sa mère et sa sœur se livrèrent à une agression en règle. Mis en accusation, Lucien eut beau jurer qu'il n'avait échangé que des baisers avec Martine, il ne les rassura qu'à moitié. En revanche, il ne put nier qu'il en était fou amoureux ce qui exaspéra les deux femmes. Qu'allait-il s'imaginer en sortant avec la fille d'un instituteur ? Ne comprenait-il pas qu'elle n'était pas faite pour lui ? Qui pouvait croire à l'amour d'une fille instruite et distinguée pour un garçon de ferme ? « Ce ne sont pas des gens pour nous » ne cessaient-elles de répéter. Lucien se mura dans le silence pour laisser passer l'orage. Il se découvrit alors une haine farouche pour sa sœur aînée. Dans son inconscient, recuisait aussi la haine de sa condition, la haine de cette terre ingrate de laquelle, depuis des générations, sa famille ne tirait pas assez pour les sortir de la misère.


De son côté, Martine eut une longue conversation avec sa mère mais dans un registre tout autre. La jeune fille répondit franchement aux inquiétudes maternelles. Non, elle ne s'était pas donnée à Lucien et n'avait nulle intention de le faire. Oui, ils avaient échangé des baisers mais le garçon s'était montré correct. Elle n'avait pas eu à se défendre d'audaces inconvenantes. Non, elle n'était pas amoureuse. Elle l'aimait bien, sans plus. Oui, elle avait l'intention de le revoir, au village, comment lui échapper ? Sa mère lui recommanda de ne plus se retrouver seule avec Lucien. Martine promit d'autant plus facilement qu'elle partait en vacances avec ses parents dans le Midi. Elle ne reviendrait au village que quelques jours avant de partir à la ville faire ses études. Ce serait facile d'éviter le garçon de ferme amoureux.


Au grand désespoir de Lucien, ainsi passa l'été. Martine ne le fuyait pas vraiment mais, toujours accompagnée, elle évitait de se retrouver seule avec lui en limitant leurs contacts aux banalités d'usage. Seul son regard brillait parfois de désir dès qu'elle laisser divaguer sa mémoire. Lucien se contenta de lire dans ces lueurs sataniques, que son heure reviendrait. Il attendit ce moment, en vain. Martine partit à la ville y étudier la biologie, une discipline définitivement absconse pour un garçon qui avait quitté le collège à quatorze ans avec pour tout bagage, une instruction aussi sommaire que lacunaire. Quelques jours après la rentrée universitaire, en pleine saison de la cueillette des pommes, Lucien reçut une enveloppe lavande affranchie d'un joli timbre, des dahlias rouges. L'adresse de l'expéditeur n'était pas mentionnée mais le cachet oblitéré indiquait où elle avait été postée. Sous l'œil soupçonneux de sa mère et de sa sœur qui, à regrets, avaient respecté le secret de sa correspondance, il monta dans sa chambre pour la lire tranquillement à la lumière hésitante de sa lampe de chevet.

« Mon petit Lucien,

tu m'as fait passer des moments merveilleux. Je n'imaginais pas avoir autant de plaisir avec un garçon, que dis-je, un homme ! Tes doigts, ta bouche, tes lèvres...c'était magique ! Tu es adorable. Je te suis infiniment reconnaissante d'avoir respecté ma virginité. Aujourd'hui, je le regrette un peu mais ainsi, pas de malentendu entre nous. Tu vas me manquer.

Je t'aime beaucoup,

Martine. »


Cette lecture submergea Lucien de sentiments trop forts à contenir et il pleura de bonheur en répétant plusieurs fois sa lecture à haute voix en insistant sur le «je t'aime beaucoup». Aujourd'hui encore, ces mots résonnent dans son esprit. Lucien pose son cornet, pavillon sur le genou. Il se sert un autre verre qu'il boit à petites gorgées. « Moi aussi, je t'aime beaucoup » répète-t-il à Martine, impassible sur sa toile. Il poursuit son récital avec des morceaux sud américains. Il commence par « Besame mucho », un air mélancolique et sirupeux qui le ramène à ses souvenirs.


