"Melody comment ?" "Melody Nelson"

luxlisbon

L’Histoire de Melody Nelson – Serge Gainsbourg (1971)

Bien sûr, qu'elle a les cheveux rouges, et bien sûr, que c'est sa couleur naturelle. Torse nu et poupée à la main, ce n'est pas Jane Birkin qui illustre l'album mythique de Lucien Ginsburg (pas encore devenu Gainsbarre, mais déjà fou de son Gainsborough), mais une créature hybride, ni enfant, ni nymphette, surtout pas femme et encore moins réelle. « Tu m'en auras fait faire des conneries », lui chuchote Serge à l'oreille, et c'est comme s'il chuchotait dans la nôtre, de cette voix parlée si caractéristique.

L'époque n'a évidemment pas reconnu le chef-d'œuvre, n'a pas compris que cet album-concept finirait par encore hanter les pensées d'une jeune femme de presque trente ans en 2014. N'avoir rien connu de l'époque, des moments, n'avoir même rien connu de Gainsbourg de son vivant, et frissonner aux premières notes de l'Hôtel particulier, imaginant les Aphrodites et les Salomés qui me regardent alors que je m'enfonce dans le couloir qui mène tout droit aux Enfers et à la chambre de la luxure où un miroir réfléchit de manière obscène les ébats entre un homme et sa transfiguration d'une Lolita sans âge et sans silhouette.

« Merde ! », c'est comme cela que s'ouvre l'album, comme s'il ne fallait pas prendre cette petite histoire trop au sérieux, comme s'il fallait regarder tout ça de loin, sans trop y croire, à l'image de Jane qui rit sous les chatouilles de son amour de toujours – le soleil est rare et le bonheur aussi, aussi ne doit-on jamais s'interdire d'y croire pourtant un peu en réécoutant l'Histoire de Melody N.

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