Mauvais goût
ysabelle
Alors d'abord...pardon à ceux que je vais choquer. Parce que je sais que je vais le faire. Ensuite, c'est un premier jet pour un concours. Ayez la critique lourde et acerbe. Je la mérite!
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Christian longe maintenant les bâtiments. Le jour se lève. Sa démarche est légère, il sifflote. C’est à peine s’il n’esquisse pas un pas de danse. Il sort un paquet de cigarettes de sa poche, en prend une et la porte à ses lèvres. Il protège la flamme de son briquet du creux de la main, plisse les yeux au moment où il aspire la première bouffée et exhale avec plaisir en rejetant la tête en arrière.
Elle était belle Gabrielle. Il se remémore le rouge de sa robe. Du début à la fin, la même couleur pourpre. Juste, avant de partir, elle s’est étendue au tapis, comme si la robe se fondait dans le sol. Il sourit, il revoit le tableau, il lui plaît. Tout était parfait, il était sur la bonne voie. Mais Gabrielle.
Un site sur internet, leurs mots qui se font l’amour, se tournent autours, s’allèchent et se désirent. Il savait faire languir un corps, attiser l’étincelle que naît dans le ventre, donner envie jusqu’à la caresse solitaire et surtout, laisser germer le manque. Trop facile ! Elle a galopé la biche. Le rendez-vous était pris. Vendredi soir, dix-neuf heures, un restaurant, des chandelles et sa bouche, cerise à croquer pour le dessert. Christian est plutôt bel homme, grand, athlétique, soigné, l’image correspond au message. A ce sujet, il ne trompe pas. Il ne ment jamais d’ailleurs. Gabrielle n’y voyait que du feu. Le repas s’est déroulé dans la douce euphorie des rencontres galantes. Ils étaient légèrement éméchés, timidement désinhibés, et leur conversation s’est poursuivie sur le ton mutin de leurs échanges virtuels. Gabrielle se mordait la lèvre inférieure lorsqu’elle devenait grivoise, regardait Christian en se cachant derrière ses cheveux, baissant la tête, malicieuse. Christian n’avait même pas besoin de faire des efforts pour la séduire, elle était déjà dans son lit et ses avances étaient claires. Elle en bavait à attendre la petite ! Ses jambes se croisaient et se décroisaient sous la table, Christian pouvait sentir celles-ci le frôler. Le pied s’attardait le long de sa cheville et la lèvre était mordue…à nouveau. Lui-même avait du mal à garder son sang froid. C’est vrai qu’elle était aguichante la coquine, mure, sensuelle, oserait-il dire juteuse à souhait…
Le prétexte du dernier verre. Ils sont montés chez elle. La porte de l’ascenseur n’était pas encore fermée qu’ils étaient bouche contre bouche, leurs langues à la recherche des profondeurs qu’ils allaient pouvoir explorer. Titubants, excités, pas même le temps d’arriver à la chambre. Il a soulevé sa robe, arraché sa culotte et s’est planté en elle comme le ferait, quelques heures plus tard, le couteau trouvé dans la cuisine, lacérant le délicat tissu de peau, faisant craquer les côtes lorsqu’il l’a tourné d’un coup sec.
Mais, à l’heure actuelle, Christian se promène. Il passe chez le boulanger, cherche ses clefs dans la poche de son blouson et rentre tranquillement chez lui. Il se prépare une bonne tasse de café, beurre sa baguette, y coule la confiture de fraise et mord à belles dents. Sa nuit lui a ouvert l’appétit. Il débarrasse la table, nourrit le chat et s’installe à son bureau. Voyons si les derniers évènements lui ont apportés un peu d’inspiration ? Christian écrit. Son dada, ce sont les concours de nouvelles. Alors Christian fait en sorte que ce qu’il raconte soit plausible et crédible. Il expérimente d’abord.