La ville où Martine faisait ses études était trop loin de leur village pour qu'elle rentre le week-end. Lucien ne voulait pas attendre qu'elle revienne pour les vacances de la Toussaint. Il conçut alors l'idée de lui faire une visite surprise. Comme chaque samedi, lavé, rasé, peigné, parfumé et habillé de frais, Lucien alla demander cent francs pour sortir avec les copains, euphémisme de rigueur pour ne pas dire qu'ils partaient en piste et finiraient la soirée chez les filles. Son père les lui donna bien volontiers en lui recommandant de passer du bon temps. Mais Lucien avait un autre projet, aller en stop à la ville. Un gars du village avait accepté de l'avancer jusqu'au chef-lieu où passait la nationale. À vingt-trois heures, il le déposa en centre-bourg. Lucien traversa à pied la petite cité endormie pour aller s'installer à la sortie, à côté du panneau indiquant la direction de la ville, pour Lucien la direction du bonheur. La nuit, il n'y avait guère de circulation. Il lui fallut plus d'une heure pour que, enfin, une R8 bleue couverte d'autocollants tapageurs s'arrête, des gars du pays qui rentraient d'un match de leur équipe favorite, ivres de sa victoire facile sur les visiteurs. À la fin du voyage, Lucien aurait pu raconter le match mais, ce soir là, il se moquait bien du foot. À deux heures du matin, les supporters le déposèrent devant la gare centrale où il trouva un plan de la ville au dos d'une sucette publicitaire lumineuse. Il mit du temps à repérer l'adresse de Martine. Heureusement, elle n'habitait pas trop loin, dans la vieille ville. Il mémorisa le parcours et s'en fut d'un pas décidé, sourire conquérant aux lèvres.


Arrivé devant chez Martine, son idée de la réveiller par surprise lui parut subitement puérile voire incongrue. Il décida de finir sa nuit sur un banc à côté d'une église qui tournait le dos à la rivière. Vaincu par la fatigue, il s'endormit les mains croisées derrière la nuque, la tête dans les étoiles. Le soleil se levait quand les cloches le réveillèrent. Sept heures, la belle devait encore dormir. Lucien alla boire un café au bistrot du coin qui venait d'ouvrir. Il en profita pour aller faire un brin de toilette sous l'œil d'un patron d'abord indifférent puis narquois. Rares étaient les ploucs qui se perdaient dans le quartier. Quand Lucien régla l'addition, l'ironie tourna à la contrariété de devoir rendre la monnaie sur un billet de cent francs de bon matin. À l'inverse, Lucien était d'excellente humeur. Il partit en sifflotant à la boulangerie acheter croissants et chocolatines.


Arrivé devant la porte de l'appartement de sa belle, Lucien remarqua, sur la porte, un carton lavande orné de fleurettes fantaisie. Y étaient inscrits deux prénoms féminins et deux noms différents. Martine ne lui avait pas dit qu'elle logeait avec une amie mais qu'importait, il avait acheté assez de viennoiseries pour trois. Si la colocataire avait du savoir vivre, elle irait se promener pour les laisser seuls. Après avoir respiré un grand coup, il sonna brièvement. Rien! Il recommença sans plus de succès. Déconcerté, il appuya longuement sur le bouton au risque d'ameuter tout l'immeuble. Cette fois-ci, il entendit du mouvement. Quelqu'un s'approchait de la porte en maugréant. Lucien dut répéter son nom et l'objet de sa visite avant qu'on lui ouvre. L'ombre fugace d'une nymphette en pyjama rose l'accueillit avant de disparaître aussitôt. Martine sortit alors de sa chambre en chemise de nuit, les pieds nus, les cheveux retenus en désordre par des pinces prêtes à choir, les yeux gonflés entre des cils collés. Après avoir embrassé Lucien sur les joues, elle l'invita à s'asseoir en attendant qu'elle prépare du café.


