Michel Delpech - Best of 2000

petisaintleu

Hommage à un chanteur de l'époque où je trempais mes madeleines dans un bol de Banania

La 504 roulait à tombeau ouvert sur une départementale où s'alignaient les platanes. On revenait de chez Laurette. C'était bien, c'était chouette. Elle se souvenait de 1966, de ses robes de chez Courrèges et de la découverte de l'Angleterre. A Wight, elle y était arrivée les pieds nus, comme un cyclone inattendu.

Pour un flirt avec elle, j'aurais fait n'importe quoi, pour un petit tour entre ses bras. Elle me rappelait Marianne, son insouciance. Dieu, comme elle était jolie quand elle embrassait les toits de Paris.

Nous finîmes par divorcer ; ce n'est pas grave. Je m'y faisais malgré mon avocat qui ne lui faisait pas d'excuses.

Pour noyer mon cafard, j'allais chasser. Je voyais passer les oies sauvages. Elles s'en allaient vers le Midi, la Méditerranée. Je repassais dans ma famille, dans le Loir-et-Cher. C'étaient des gens simples qui ne faisaient pas de manières.

De temps à autre, je voyais cette fille qui avait les cheveux raides et portait toujours un pull et des baskets. Elle venait prendre un peu de tendresse quand ça pouvait lui faire plaisir.

Quand j'écoutais Michel Delpech, je ne me voyais pas chanteur. Mes soixante-treize ans me semblaient tout aussi loin que les années qui me séparaient de ma majorité que je comptais sur les doigts de ma main.

Je l'avoue, sans aucune honte. J'aime la chanson populaire de mon enfance. Mon bégueule reniement de la beaufitude et mes années punks n'y changeront rien. La renier, ce serait rejeter le cassoulet ou la Tour Eiffel. Je m'y refuse.

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