Lyselotte au fil du temps.

lyselotte

Extrait de Jeux de dame

Extrait de Lyselotte au fil du temps;

"— Belle, murmure encore le vent sur son cou palpitant. Une comète humide divague vers ses seins que le voile ne cache plus.
Bertin, car c'est bien lui, très au fait des toilettes féminines et de leurs mystères, a tôt fait de trouver lacets et boucles qui libèrent.
Le bustier glisse sur les épaules, emprisonnant les bras dans une camisole qu'en folle, elle appelle.
Fissure...
La chrysalide se fendille, se sépare, choit au sol dans un froufrou langoureux, donnant vie à la nymphe d'albâtre qui s'épuisait dans ce cocon. Elle est rousse !
Une rousse de lait, mousse de caramel. Ses seins chapeautés de cabochons corail sont moins opulents que ne le laissait penser le décolleté trompeur, mais qu'importe. Il n'a jamais eu de rousse.
Et elle, languide, qui s'offre comme un dessert, pliant les genoux pour mimer la pâmoison, entraînant dans sa chute alentie le valet qui soupire.
Inspire, respire, renifle. L'homme sent.
Le creux du cou, l'aisselle où dort un bébé écureuil enroulé sur lui-même. Le nombril agâtine, coquillage perlé posé au ventre rond.
Il hume, le frisottis d'ambre au mitan de ses cuisses.
Il trouve, dans tous ces p'tits creux, des arômes de plantes. Fenouil, sauge, menthe poivrée, citronnelle. En parfait jardinier, il déniche chacune de ses senteurs. Elle est fille de nature, saupoudrée du délice des fleurs.
Et elle soupire, un bras sur le visage...
Bertin remonte vers son cou, passe, avec la délicatesse qu'il réserve d'ordinaire aux pétales de roses, deux phalanges sous la perruque poudrée, et décachette la belle...
Un farfadet ! Les épis libérés lui donnent un air magique, remisant presque aux oubliettes la folie sensuelle dont elle semblait pétrie, coiffée de faux semblant.
Les paupières closes, elle ressemble à un de ces elfes qui peuplent les forêts. Le front est haut, scarifié de copeaux de cuivre roux collés à la peau comme des guillemets en protestation. Les sourcils, maintenant qu'il les voit de près, sont saupoudrés d'or et les cils, comme de petites chenilles rousses, frétillent sur des yeux dont il perçoit les mouvements involontaires. Le nez, droit et aigu, apostrophe audacieuse, palpite, détecte, découvre, en même temps que lui contemple."


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