Lucien s'installa sagement sur un vieux canapé avachi, très étonné de trouver autant de désordre dans cet appartement minuscule. Il souriait béat, son paquet de viennoiseries à la main. Martine revint avec un pot de café et deux bols posés sur un plateau. Lucien se porta à sa rencontre et voulut déposer un baiser sur ses lèvres mais la belle se déroba. Tête à tête devant leur petit déjeuner, Martine s'enquit de l'objet de la visite de Lucien. Elle prit alors la mesure du malentendu. Sans précautions, elle lui expliqua qu'elle avait connu un autre garçon, un futur médecin très mignon à qui elle s'était donnée avec enthousiasme. Elle était consciente que cette histoire était sans avenir, le carabin était un Dom Juan impénitent. Elle même venait d'avoir une autre aventure. Ainsi en allait-il de la vie étudiante. Martine était désolée mais elle n'était pas amoureuse de lui ni de quiconque. Abasourdi, Lucien sentit un goût de fiel dans le café. Il repoussa son bol, se leva et partit sans un mot. Martine ne fit rien pour le retenir.


Lucien, hagard, descendit l'escalier et retourna sur le banc où il avait passé sa dernière nuit pour y laisser couler de grosses larmes jusqu'à la rivière. Il passa une grande partie de la journée, le regard posé sur les flots qui emportaient ses rêves. Il rentra au village en train puis en autocar. De retour à la ferme, il aurait voulu partager son chagrin avec sa mère mais, comme chaque soir, elle s'affairait devant sa cuisinière pendant que le père lisait son journal en fumant du petit gris dans une vieille bouffarde. Lucien prétexta une grosse fatigue pour aller se coucher sans manger. Le lendemain, il alla s'occuper des bêtes avant l'aube, la rigueur de la vie paysanne lui paraissant la meilleure médication pour les peines de cœur. Encore quelques mois à passer et il irait faire son temps sous les drapeaux. Tant mieux si on l'envoyait loin, au moins il verrait du pays! Quelques jours plus tard, Lucien reçut une nouvelle lettre lavande. Cette fois-ci, il ne s'isola pas pour la lire.

" Mon petit Lucien,

je suis sincèrement désolée de t'avoir si mal reçu. Aussi, quelle idée de venir à l'improviste ! Au moins, les choses sont claires, plus de malentendu entre nous. Je devine que tu as beaucoup de chagrin mais, avec le temps, ça passera. Tu es bel homme, tu trouveras facilement d'autres filles. Tu es un garçon adorable, sérieux et travailleur. Le temps venu, tu aimeras une femme qui t'aimera et vous vivrez un grand bonheur, j'en suis certaine.

Très affectueusement,

Martine"


Plus en colère que dépité, Lucien ne relut pas la lettre. Il la jeta au feu sous le regard satisfait de sa mère qui vint déposer un baiser sur son front. Pour oublier sa déconvenue, Lucien décida de se consoler dans les bras d'une autre. Il finit par céder aux avances de la fille de l'épicier qui était amoureuse de lui depuis longtemps. Françoise était une chouette fille, toujours prête à rire comme à rendre service, une petite brune un peu grassouillette mais très coquette, toujours coiffée et maquillée avec soin, choisissant avec goût ses robes simples et bon marché. Elle était si heureuse que son Lucien se décide. Dès le premier soir, elle lui offrit sa virginité avec joie. Depuis, ils faisaient l'amour aussi souvent que possible, au hasard des prés, des granges et des meules de foin.