Il y a six mois, le thème imposé était « la ferme dans tous ses états ». Il s’était mis au vert. Bottes en caoutchouc, salopette maculée de boue. Entre les bêtes et les moissons. Le rat des villes s’était transformé en rat des champs. Le vieil Albert et la bonne Germaine l’avaient accueilli chez eux, tout heureux de pouvoir partager leur vie rythmée par les saisons, ils ont ouvert la porte de leur ferme. Le corps de logis dans un coin de la cour parsemée de mottes de terre et de foin. La cuisine où il avait bu la soupe de Germaine, affalé sur le banc, les coudes collés à la nappe en vinyle. Vous savez, ce potage avec des gros morceaux de légumes et de viande, celui qui tient bien au corps, parce qu’il en faut de l’énergie pour s’occuper des vaches. Il a même eu l’occasion d’enfoncer son bras jusqu’à l’épaule dans le vagin de la vache, elle vêlait et de se mettre de la merde partout. Christian a décrit Albert et Germaine comme des personnes sales et sans intérêt, les animaux comme des morceaux de viande déjà prêts pour l’abattoir, la volaille caquetante et les cultures froides, rectilignes et sans âme. Et il planait l’odeur aussi… et le dégoût. Quand ils ont lu, ils n’ont pas aimé. Christian n’a pas aimé qu’ils n’aiment pas. Mais il a pris du plaisir à entendre leurs os craquer dans la moissonneuse et à voir le chien se lécher les babines sanguinolentes après les avoirs mangé. Il était réconcilié avec le vert.
La fois précédente, il était question du désert. Un truc du style « Touareg mon amour ». Christian a suivi une caravane pendant deux mois. Calquant ses manières sur les habitudes autochtones. Il s’est coiffé d’un chèche pour se protéger du vent, de la chaleur et du froid. Le soleil a tanné sa peau de blanc. Il a pris le thé vert avec les chefs. Il tremblé lors nuits glacées, sué jusqu’au malaise lors des journées de fournaises. Il s’est occupé des chèvres faméliques gavées à la broussaille épineuse, a bu leur lait, parfois mangé leur viande coriace. Il ne pouvait pas accéder à la plénitude issue du silence et des grands espaces, à l’abandon au bon vouloir de l’eau. Il est resté fixé sur le sable qui gratte entre les orteils et qui irrite les yeux, les tempêtes qui ensevelissent, la langue rauque et gutturale de ses compagnons de route qui lui brisait les nerfs. Christian était hermétique. A sa décharge, il n’avait d’yeux que pour Zorha aux yeux jaunes et à la peau de miel. Son iris était un champagne pétillant et sa gorge pleine, une promesse de volupté. Elle savait danser Zorha, ses hanches se mouvaient de façon hypnotique et Christian n’échappa pas à son pouvoir. Et il écrivit… Ses poèmes d’amour étaient comparables à des chants d’animal en rut. Vigoureux, obsessionnels, pornographiques. C’était du brut, loin des sous-entendus érotiques. Du genre, boire au calice de sa féminité devenait lui lécher la vulve jusqu’à ce qu’elle engloutisse sa langue dans un spasme. Et Zorha était mariée… Son mari n’a pas aimé, elle s’est contentée d’un petit rire gêné. Christian, vexé, s’est éloigné dans les montagnes qui bordaient le camp. Un rocher qui se détache, puis deux, l’un cognant l’autre, avalanche de pierres en déroute, et des os qui se brisent, des bras, des jambes, une nuque malheureuse, une symphonie qui berçait Christian. Pour la première fois, il a levé les yeux avec le soleil et admiré le ciel rougeoyant de l’aurore.
Christian arpente son bureau, nerveux. Les mots ne viennent pas. Le chat, vautré sur l’appui de fenêtre l’observe distraitement. On toque à la porte. Christian ouvre. C’est la voisine. Elle tient dans les bras son bébé de huit mois. Elle semble contrariée.
- « Excusez moi de vous déranger mais ma mère vient d’être victime d’un accident. On vient de m’appeler des urgences. Je dois absolument m’y rendre mais je ne peux pas avec ma fille. Je sais que c’est sans doute trop demander mais serait-il possible que vous la gardiez quelques heures ? »
Christian reste sur le flanc. Comment ose-t-elle ? Si elle savait.
Mais pourquoi pas après tout. Un bébé. Pourquoi pas ?
- « Pas de souci, laissez la moi. Je vais prendre votre numéro au cas où (toujours rassurer une mère). Tenez-moi juste au courant.
- Merci ! Merci ! Je file ! A charge de revanche !
… Ne me remercie pas trop vite…
Christian se retrouve donc avec l’enfant sur les bras. Il se met à ricaner. « Ange noir, belliqueux tonton, soit gentille petite fille ». Elle rit avec lui, un rire clair et innocent. Elle pense qu’il va jouer, faire risette, elle mime son visage. Au départ, ça l’amuse. D’ailleurs, il finit par céder à une franche hilarité. Mais bientôt, les pleurs de faim et la puanteur d’un lange à changer. Christian maugère. Il se dit que ce sera facile finalement. Il prend la petite par les pieds et fracasse sa tête violement contre le mur. Le doux bruit tant aimé l’apaise. Le bris de crâne. Satisfait, il retourne à son bureau et se remet au travail.
