offrande
Susanne Derève
De charogne ou de cendre le jour où Elle viendra
choisissez un bon bois de chêne, lisse au toucher, robuste et clair,
gardez-moi des vaines offrandes,
ces urnes que les us épandent en sombres paraboles abandonnées au vent,
aux rumeurs infécondes et sourdes du levant
et qu'un bras malhabile se devrait de répandre au-delà du silence
comme on boit le calice âcre de la souffrance
De charogne ou de cendre le jour où Elle viendra
choisissez un carré de terre,
de ce terreau qu'égrainera la pelle d'un ton clair
il faut du temps il faut des fleurs pour oublier
il faut ce marbre uni où poser des œillets
l'herme aux lueurs du soir est plus doux au malheur que ces brumes d'errance le vent a-t-il jamais séché les larmes de douleur
De cendre ou de poussière lorsque le temps viendra
choisissez un bon bois de chêne lisse au toucher, robuste et clair
et dans ce vieux pays de Rance enterrez-moi près de mon père
Illustration : Marc Chagall " Les portes du cimetière"
Voilà. Quelques mots à propos de celle que tu nommes 'Elle' et puis célébrer fort la vie partout et tant qu'il y en a.
· Il y a environ 7 ans ·frederik
Certainement , brûlez jeunesse !
· Il y a environ 7 ans ·Susanne Derève
· Il y a environ 7 ans ·Quel que soit le carré de terre,
que des pelles viendront blesser
la pierre ou le marbre,
l'ombre des cyprès,
les noeuds de leurs racines,
auprès de toi,
Quel que soit le vent,
qui répandra les cendres,
comme autant de paroles vaines,
et aussi les fleurs
qui meurent, de même,
dans leur vase,
Il y aura un temps pour oublier,
lorsque les mousses
auront reconquis la pierre gravée,
les pluies effacé les lettres :
- même la douleur
ne peut prétendre à l'éternité .
Que l'on enterre une princesse
avec ses bijoux,
et toutes ses parures,
ne la fait pas voyager plus vite
sur le bateau
de l'au-delà...
Ce qu'il en reste
après quelques siècles :
> quelques offrandes,
et des os blanchis
ne nous rendent pas sa parole
et le ton de sa voix.
A se dissoudre complètement
dans l'infini,
c'est encore modestie :
- On pourra dire "elle a été" -,
mais le temps du souvenir,
se porte seulement dans le coeur des vivants .
-
RC
rechab
un très beau texte, merci !
· Il y a environ 7 ans ·Susanne Derève
Inéluctable en-soi... Au moins, qu'elle demeure douce..
· Il y a environ 7 ans ·Yitou
ah , maintenant que les mots sont jetés, tournons nous vers quelque chose de plus gai !
· Il y a environ 7 ans ·Susanne Derève
oui tres fort... Hasard ? je viens d'envoyer "si possible"
· Il y a environ 7 ans ·Gabriel Meunier
l'automne ? votre texte est magnifique
· Il y a environ 7 ans ·Susanne Derève
Beau texte funèbre, sincère et émouvant.
· Il y a environ 7 ans ·Nous feignons de ne pas savoir :
métropole, rase campagne
sont pour nos parents, nos compagnes,
d'interminables abattoirs.
Alain Balussou
merci, on feint peut-être ou peut être on ne peut pas
· Il y a environ 7 ans ·Susanne Derève
Qu'Elle vienne le plus tard possible pour que vous puissiez continuer à nous émerveiller avec votre poésie.
· Il y a environ 7 ans ·Julien Darowski
Surement ! Pour continuer à vous écouter !
· Il y a environ 7 ans ·Susanne Derève
Comme une épitaphe. De saison.
· Il y a environ 7 ans ·enzogrimaldi7
oh, c'est des quatre saisons :)
· Il y a environ 7 ans ·Susanne Derève