Lucien comprit rapidement la nuance entre l'amour et l'amitié. Il aimait bien Françoise mais il n'était pas amoureux d'elle. Pis, quand ils faisaient l'amour, lui revenait le goût de Martine et, au moment où il la retournait dans l'obscurité, l'illusion était totale. Prenant l'une pour l'autre, il se déchaînait alors sauvagement pour le plus grand plaisir de sa partenaire comblée. Plus le temps passait, moins Lucien supportait cette superposition. Sa duplicité l'écœurait. Il commença à trouver des prétextes pour éviter Françoise et leurs galipettes s'espacèrent. De son côté, la jeune fille rayonnait de bonheur en songeant à la noce qui ne manquerait pas de conclure leur belle histoire d'amour. Cependant, Lucien finit par trouver le courage de rompre. Il trouva instinctivement les mêmes mots que Martine pour dire à Françoise qu'il l'aimait beaucoup mais qu'il n'était pas amoureux d'elle. Il valait mieux en rester là. Anéantie, Françoise sanglota dans ses bras avant de s'enfuir en le maudissant.


Le lendemain, on la retrouva noyée dans la rivière. Lucien comprit d'autant mieux son geste que lui même y avait songé au plus fort de son chagrin. Accablé de honte et de remords, il n'assista pas à son enterrement. Plus taiseux que jamais, il ne quitta plus la ferme avant de partir sous les drapeaux. Enfin il reçut sa convocation, un régiment d'infanterie caserné aux marches de l'Est. La veille de son départ, il vint fleurir discrètement la tombe de Françoise. Lucien jura qu'il ne ferait plus jamais souffrir une femme.


Le jeune conscrit aima la vie militaire pour son esprit de corps et le culte de la fraternité d'arme. Il saisit l'opportunité de partir en opération en signant un contrat de deux ans pour servir au Liban avec les casques bleus de la FINUL. Il ne chercha pas à comprendre cet « orient compliqué » mais il en apprécia le climat, les paysages, le patrimoine archéologique et la gastronomie, profitant de ses permissions pour faire du tourisme avec les copains. Démobilisé, il ne revint pas à la ferme mais partit s'installer à la capitale. Recommandé par un camarade de régiment, il fut embauché dans une entreprise de peinture-décoration. Après avoir appris le métier facilement, il se montra adroit et travailleur, à la grande satisfaction des clients et de son employeur.


Aujourd'hui, Lucien a repris et développé l'entreprise conformément aux vœux de son patron parti à la retraite. Certes, il aurait pu déménager. Ses revenus confortables lui permettraient de quitter ce logement social où il habite depuis presque trente ans. Il pourrait acheter plus grand et plus chic mais la fréquentation des bourgeois comme ceux qui le font travailler ne lui donne pas envie. « Ce ne sont pas des gens pour nous » serinait jadis sa mère quand une de ses fréquentations avait le malheur d'échapper à leur pauvreté rurale et orgueilleuse. « On ne change pas impunément de classe sociale » avait pontifié un camarade cégétiste inquiet de voir l'ouvrier devenir patron.


Lucien aime sa cité pour les nombreux amis qu'il ne souhaite pas quitter. Chez lui quoique locataire, il se sent bien. Il peut y jouer du cornet quand il en a envie et, loin de se plaindre, les voisins le complimentent. Ce matin, il joue pour sa bien aimée. Lucien fait une pause. Il se lève et regarde le paysage par la baie vitrée. À ses pieds, un large fleuve encaissé dans son lit charrie perpétuellement dans les deux sens, des millions de véhicules prisonniers d'une ronde infernale. Lucien sourit, heureux d'être du bon côté du périphérique. Il se ressert à boire, reprend son cornet et attaque « Manha de carnaval », la musique suave et ténébreuse du film « Orpheo negro ». Persuadé que, depuis son tableau, Martine l'y invite, il reprend le cours de ses souvenirs.


