Ma mère et la nuit

unrienlabime

Faut il que la nuit tapisse les ombres pour que les étoiles puissent briller dans le ciel, la maisonnée dort à une heure où les feuilles des arbres se font muettes, les murs des maisons se font épais, les silences des chambres se font  impénétrables, l'appel de la nuit est comme un  cri qui se dissout dans l'oubli. Dehors les étoiles brillent à qui mieux mieux, seuls quelques nuages intrépides osent l'affront. 

Ma mère me manque , ses mots, son sourire, son rire me manquent, l'exil est un cœur forteresse  bâtie de murs friables au moindre souvenir, la source de l'âme tarit parmi des visages inconnus, ceux là mêmes qui me plaquent ma différence, ceux là mêmes qui me sourient le jour,  ceux là m'aiment qui ne m'aiment pas comme tu m'as aimée, pour combien de temps encore faut il choisir son camp ou se taire à jamais, je ne suis d'aucun bord, j'ai le cœur qui déborde, j'ai cru à l'amour comme d'autres croient à la haine mais pour combien d'heures encore,  auront ils gain de cause, il suffirait de faire semblant, faudrait il continuer à écrire car la feuille du chêne ne se demande pas pourquoi elle ne ressemble pas à celle du peuplier ni la tortue pourquoi elle n'a pas la peau luisante du crapaud, elle se contente de porter sa carapace et de montrer le nez quand ça lui plait. 

Ma mère me manque avec atrocité car son regard m'habille, me couvre, me ranime et me grandit. 

Que reste t il de mes croyances dans un monde qui croit en tout, que reste t il de nous, que reste t il de la puissance des mots noyés dans le silence de la  nuit des hommes qui se définissent humains sans visages et sans traits, que faire, faire et laisser dire, que dire, dire et laisser faire. 

Maman aime moi encore ne m'oublie pas, pense à moi, fortifie moi de ton regard, aide moi à retenir la force qui coule.

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