PRODROME ou LES AILES
nyckie-alause
Le vent chaud de l'été pénètre sous la voûte, un souffle du sud que produit la nuit, qui fait glisser le drap qui me couvre, évapore la sueur qui perle sur ma nuque et rend mon échine sensible.
LUI : Sa main longue dessine sur mes épaules des courbes que mon esprit a du mal à suivre. Son glissement est comme le sirocco, tiède, fluide, insaisissable. Ses ongles, que tout à l'heure, il a coupés font sur mes omoplates un léger bruit de plume, tracent comme des ailes.
Je dors, mais pour dormir encore, je dois serrer mes paupières, retenir mon souffle, peser autant que je le peux de toutes mes forces sur la place que j'occupe, ne pas frémir, ne pas gémir, ne pas bouger, feindre d'être absente.
ELLE : Ses cheveux humides, odorants, un voile léger, glisse sur mon flanc, quand elle se retourne et soupire. Le genou relevé s'appuie légèrement sur ma cuisse transmettant au bas de mon corps une légère brûlure que la fraîcheur du drap qui glisse encore efface.
Je crois que je retiens mon souffle, que je retiens mon cœur, que je retiens mes reins quand la lumière blanche de la lune traverse mes paupières. Un soupir long et doux échappe. Il se faufile contre ma joue, se joue des mèches qui glissent, de la sueur qui perle sur l'arc de cupidon salée comme une larme.
LUI : Ses doigts, la douceur de ses doigts, à rebrousse-plume, remontent en sinuant jusqu'au lobe de mon oreille, contourne le pavillon, s'insinue, pour s'échapper ensuite, glisse sur mon cou pour rejoindre le creux de ma nuque où, emprisonnée, sa main tourne et se calme. Comme un arc, sa chaleur emprunte des chemins de traverse pour rejoindre la radiation qui part du genou posé contre ma cuisse, un indéfinissable voyage au travers de mon corps.
Je tourne sur moi-même, un peu, quelques minutes au cadran de la nuit, au miroir de la lune qu'un nuage occulte. Un rayon échappé frôle mes seins durcis ; de sa main il le chasse, de ses dents saisit un mamelon que sa langue caresse, que son souffle apprivoise.
ELLE : Son souffle, altéré par ma bouche, se trouble, siffle. De sa gorge montent comme d'anciens murmures venus des profondeurs, les échos d'une humanité d'avant la langue, un bruit ronronnant de nature sauvage qui persiste au-delà de son expiration.
Un souffle d'air brûlant traverse la maison et sous mes reins tendus entame une lente glissade entraînant à ses trousses la main qui me soutient. Sa main sirocco effleure et pèse, en des lieux superficiels restés inexplorés. Dans le pli du genou, elle reste un moment comme prenant le pouls. Puis, par petites touches, atteint le lisse de mes cuisses, de l'une à l'autre, d'une impulsion, d'un doigt plus impérieux, de l'un à l'autre, les éloigne peu à peu.
LUI : Quelque insecte bourdonne, quelque autre produit un grincement rythmé, l'appel d'un oiseau de nuit précède de peu un cri d'angoisse ou d'agonie. Dans l'étau de ses mains — l'une se glisse sous mes reins et la seconde se pose sur mon ventre — je suis comme une vague, je suis le mouvement qui me mène au bord du lit dans un frisson.
Les lèvres humides et chaudes sur l'axe de symétrie de mon ventre, sa barbe douce et longue qui en essuie les traces. Ses doigts dans ma bouche comme une nourriture me rassasient et me font saliver, envoient à ma nuque l'ordre de se tendre. Mes épaules s'enfoncent dans la mousse du lit, mes cuisses se durcissent, mes fesses légères ne touchent plus les draps.
ELLE : Sa peau est lointaine. D'un geste caressant mais ferme ses mains quittent mes seins, remontent mes bras comme des bracelets jusqu'au rétrécissement des mes poignets loin au-dessus de ma tête. Symboliquement il pose le coussin sur mes mains, sa poitrine me frôle, ses poils m'électrisent et sa respiration au creux de mon oreille m'intime « Ne bouge pas. Ferme les yeux. Ne fais pas de bruit. »
Je le sens s'éloigner. Je retiens mon souffle pour saisir tous les sons de ses déplacements, sa respiration qui se calme, l'air chaud de ses poumons qui rafraîchit la sueur de mon ventre. Une main me survole comme un aimant hérisse mes poils. Je la désire cette main. Je veux son contact, ressentir le musclé de ses doigts, contre le tiède de ma peau, le brûlant de mon désir.
LUI : Comme une marionnette de théâtre d'ombres, sa silhouette s'imprime sur mes paupières par la magie de la lune quand sa main caresse les yeux d'un geste large et doux. Avant de glisser dans mon cou. S'il pince mes mamelons mes reins se lèvent encore. Alors, pour m'apaiser, il lisse mes flans pour en compter les côtes, l'une après l'autre, en petit saut, jusqu'au tendre du ventre qui bat autour de l'ombilic.
A ton invitation, je relis avec plaisir ce texte lu il y a 2 mois.... tendre, doux, délicat, tout en finesse, et frissonnements exquis, c'est délicieux à lire.... bravo Nyckie pour nous faire partager ces ressentis....
· Il y a plus de 8 ans ·Maud Garnier
Quel voyage au pays des sens tout en soyeuses caresses et en exquis frissonnements...c'est beau ce plaisir qui bat !
· Il y a presque 9 ans ·erge
Merci de ton commentaire et contente que tu aies aimé…
· Il y a presque 9 ans ·nyckie-alause
Joliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii kissoussssssssssss
· Il y a presque 9 ans ·vividecateri
MERCIIIIIIIIIIIII
· Il y a presque 9 ans ·nyckie-alause
C'est tendre et doux.
· Il y a presque 9 ans ·C'est joliment écrit: on y sent toute la tendresse de l'amour.
Sylvie Loy
Merci.
· Il y a presque 9 ans ·nyckie-alause
Magnifique de douceur et de tendresse...
· Il y a presque 9 ans ·carouille
merci pour ce tendre commentaire…
· Il y a presque 9 ans ·nyckie-alause
Merci à Lyselotte pour le partage, vers ce texte, un délicieux dialogue amoureux et sensuel...
· Il y a presque 9 ans ·Maud Garnier
Merci pour ton passage et merci à Lyselotte.
· Il y a presque 9 ans ·nyckie-alause
Ha bin si là je peux commenter. Nyckie, j'ai, à la suite de la lecture de ta merveille de douceur, posté le lien vers ton texte. Pour tout te dire, cette merveille me fait amèrement regretter de ne pas avoir d'homme avec qui partager des éveils aussi...doux.
· Il y a presque 9 ans ·J'en ai des regrets infinis mais m'incline devant la grâce de tes mots duvet.
lyselotte
Ton commentaire ? Il est adorable, délicieux, charmant. Pas de regret, c'est une histoire où le genre n'a pas d'importance, seulement le nombre (et encore). Bises
· Il y a presque 9 ans ·nyckie-alause
quel bijou mais quel bijou !! beauté
· Il y a presque 9 ans ·Marie Guzman
Merci ! Je n'en reviens pas. Je l'ai écrit l'année dernière ou même la précédente et comme u le vois j'ai longtemps hésité.
· Il y a presque 9 ans ·nyckie-alause
un pur bijou en effet
· Il y a presque 9 ans ·miss0
Je suis touchée, littéralement touchée…
· Il y a presque 9 ans ·nyckie-alause