Quelques années après son installation, Lucien reçut une invitation à la noce d'un cousin qu'il aimait bien, une occasion de retrouver la famille, les copains et le village où il venait rarement. Élégant sans être endimanché contrairement à beaucoup, il rejoignit ses amis d'enfance pour moitié éparpillés aux quatre coins du pays. Le temps d'aimables retrouvailles autour de fillettes de vin blanc, ils attendaient de former cortège pour se rendre à la mairie.


Dans la salle des mariages, Lucien tressaillit. Il avait repéré Martine au bras d'un homme, sans doute son mari. Toujours aussi jolie, elle n'avait guère changé. Après avoir fini ses études, elle avait épousé un pharmacien avec qui elle travaillait dans le laboratoire d'analyses qu'ils avaient racheté. Elle lui avait donné deux beaux enfants dont l'aînée était demoiselle d'honneur. De loin, Lucien la salua brièvement en hochant la tête puis, tout au long de la cérémonie, il veilla à ne plus croiser son regard. Jusqu'à la pièce montée, il passa le banquet assis avec les siens. Apparentée avec la mariée, Martine siégeait de l'autre côté de la salle. Vint le moment de danser sous la conduite d'un jeune DJ qui sut réveiller l'assistance en alignant les standards de la variété française, Claude François et ses magnolias en tête. C'est alors que Martine se présenta pour inviter Lucien à danser. Il refusa, elle insista, il s'obstina, elle eut gain de cause. Comme la première fois, Lucien se surpassa en conjuguant force et souplesse. À bout de souffle, il ne fut pas autrement surpris que Martine l'invite à la suivre dehors. Elle le conduisit un peu à l'écart et, après s'être assurée que personne ne pouvait les voir, elle prit son visage dans ses mains pour l'embrasser.


Lucien retrouva le goût de ses lèvres, le soyeux de ses cheveux, le galbe de ses seins, la douceur de sa peau. Martine lui dit qu'elle se souvenait très bien qu'il savait y faire avec les femmes, bien mieux que son mari peu porté sur la chose. Elle avait jadis apprécié qu'il ait respecté une virginité qu'elle aurait préféré lui offrir plutôt qu'à ce jeune interne des hôpitaux qu'elle avait suivi pour sa décapotable. Elle avait regretté d'avoir été si dure avec lui quand il était venu à l'improviste. Elle était si heureuse de le retrouver ce soir. Rendu sourd par le désir, Lucien ne l'écoutait pas. Après des préliminaires bâclés, il l'entreprit sauvagement. Trop vite, la malheureuse se raidit en poussant un cri rauque. Mais Lucien en voulait davantage et il la retourna sur les genoux. Au lieu de se débattre, Martine s'offrit de bonne grâce, encourageant la saillie de cris obscènes auxquels il répondait par des insultes. Lucien attendit qu'elle se torde à nouveau en gueulant pour en finir, sans un mot. Les deux amants se rajustèrent et rejoignirent la noce séparément. Ils n'eurent plus d'autre contact de la soirée qui s'acheva dans la liesse au petit matin.


« Mon petit Lucien,

j'ai été si heureuse de te retrouver. Tu es vraiment le meilleur amant que j'ai jamais eu. Toi seul sait vraiment me faire jouir et je t'en remercie infiniment. Mon destin eut été autre, je crois que je serais tombée amoureuse de toi mais nos routes ont bifurqué et, aujourd'hui, nous avons chacun nos vies. Ne regrette rien, je crois que je ne suis pas faite pour la fidélité. Comme ça, pas de malentendu entre nous. En attendant notre prochaine rencontre, tu vas me manquer.

Je t'aime beaucoup,

Martine. »


Incrédule, Lucien lisait la lettre lavande qu'il avait reçue quelques jours après la noce. Ainsi n'étaient-ils faits que pour être amants, et encore, juste le temps de parenthèses improbables. Amer, il en prit son parti. Au moins, conformément à sa promesse, ne ferait-il souffrir personne. Il brûla la lettre dans un cendrier et il reprit le cours de sa vie solitaire. Lucien ne chercha pas à revoir Martine mais Cupidon se chargea de les réunir de temps à autres, toujours avec le même diable au corps.


