On les dépose-là

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On les dépose-là.

Y en a qui braillent, qui hurlent, qui pleurent doucement ou qui reniflent.

Y a ceux qui ont braillé, hurlé, pleuré et qui se calment dans un coin,

la morve au nez, leur petit corps tressautant parfois d'un spasme récalcitrant.

Y a ceux qui s'occupent. Ce sont ceux qui lisent là-bas, qui pouponnent, qui cuisinent, qui bricolent… Il y a celles qui ne font pas encore que des jeux de filles et ceux, qui ne jouent pas encore comme des garçons.

Il y a ceux qui sont déjà perdus.

Et puis y a tous ceux qui s'accrochent.

Aux jambes, aux bras, aux murs, aux chambranles des portes,

aux porte-manteaux, à tout ce qui traîne et qui se trouve

sur leur passage.

Ils s'amarrent.

Ils essayent.

Avec le désespoir du condamné. Ils aimeraient, mais ils n'y parviendront pas.

A s'échapper.

Et puis il y a les sages. Ceux qui obtempèrent, qui ont déjà compris. Ou peut-être qu'ils ont vraiment envie ceux-là qu'on les dépose-là.

Ceux-là, ils tiennent la main, sourient, patientent gentiment. Ce sont eux les tout roses, les tout beaux qui sentent bon et qu'on aimerait avoir.

Mais on n'est pas

rayonnante et belle, on n'a pas

le droit d'avoir ces enfants-là, alors on fait ce qu'on peut avec ceux qu'on a,

et c'est déjà ça, c'est déjà ça.

Et donc il y a nous. Les parents.

Des pères, des mères, des mères et des pères.

Des hommes d'affaires, costume trois pièces, petite valisette. Sérieux toujours sérieux. Baiser cérémonieux sur le front, bien au milieu comme pour ancrer chaque jour « tu seras médecin ou académicien », là derrière sa petite tête.

Il y a la mère sportive, large jogging, baskets, écouteurs dans le cou. Energique, arrive en rebondissant avec un enfant bondissant, passe sa main dans ses cheveux avec énergie évidemment « jte laisse, je vais faire un petit footing avant le cours de stretching ». Elle file en courant.

Il y a des pères détachés, très détachés. Barbe de trois jours, démarche tranquille, pas vraiment pressés, encore en RTT ?

Il y a des mères, des pères stressés « si quelqu'un t'embête va le dire à la dame, passe une bonne journée je t'aime, mange bien tes légumes, je te récupère ce soir tout ira bien je pense à toi mon petit lapin en sucre bisou bisou… ».

Ils ne partent pas.

On croit chaque fois qu'ils vont le faire, mais ils n'y arrivent pas, jamais. Alors il faut les pousser dehors sinon ils resteraient bien-là  

à coller des gommettes,

assis sur ces chaises minuscules, les genoux sous le menton.

Y en a qui préfèreraient faire de la pâte à modeler au lieu de travailler. Alors ils en rajoutent. Du stress, un peu de stress encore dans le cartable du petit, vous en reprendriez bien à la cantine « allergique au gluten, à l'arachide, au lactose,aux autres », du stress encore, pour gratter, encore gratter, un peu de temps et moins bosser.

Il y a aussi des mères pressées, pas eu le temps de se coiffer, « je vais être en retard à bientôt ». Juste un coucou. Petit bout de chou pas de bisou.

Il y a des papas câlins qui font des tas de bisous tout doux dans le cou, un peu pour montrer, prouver qu'ils sont là aussi, même si maman est partie.

Il y a des mamans à bout, fatiguées, fatiguées.

Vraiment. « Le réveil n'a pas sonné, je crois que je vais pleurer »

Et enfin, il y a des mamans curieuses, « et celui-là il est bizarre pas beau un peu paumé et heureusement que le mien il n'est pas comme ça. » curieuses, envieuses, blablateuses. Celles-là quand elles rentrent chez elles, rien ne les attend, alors elles ramènent dans leur poche, des vilaines pensées pour un peu s'occuper jusqu'au goûter.

Oui.

On les dépose-là.

Et lorsque la cloche sonne, lorsque tout le monde part et que restent les petits,

alors il s'y passe des choses

qu'ils ne raconteront pas...


Aux papas câlins, aux mamans fatiguées,

A ceux qui font ce qu'ils peuvent, puisqu'ils sont parents.





 

 

 

 



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