La Magie Des Rencontres #16 - Les Moleskines - Dans Paris

dyonisos

Carnet de Voyage numéro seize – Gare De Lyon #LaMagieDesRencontres

Illuminée, comme auréolée d'un halo d'une lumière douce et tranquille, Judith scintille en face du Relay, gare de Lyon.

A cet instant, j'ignore encore qu'elle s'appelle Judith.

J'assiste, impuissant et passif, à la naissance d'une étoile qui va filer dans mon cœur et me mettre en orbite. Il y a de magiques rencontres. De celles qui semblent tellement improbables, tellement irréelles, qu'on jurerait qu'elles ont quelque chose de mystique.

La science de Judith, son savoir-faire, sa valeur ajoutée, et je le découvrirai plus tard, c'est que chacun de ses gestes, chaque chose qu'elle laisse transparaître à l'extérieur, est en parfaite adéquation avec ce qu'elle est à l'intérieur. Elle est pour ainsi dire totalement transparente. Troublant. Nulle rencontre ne m'avait autant saisi et touché. Judith a cette capacité rare à toucher, faire voler autour d'elle une innocence, une fragilité d'enfant : des réminiscences enfantines dans le corps d'une femme magnifique.

Judith est debout, en face de ce kiosque qui déverse sur la gare les journaux du jour. Coincée entre l'EXPRESS et Marc LEVY, Judith sourit comme sourirait un enfant heureux. Un foulard retient sa chevelure brune. De loin, on distingue le bleu de ces yeux, un bleu qui semble introuvable ailleurs dans la nature. Elle est tel l'œil d'un cyclone : s'agitent autour d'elle des vents puissants qui font chavirer quiconque pose ses yeux sur elle. Si on plaçait un compteur de regards sur le corps de Judith, il enregistrerait des millions de vues certainement supérieures à une vidéo de Justin Bieber sur Youtube. Longue et légère, d'une apparente fragilité très vite balayée par l'assurance de son regard bleu, Judith balade ses yeux dans la gare. J'évite de croiser son regard, j'ai peur d'être pétrifié par cette gorgone moderne.

Assis sous le tableau des horaires, je revenais de mon dernier week-end avec Raphaël. Celui qui avait sonné le glas de notre histoire d'amour. J'avais encore les yeux humides, je n'étais en quête de rien, hagard et abîmé par la fin d'une histoire. Judith avait choisi ce jour pour descendre à Genève. Ni elle, ni moi, ne le savions encore mais elle allait me faire vivre une année de douceur, de rêverie amoureuse. Une année magique.

Elle me le dira plus tard, mais ce jour-là, mes yeux tristes et moi avions plu à Judith. Elle avait aimé mon chapeau ! Judith, en femme moderne, était venue s'assoir sur le siège à côté de moi. Avec la franchise des enfants, elle m'avait posé des questions terriblement indiscrètes auxquelles j'avais répondu par des questions encore plus indiscrètes. Ce jeu s'était prolongé chez elle, dans son appartement.

Judith est une fée, elle a mis de la magie dans ma tête. Elle a pansé les plaies que Raphaël avait creusées dans ma peau.

A suivre

Carnet de Voyage numéro dix-sept – Gabriel Péri #LeTempsDesFraises

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