Aggravée par un début d'ivresse, cette évocation réveille les sens de Lucien qui cesse de jouer sans finir son morceau. Il se souvient que chacune de leurs séances, pour rares qu'elles aient été, furent des moments d'exception. Après avoir été gentiment consentante, un joli jouet à la disposition de ses fantaisies, Martine s'était révélée des plus entreprenante et pleine d'imagination, faisant passer pour amatrices éclairées, les professionnelles avec qui Lucien soignait sa solitude. En reprenant un autre verre de vin, Lucien lui susurre ces mots crus qui achèvent de la bouleverser pendant leurs ébats. Ces rêveries lui donnent envie de tango. À défaut de pouvoir danser, il se met à jouer la « Cumparsita », un air lugubre et sensuel qui le ramène à l'actualité.


Du temps passa jusqu'à ce que dernièrement, Lucien soit surpris par un appel téléphonique de Martine. Après quelques banalités, elle en vint au fait. Son époux parti avec une jeune assistante, elle venait de divorcer. Son moral au plus bas, elle avait envie de le voir. Pas dupe, Lucien ne chercha pas à la consoler mais lui proposa de passer le week-end suivant au bord de la mer. Elle accepta volontiers. Il passerait la chercher le samedi matin.


Le jour dit, Martine l'attendait sur le trottoir en bas de chez elle. Quand un coupé Audi blanc émit un bref coup d'avertisseur, elle ne se sentit pas concernée. Le signal se répéta et elle reconnut Lucien au volant. En s'installant à la place passager, elle lui fit part de sa surprise à le voir dans une si belle auto. Lucien sourit. Il n'avait pas l'habitude d'afficher sa réussite sociale. À peine sortis de la ville, Martine s'endormit. Lucien alluma son lecteur de CD et choisit de la musique cubaine qu'il accompagna en chantonnant et en pianotant sur son volant. Il était si heureux.


Deux heures plus tard, il se garait devant l'entrée du Grand Hôtel. Il réveilla Martine qui fut très étonnée qu'un groom lui tienne la porte, qu'un autre porte leurs bagages, qu'un voiturier aille garer leur véhicule. Elle fut épatée d'entendre le concierge appeler Lucien par son nom, encore plus que le directeur vienne en personne les accueillir. En partageant le champagne de bienvenue qui les attendait dans la chambre, Lucien expliqua que la chaîne d'hôtels comptait parmi ses bons clients. En rangeant ses vêtements dans la penderie, Martine s'aperçut qu'elle n'avait emporté que des tenues de sport car elle s'attendait à un hébergement moins onéreux, un petit hôtel de charme par exemple. Contrariée de ne pas avoir de toilette assortie à un tel luxe, elle reprocha gentiment à Lucien de ne pas l'avoir prévenue. Qu'à cela ne tienne, rétorqua-t-il en riant, ils iraient dévaliser les boutiques l'après-midi. Rien ne lui ferait plus plaisir de lui offrir une jolie robe et les accessoires qui allaient avec. Martine lui sauta au cou. Elle ne le lâcha qu'après avoir fait l'amour sans même ôter le couvre-lit.


