Pêcheur d'anges

Frédéric Cogno

Un fondant de nuage à l'orée d'un couffin

Me voile ce loupiot tout membré de quatrains;

Quand je vois s'agiter comme des mandibules,

Des lutins de froment et leurs conciliabules.

 

Qui depuis quelques mois se joue de tous les anges?

Qui réclame son dû avant même qu'on mange?

Le songe serpolet au soupir bien loti,

Sur son lopin dormant émaille un myosotis.

 

Oh! Pourquoi pleures-tu? Le printemps chiquenaude

Les allées et venues d'une brise penaude.

L'asile aux petits pieds éperdu dans un val,

Sous un ciel traquenard te fait faucheur d'étoiles!

 

La cornée de l'azur dans son sillon doré,

Attire l'onde rose alertée dans les blés...

Le sein de ta maman ouvre un îlot fessu,

L'allée des tamaris pour le petit Jésus.

 

Ah! Quel bonimenteur de lait et de mamelles!

Toi le glouton farceur se fardant de plus belle,

Sais-tu que ta maman attendrie et bohème,

D'un sourire alizé prend tes joues en tandem?

 

Ô ragondin rageur! Roi repu d'un rot rare!

Murmure-nous encore ton chant le plus barbare!

Et ris pâte de fruits en sourdine linotte

Pour qu'on puisse voler les mains dans tes menottes!

 

Avant de t'endormir comme un flocon de neige,

Un gratin de jasmin, des feuillets de soie-grège,

Des sarments de baisers, un glacis de caresses,

Te couvrent à l'honneur pour une nuit princesse.

Orfèvre, doux rêveur, les yeux trotteurs d'images,

Le cirque aux chandelles sous son chapiteau sage,

Te renvoie les splendeurs de ton pays laitoune

Avec pour le mimer, monsieur le gentil clown...

Le bisou de papa t'a pressé la jujube,

C'est fou comme il grandit à jouer sans ses cubes!

Laissons-le..., maintenant..., à flanc de lapereau...,

Miroiter son filet sur un banc d'angelots...

Signaler ce texte