Cette fois, c’est un concours de nouvelles policières. Gabrielle aurait du être la dernière. Cette fois, il va gagner ! Il a un entrainement du tonnerre et en plus, l‘assassin est intouchable ! Bonne ou mauvaise nouvelle ? Il fume, serein, assis en face de la fenêtre grand ouverte. Il commence à faire sombre. Christian pense qu’il va changer de dada. Le son des os qui craquent c’est sympathique aussi.
Merci pour vos commentaires. Je vais retravailler le texte...si j'arrive à me replonger dans cette ironie macabre dont j'ai été la première surprise
· Il y a presque 13 ans ·ysabelle
Mais non Ysa ce n'est pas de mauvais goût juste une déplorable réalité, pour les conseils en général et même en bidasse je n'aime pas en distribuer mais une petite réflexion : peux-tu travailler un peu plus le spychologie de ton personnage , son enfance simplement évoquée, son parcours formatif,(un exemple le fait de tuer des animaux à un âge précoce).J'attend la suite avec impatience
· Il y a presque 13 ans ·franek
Bonjour Ysa, cette nouvelle est plutôt jubilatoire, et me rappelle un film avec Benoit POELVORDE, diffusé sur les écrans il y a une quinzaine d'années. Votre texte est perfectible certes mais prometteur : la scène du bébé est un peu expédiée, celle des rochers mériterait d'être expliquée. Mais j'ai aimé, continuez ce style de nouvelle est plaisant.
· Il y a presque 13 ans ·valjean
C'est très bon Isa, on ne s'ennuie pas et c'est bien écrit (manque qque chose en fin de page
· Il y a presque 13 ans ·..)mais bon.
Bravo c'est Jekill à souhait à moins que ce soit Hide.
CDC
jb0
Continue j'ai dit! ;-)
· Il y a presque 13 ans ·ysabelle
je vais alléger la lecture mais le sens est là ... quand je corrige les livres des autres je suggère beaucoup et mon regard est souvent surprenant... je joue avec l'auteur , l'énerve et ... je ...
· Il y a presque 13 ans ·Pawel Reklewski
( Il sourit, il revoit le tableau, il lui plaît.) trop de répétitions... il, il, il en neuf mots... il faut alléger pour faire place à d'autres informations ... et cette fois-ci deux verbes trop seuls ...
· Il y a presque 13 ans ·Pawel Reklewski
Avant Gabrielle? J'étais partie pour en tuer encore et encore mais bon il faut rester sage...
· Il y a presque 13 ans ·ysabelle
( Du début à la fin, la même couleur pourpre. ) faudrait un verbe quelque part même si c'est sous entendu.. elle est trop courte pour l'associer à autre chose ...
· Il y a presque 13 ans ·Pawel Reklewski
Moi aussi je suis maman... et Monsieur Coyote, j'espère bien ne pas en avoir fini!
· Il y a presque 13 ans ·Ceci dit, les yeux qui plissent, c'est à un visage bien précis auquel je pensais... Mais continue! Vas y!
ysabelle
( elle s’est étendue au tapis,) c'est cassé la figure ... aller au tapis .. s'étendre c'est se casser la gueule en quelque sorte ... s’étaler .. on est en mesure de le prendre en synonyme...
· Il y a presque 13 ans ·Pawel Reklewski
Combien y en a-t-il eu, avant Gabrielle?
· Il y a presque 13 ans ·Eric Descamps
alors pour changer les couches il n'avait qu'à faire le 06 84.....tip top pour les couches!...et les lèvres mordues de la femme de ouate...et la ouate en ouate, et la peau cristalline, toute de transparence...ô que j'aime ce doux fracas de tête aux aurores du soir...en toute innocence bien sûr. Je suis mère quand même, et grand-mère de surcroît, mierda koi!
· Il y a presque 13 ans ·Halley va... j'ai aimé te lyre Isa.
sally-helliot
Ysa t'as pas fini avec moi ... !
· Il y a presque 13 ans ·Pawel Reklewski
vii je comprends pas le français ... il plisse les yeux ... ébloui par la flamme ? ou brûlé par la flamme... plisses les yeux et aspires essaies de le faire tu auras envie de rire ...
· Il y a presque 13 ans ·Pawel Reklewski
je crois que je vais m'arrêter à cette image aussi...
· Il y a presque 13 ans ·ysabelle
( Il sort un paquet de cigarettes de sa poche,)... je le vois sortir une poignée de cigarettes donc beaucoup de cigarettes ...de sa poche ...
· Il y a presque 13 ans ·Pawel Reklewski