Lucien fit servir le déjeuner dans la chambre, un menu aussi léger que savoureux. Après l'inévitable sieste, ils partirent bras dessus, bras dessous, visiter la ville, une station balnéaire prisée de la haute société comme des peintres de paysages depuis plus d'un siècle. Malgré de nombreux immeubles regrettables qui avaient remplacé les belles villas du front de mer, elle n'avait pas perdu son charme. Martine demanda conseil à Lucien avant de choisir sa robe et ses escarpins mais elle refusa de lui montrer les articles de lingerie pour ne pas gâcher l'effet de surprise. Elle le pria d'attendre à la terrasse d'un café pendant qu'elle se faisait coiffer. Quand ils pénétrèrent dans la salle à manger du Grand Hôtel, Martine, plus somptueuse que jamais, attira les regards des clients comme du personnel. Lucien était très fier d'avoir une si jolie femme à son bras, la femme qu'il n'avait jamais cessé d'aimer. Après dîner, ils partirent boire un verre et jouer quelques plaques au casino. La nuit, ils ajoutèrent une page à l'anthologie de leurs ébats. Le lendemain, ils allèrent se promener sur la plage rejouant la scène culte du film « Un homme et une femme ». Le plateau de fruits de mer du déjeuner réveilla leurs sens. Après une dernière sieste, ils rentrèrent à la capitale.


Comme à l'aller, Martine s'endormit peu après le départ. En la regardant, Lucien prit conscience d'un changement déterminant dans leur relation. Il n'était plus amoureux de cette femme. Certes, elle restait très belle mais elle n'était plus celle qu'il sublimait depuis qu'il avait accroché son image dans son séjour. Ce constat le mit en joie. Enfin, il n'aurait plus à souffrir de ces cartes lavande qui ne lui avaient apporté que de la douleur. Enfin, ils allaient être amis et les perspectives qui s'ouvraient ainsi le rendaient euphorique. Quand Lucien déposa Martine devant chez elle, ils étaient trop émus pour échanger le moindre mot.


« Mon petit Lucien,

tu m'as fait passer un week-end inoubliable. Je te savais adorable comme ami, infatigable comme amant mais au court de ce séjour, j'ai découvert un vrai gentleman. Tu as su me soustraire à la mélancolie dans laquelle je me complaisais depuis mon divorce. Ainsi en va-t-il des femmes trahies qu'elles perdent toute estime d'elle même. Toi, tu as su me redonner confiance et, dans tes bras, je suis redevenue femme. Tu as réveillé des sensations et des sentiments que je croyais endormis à jamais. Quel bonheur !

Je t'aime,

ta Martine. »


À bout de lèvres, Lucien termine son récital et range son cornet. Il regarde la lettre lavande. Pas besoin de la relire, il connaît déjà par cœur ces quelques phrases qu'il a attendues toute sa vie et qui ne rencontrent plus aucun écho en lui. Pire, il entrevoit parfaitement le gisement de douleur que recèle ce « je t'aime » qui n'est plus partagé. Cette phrase de trop lui rappelle cruellement le serment qu'il a jadis prêté sur la tombe de cette pauvre Françoise. Aujourd'hui comme hier, plus question de faire souffrir une femme et encore moins Martine. Alors, contrairement aux envois précédents, Lucien décide de répondre par écrit. Du tiroir de son secrétaire, il sort un bristol vierge et son enveloppe assortie, attrape un feutre noir dans un bol à crayons, s'installe à table et se met à écrire :


«Martine,

comme tu me l'as maintes fois répété : pas de malentendu entre nous ! Je ne suis pas « ton petit Lucien » et je ne le serai jamais. Je suis heureux d'être ton ami et ton amant mais je ne suis plus du tout amoureux de toi. Tu es intelligente, instruite, élégante, jolie et très sensuelle, Tu trouveras facilement un autre homme à ta mesure. Dans cette attente, je crois qu'il vaut mieux ne pas nous revoir.

Bien amicalement,

Lucien »


Lucien glisse le bristol dans l'enveloppe sur laquelle il écrit l'adresse de Martine, tire sur la bande autocollante de fermeture, colle un timbre et va poser la lettre sur le buffet. Ensuite, il décroche le tableau de Domergue sans le regarder. Il le porte dans sa chambre où attend une nouvelle toile dont il a défait l'emballage avec précaution avant d'aller l'accrocher en lieu et place du précédent. Ce tableau est un portrait d'une de ses actrices préférées, Stéphane Audran peinte par Yves Thos, le célèbre affichiste des années soixante. Sur fond noir, le tableau représente la vedette vêtue d'un fourreau vert, les cheveux roux coupés au carré. Son regard émeraude et ses lèvres rouges légèrement entrouvertes invitent le spectateur à bien des rêveries. Lucien passe un doigt sur le sourire de l'actrice, heureux d'avoir enfin tourné la page.




