Moi, cette Grosse Merde !

Je sais, quand on dit cela, c'est de l'esbroufe. C'est juste pour susciter qu'une âme charitable vous dise : « Mais non, Hervé, tu n'es pas une grosse merde… mais reste dans l'entrée, quand même, oui, sur le sac en plastique, c'est mieux, nonobstant ! »

Mais quand on le pense, c'est plus grave !

Oui, c'est aussi vrai, que quand ça s'adresse à son soi intime et personnel, on ne le pense qu'à moitié, que voulez-vous, rien j'espère, l'égo est égocentrique.

Pourtant, pour ma part, j'assume : « Je suis une Grosse Merde ! »

Car j'avais nourri d'autres ambitions pour mon court passage sur Terre !

Maintenant que je suis au crépuscule de ma vie, à l'heure du bilan, je m'introspecte de l'intérieur.

Procédons pas élimination :

Un, je n'ai jamais été Président de la République Française ! Ou alors, j'ai oublié. Mais ils doivent bien garder quelques traces dans leurs archives à l'Elysée, cela ne devrait pas être difficile à vérifier. Peu importe, admettons, je ne l'ai pas été.

Deux, même dernier ministre, pas davantage.  Vous me direz, chef de cabinets au 2^e Sous-sol, la porte à droite, « Pensez à laisser l'endroit aussi… » vous connaissez la suite… Eh, bien, non, même pas !

En fait, ma seule participation aux hautes charges de l'Etat fut celle de payer mes impôts, en retard certes, mais payé, quand même.

Maintenant, les affaires de la cité ne se cantonnent pas exclusivement aux ministères. Il y a les artistes aussi ! Non, pas eux, mauvais exemples, les barbouilleurs en peintures, les pédants en mots ou les « touches à tout » en que sais-je, passons !

Celui qui est beau, c'est celui-là ; simple citoyen lambda, de milieu défavorisé, bête comme ses pieds, moche comme ses pieds, puant comme ses aisselles (pour changer, bien que ses pieds soient pas mal aussi, question remugles)  qui va devenir l'idole de toute une génération par usurpation d'identité, ça c'est beau, ça c'est fort, ça c'est le pied aissellé !

Vive les faussaires !

D'abord, le faussaire ne ment qu'aux autres, car lui, il se connait mieux. Deuxièmement, le faussaire n'est pas désintéressé, quel intérêt aurait-il à mentir, autrement, il ne va pas être con, en plus qu'il est déjà faux. Puis troisièmement, le faussaire est riche de son escroquerie et ça ce n'est pas rien, surtout pour lui, d'ailleurs, car les spoliés, eux, n'ont plus rien.

Il y a aussi les Grandes Causes, des causes altruistes, totalement désintéressées celles-ci, dans lesquelles un homme, même une femme, si cela s'est déjà vu par le passé, mais lointain, va consacrer sa vie entière dans un combat dantesque à contre-courant, envers et contre tous pour la Justice, même en prose, c'est beau !

Maintenant, si je trouve cet engagement honorable pour la forme, pour ma gueule, je m'en fous complètement. Je n'ai décidément pas l'âme du héros et la mienne, si elle existe, partira, dans un anonymat total, vers un repos bien mal mérité. C'est ainsi : « je ne suis qu'une Grosse Merde ! » et ne commencez pas à me chercher des griefs dans les cheveux, en m'accusant de provocation par fausse modestie ! Ayez au moins l'obligeance de croire en ma sincère humilité. Je n'ai rien fait de méritant de ma vie, voilà c'est dit, je n'aurais même pas été le messie ! Bon, maintenant, on ne va pas y passer la matinée, non plus et une fois cela dit, on va beaucoup mieux après. Moi, je me sens en pleine forme, je pète la forme !

L'autodestruction critique il n'y a rien de mieux pour commencer une belle journée de merde ! Bonne journée à tous, mes amies ()s.