oui oui oui... en fait non

ysabelle

Le ciel est bleu, clair.  Il contraste avec mon cœur nébuleux. L’air est pur, froid. Il se heurte à mon désir brûlant.  Je reste sans geste, sans voix.  Je reste là, avec ma tête à l’envers.  Assise sur le divan, le regard vague, la gorge qui ne sait plus si elle se noue de peur ou de tristesse. Entre rejet et douceur…

J’ai tort d’aimer.  J’aime à tort.  J’aime.  Et la lumière s’éteint.
Mon sommeil est sombre, immobile.

Le soleil joue dans les ailes des pigeons. Ils tournoient.  Une face noire, une face blanche, noir, blanc, noir, blanc. Comme les choix, oui, non. C’est tellement simple en fin de compte.  Oui ou non.  Mais non !  Même mon instinct se déchire.  Le calme apparent me nargue. Je suis un mensonge.

 Tu me dirais : « recommençons » et peut-être pourrais-je envisager l’avenir comme une libération, un souffle nouveau qui me caresserait la nuque, un frisson.  Tu me tendrais la main, tu ferais n’importe quel signe qui me permettrait de « savoir », je me sentirais soulagée.  Pas plus que de lui, de toi, ne viendra la solution.  Je n’ai rien à interpréter.  Je suis seule avec mes sentiments en friche et mes émotions enchevêtrées. 

Les jours houleux frappent à la porte. La mer bientôt sera suspendue au dessus de nos têtes.  Les nuages, lourds, vont rouler et déferler nous laissant ombres de nous même.  Vide, pantelante, pas de paix pour moi cet hiver.  Les revers de l’insouciance, les caprices des attachements qui s’abandonnent et les tempes qui cognent.

La porte claque.

Tu rentres et me vois endormie dans le fauteuil.  Tes pas se font feutrés mais je suis déjà réveillée. Je lève la tête, tu te rends compte que j’ai pleuré.  Je prends acte de ta tendresse mais te laisse sans explications.  J’attends tes bras comme un refuge même si je sais qu’il t’en coûte et que ce n’est qu’une illusion d’apaisement temporaire.  Le problème reste entier.  Ton attitude d’homme mûr et sûr de lui m’intimide et me culpabilise.  J’ai conscience de te blesser et pourtant tu es là.  Je prends ces quelques minutes de répit et me laisse aller contre toi.  Fort, solide.  Je me doute qu’il y a un peu de pitié dans tes façons et que bientôt, si je ne prends pas de décision, tu partiras.  Je suis dans l’attente d’une autre présence qui ne vient pas.  Dois-je prendre le pari du doute et m’équilibrer dans tes certitudes ?  La vie est une gageure mais il n’est pas sain de trop jouer.

Entre rêve et réalité.  En ce moment, il n’y a pas de frontière.

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