  • Vindicatif le monsieur, légère la dame, l'un dans l'autre (sic) ils ont ce qu'ils méritent ...

    · Il y a presque 8 ans ·
    Sorci%c3%a8re

    sortilege

  • une très belle histoire... j'ai suivi avec délectation les états d'âme, l'amour et le désamour de Lucien;;; Bravo Jef...

    · Il y a presque 8 ans ·
    12804620 457105317821526 4543995067844604319 n chantal

    Maud Garnier

  • BONNET A RAS DE TERRE pour ton récit enlevé ! Au fur et à mesure de la lecture, je m'immergeais de plus de plus dans ton univers tant ta plume est visuelle ! C'est aussi une belle leçon de vie, ces deux routes qui se sont croisées au mauvais moment ! j'ai adooooré le retournement de situation ! A lire sans modération ! GENIALISSIME !!! Bisous et douce soirée loin de ce monde écervelé ! à bientôt !!

    · Il y a environ 8 ans ·
    Epo avatar

    Christine Millot Conte

    • merci d'avoir aimé mon petit Lucien ... bisous bisous

      · Il y a environ 8 ans ·
      Jef portrait

      Jean François Guet

  • J'ai bien aimé cette nouvelle ;-))) c'est chouette les références artistiques communes à vos textes, bravo!

    · Il y a environ 8 ans ·
    Loin couleur

    julia-rolin

    • merci d'avoir aimé
      ici, je publie des nouvelles dont les arts plastiques constituent le fil rouge ... comme nous disions à l'Ecole, c'est un parti ;-)

      · Il y a environ 8 ans ·
      Jef portrait

      Jean François Guet

  • Tu m'as fait me retourner à mon passé, mon adolescence ....à nouveau, merci Jef !

    · Il y a environ 8 ans ·
    Default user

    Emmanuelle Girard

  • C'est chouette de retrouver cette nouvelle que j'avais beaucoup aimée ...

    · Il y a environ 8 ans ·
    Img e0898

    Marie Guzman

    • Oui mais je l'ai retravaillée et j'ai changé la chute ... merci de ta visite ... bisous bisous :-)

      · Il y a environ 8 ans ·
      Jef portrait

      Jean François Guet

    • oui je me souviens de la précédente version mais celle ci me plait aussi

      · Il y a environ 8 ans ·
      Img e0898

      Marie Guzman

  • très amusant à lire entre flirts poussés et balouses d'autrefois, barrières sociales des unions , le jeu de la réussite et du fric sur la séduction, mais pas que ;-) .. y'a du Lucien en toi ? (cornet à pistons)

    · Il y a environ 8 ans ·
    Default user

    Joelle Teillet

    • Non ... je ne suis ni Lucien ni Martine ... mais forcément un peu des deux, paternité oblige ... merci d'avoir aimé .... bisous bisous

      · Il y a environ 8 ans ·
      Jef portrait

      Jean François Guet

  • Et si ce n'est pas une histoire vraie. C'est bien ficelé mon vieux Lucien... j'ai beaucoup aimé la montée de l'amour fou et tellement idéalisé par ce romantique et puis aussi la débandade, si j'ose écrire... C'est une belle très belle nouvelle! Kissous de tout coeur jeff!

    · Il y a environ 8 ans ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

    • merci Vivi, mes nouvelles et leurs personnages sont des fictions 100% fictives, seul le cadre est réel et, autant que possible, bien restitué ... merci d'aimer me lire ... bisous bisous ;-)

      · Il y a environ 8 ans ·
      Jef portrait

      Jean François Guet

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