LUNDI EN MAI

Isabelle Revenu

Tout d'abord,  faut que je vous dise que ce qui m'arrive aujourd'hui est tombé à point nommé. A pic, si vous préférez. 
Lundi, c'est mon jour de repos. Mais j'aime me lever tôt. J'ai déjà perdu tant de temps à attendre.
Vous allez voir qu' "à  pic " c'est le mot qui va trop bien. 
Comme " couler à pic " ...
C'est con parce que j'aurais préféré " couler à coeur ".
Non, bande de sagouins ignares, pas comme ces vieux camemberts qui vous sortent d'une pièce d'une traite.
Juste" couler à coeur" parce que trop tendre, trop envie, trop d'attente.
Seulement entre ce qu'on désire si fort et le résultat, y a une marge. Celle que l' Autre se garde bien de franchir.
L" Autre " ... Celui qui menotte son coeur au vôtre. 
Celui qu'on voudrait sien en secret. Qu'on aime sans penser à mal. Qu'on attend avec persévérance et obstination.
Pourquoi ?
Si je le savais, je ne me poserais plus la question.

Oh, un piaf !

C'est con, j'ai pas d'appétit. J'ai rien commandé à part mon café. Le piaf s'envolera vers des cieux plus cléments.

Bref.
Après trois cafés à la terrasse du Terminus, devant la gare routière du même nom et ma dose de nicotine largement entamée, j'attendais. Façon Reine Mathilde et le Retour du Guerrier. 
Un companero qui nous ressemble.

Au début, ça allait, étant donné que ce n'était que le début de l'attente. Et que mon pendule qui est sensé ne jamais se fourvoyer m'avait assuré que oui, assurément, il allait venir. Pour moi, à ma rencontre.
Mais de chevalier point. 
Ni félon, ni servant. 
Ni maître, ni gredin.
Ni au ponant, ni au zénith.
Ni imposteur illusoire.

Midi trente. Juste moi et mon double Expresso vide. 
Mon cendrier à claire voie plein. 
Mon coeur en solitude.
Et toujours en attente d'un miracle de dernière minute.

Je suis restée avec mes souvenirs cognant à la porte de ma mémoire têtue. Une rengaine. Un film que l'on se repasse tant on est certaine d'avoir rêvé.

Quelle conne je suis !
J'aurais pu y passer la nuit y compris le restant de mes jours sans que rien ne change d'un iota dans le décor de quai de gare.

- Isa, t'es simplement d'une humeur rêveuse. Rien d'autre.

Qu'est-ce que vous voulez ? Et qu'est-ce que j'y peux surtout ?

La Vie et la délivrance se paient cash. Et pas toujours dans l'euphorie.

Au retour, j'ai payé un supplément à cause du poids de mes illusions perdues. 

J'ai demandé au chauffeur : 

- Puisqu'elles sont perdues, pourquoi me compter un supplément ?

Cet abruti m'a répliqué :

- Le règlement, c'est le règlement. Et ne comptez pas sur moi pour vous expliquer quoi que ce soit !

Abruti de mes fesses. 

A quand une assurance tous risques sur le bonheur ?

Suis bien certaine qu'ils feraient leur beurre avec de pareils dossiers.
Suffirait d'une petite signature illisible au bas de chaque page. Et d'une suite de pattes de mouche en guise de signature. 
D'acquis.

C'est là toute la question.
Acquis. Mais à qui ?

Pas à moi en tout cas.
Je marche quotidiennement en terrain miné.

Viens Sun, le chat, on va faire un gros câlin.
J'en ai sacrément besoin.

  • Merci de me lire, ça me fait beaucoup de bien :)

    · Il y a environ 10 ans ·
    14359189 1073760769397833 1300900157125253032 n

    Isabelle Revenu

  • Moi, j'appelle mon chat, tout de suite…

    · Il y a environ 10 ans ·
    Avatar

    nyckie-alause

  • Merci pour ce texte ... Je m'en vais m'en faire un. De café ....

    · Il y a presque 11 ans ·
    Illustration campagne avc

    lounalovegood

  • Récupérez vos illusions à la consigne! Les vôtres ou d'autres! Le doux final avec un chat... JE SUIS UN ADORATEUR DES CHATS jusqu'au bout des vibrisses... Au fait, vous avez bien réglé vos cafés? C'est pas clair!

    · Il y a presque 11 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

  • Bonjour tristesse...
    Beaucoup d'erreurs de l'esprit, faisant prendre des apparences pour des réalités, et d’illusionnistes trompeurs et truqueurs, mais pas d'assureur, pas plus que de marchand de BONHEUR. Sans doute pour la bonne raison qu'il n'est pas monobloc mais fabriqué d'infimes particules, instants, parfois insignifiants, formant une fragile pellicule recouvrant les journées de nos vies si courtes et si longues aussi parfois...
    Pour la formation de cette pellicule étincelante, il faut la vouloir et la voir, peut-être vouloir la voir ou vouloir l'avoir, une aptitude au bonheur en quelque sorte. Chose que ne possèdent pas les personnes se délectant dans la morosité. Dommage !

    · Il y a presque 11 ans ·
    1 384106 512832682061670 1999619892 n 1 92

    horoscopus-lobservateur-du-temps

  • Bleuterre mdr ;)
    Bisous Mathieu et caresses au petit ch(ien)at

    · Il y a environ 11 ans ·
    14359189 1073760769397833 1300900157125253032 n

    Isabelle Revenu

  • Oui, une écriture qui coule tout seul, mais le café, faut que je m'en occupe...il coule pas tout seul. Allez j'y vais !

    · Il y a environ 11 ans ·
    Sdc12751

    Mathieu Jaegert

  • toujours cette écriture si fluide, qui coule toute seule (pas comme le camembert, attention ! Mais comme un petit caf' à la terrasse....

    · Il y a environ 11 ans ·
    120x140 image01 droides 92

    bleuterre

  • Merci Choupette ... :)

    · Il y a environ 11 ans ·
    14359189 1073760769397833 1300900157125253032 n

    Isabelle Revenu

  • Et un café, un! Pour attendre...Un pour patienter...un pour décider de vivre sans attendre.
    J'aime beaucoup le à pic, le piaf et le poids des illusions en supplément!

    · Il y a environ 11 ans ·
    59577 1501068244230 1159900199 31344222 178986 n 465

    Choupette

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