offrande

Susanne Derève

De charogne ou de cendre le jour où Elle viendra
choisissez un bon bois de chêne, lisse au toucher, robuste et clair, 
gardez-moi des vaines offrandes,
ces urnes que les us épandent en sombres paraboles abandonnées au vent,
aux rumeurs infécondes et sourdes du levant
et qu'un bras malhabile se devrait de répandre au-delà du silence
comme on boit le calice âcre de la souffrance     
 
De charogne ou de cendre le jour où Elle viendra
choisissez un carré de terre,
de ce terreau qu'égrainera la pelle d'un ton clair  
il faut du temps il faut des fleurs pour oublier
il faut ce marbre uni où poser des œillets     
l'herme aux lueurs du soir est plus doux au malheur que ces brumes d'errance le vent a-t-il jamais  séché les larmes de douleur
 
De cendre ou de poussière lorsque le temps viendra
choisissez un bon bois de chêne lisse au toucher, robuste et clair
et dans ce vieux pays de Rance enterrez-moi près de mon père





Illustration : Marc Chagall " Les portes du cimetière"

  • Voilà. Quelques mots à propos de celle que tu nommes 'Elle' et puis célébrer fort la vie partout et tant qu'il y en a.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    The fisherman 295007 640 (1)

    frederik



  • Quel que soit le carré de terre,
    que des pelles viendront blesser
    la pierre ou le marbre,
    l'ombre des cyprès,
    les noeuds de leurs racines,
    auprès de toi,

    Quel que soit le vent,
    qui répandra les cendres,
    comme autant de paroles vaines,
    et aussi les fleurs
    qui meurent, de même,
    dans leur vase,

    Il y aura un temps pour oublier,
    lorsque les mousses
    auront reconquis la pierre gravée,
    les pluies effacé les lettres :
    - même la douleur
    ne peut prétendre à l'éternité .

    Que l'on enterre une princesse
    avec ses bijoux,
    et toutes ses parures,
    ne la fait pas voyager plus vite
    sur le bateau
    de l'au-delà...

    Ce qu'il en reste
    après quelques siècles :
    > quelques offrandes,
    et des os blanchis
    ne nous rendent pas sa parole
    et le ton de sa voix.

    A se dissoudre complètement
    dans l'infini,
    c'est encore modestie :
    - On pourra dire "elle a été" -,
    mais le temps du souvenir,
    se porte seulement dans le coeur des vivants .

    -
    RC

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

  • Inéluctable en-soi... Au moins, qu'elle demeure douce..

    · Il y a plus de 6 ans ·
    17c25d2b

    Yitou

    • ah , maintenant que les mots sont jetés, tournons nous vers quelque chose de plus gai !

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • oui tres fort... Hasard ? je viens d'envoyer "si possible"

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Autoportrait(small carr%c3%a9)

    Gabriel Meunier

    • l'automne ? votre texte est magnifique

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Susanne Derève

  • Beau texte funèbre, sincère et émouvant.
    Nous feignons de ne pas savoir :
    métropole, rase campagne
    sont pour nos parents, nos compagnes,
    d'interminables abattoirs.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Photo 1 orig

    Alain Balussou

    • merci, on feint peut-être ou peut être on ne peut pas

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Susanne Derève

  • Qu'Elle vienne le plus tard possible pour que vous puissiez continuer à nous émerveiller avec votre poésie.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Profil

    Julien Darowski

    • Surement ! Pour continuer à vous écouter !

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Susanne Derève

  • Comme une épitaphe. De saison.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Img 20210803 205753

    enzogrimaldi7

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