Nuits

La nuit a ses plongeons

Quand s'allument les rêves

A tourbillons mêlés,

En ses rideaux de suie.

Pour le cœur emmuré,

La nuit lève le ton

Au quai des rues muettes,

A mansarde insomniaque,

Elle y crache son encre.

Bâillement de papier

Eclaboussé de mots

A éveil romancier.

La nuit parle d'amour

Dans l'alcôve secrète.

Ses soupirs exaltés

Ont l'écho d'un matin

Habillé de soleil.

Sous le drap étoilé,

Dans le lit des promesses,

Des baisers échappés

Fleurissent au grand tain

Des espoirs annoncés.

Mirage de l'instant

Qui s'éteint,

Interdit d'ébats de soie

Pour d'autres nuits encore,

A la peau de deux corps

En transes éternelles.

Nuit glacée des sans toit

Au pays d'un trottoir

Qui a noyé ses rêves

Au caniveau du temps.

Nuit moribonde

Sous la bombe assassine

A hurlement de bras

S'agrippant  à la vie

Mouillée au désespoir.

Nuit d'un cri nouveau-né

Dans un oui à la vie

Etoilée de sourires

Pour un premier baiser

Nidifié en chemin.

Nuit souillée,

Griffures de mains sales

Sur la peau cristalline

Scarifiée de larmes,

Au flot du corps froissé,

A ses rêves ébaubis,

Une peur intestine

Engloutit les hoquets.

Nuits noires,

Profondes,

Lumineuses,

Vos voix silencieuses,

Blafardes,

Bavardes,

Désinvoltes,

Inspiratrices,

Ont le ton des chemins perdus, retrouvés…