Quarantaine

fionavanessa

interrogation

Quand je serai vieillie ami dis-moi

Est-ce que je serai plus forte et plus sage

Ou mise en quarantaine par mes pairs 

Plus fragile avec l'âge ?

Entendrai-je toujours la langue de Will, de Sam, de Joyce

Ou bien serai-je aussi sourde qu'un pot devant la bêtise des pourceaux ?

Saurai-je me dépatouiller sans ciller

De la solitude glacée ?

Ou bien se trouvera-t-il quelque capitaine

Que ma quarantaine ne peine ?

Deviendrai-je ingrate devant la beauté d'un ciel embrasé ?

La paupière encore liquide devant un petit geste ami ?

Mes écorchures d'adolescente et d'amoureuse trahie

S'ouvriront-elles au moindre vent

Ou bien maîtresse en ma demeure

Aurai-je su tout balayer ?

Serai-je toujours le seul mouton noir dans le pré

A me tenir devant les autres consternés

Ou bien  serai-je rendue dans un pré entier de moutons noirs

Où tu serais le loup blanc ?

Aurai-je appris à pardonner d'un coeur d'agneau

Aurai-je appris à ressembler à ceux que j'aime ?

Aurai-je vu grandir sur le droit chemin mes enfants ces beautés

Pourrai-je faire un pas en avant

Sans en faire deux sur le côté

Me serai-je libérée de l'écrasante société

Des père mère pairs maires banquiers tartuffes bien-pensants popes ou curés

Respirerai-je autre chose que des gaz et des fumées

Ou bien des vapeurs de sueurs entremêlées

M'adonnerai-je encore à confectionner, rempart contre l'anxiété

Tartes au citron cornes de gazelle tiramisu tajines biryani piperades bredele et crèmes brûlées

Aurai-je appris à démêler le faux du vrai

Avec amitié vers moi-même me pencherai-je

Pour me dire à l'oreille des secrets de bonté

Ou y aura-t-il une ombre sur la mienne penchée

Qui aimera assez ma quarantaine

Pour de long en large et en travers me gourmander m'enguirlander en découdre et en jouer

Alors

J'aurai bien mérité d'être ridée et édentée

Mon dos pourra bien se voûter

Qu'importeront mes désillusions et mes ailes brûlées

Si au bout, naît entre les larmes, la joie

Des chocs, la légèreté

Des bleus, la blancheur.

Alors j'espère qu'à mes enfants je passerai le relais

Et qu'en toute impunité, 

Avec le privilège de l'âge, je m'autoriserai

A devenir celle que j'étais, éternelle enfant que rien ne lasse,

Soupçon d'essence pure danseuse sacrée guerrière apaisée amoureuse soufie pour qui tout passe

Sauf le chemin qui mène au bien-aimé.

Fiona, 28 octobre 2013










  • Sans la chercher je viens de trouver par hasard la vieille cousine de vos petits bonheurs ! C'est du même acabit, bravo ! ... Mais, apaisée à 40 balais ? hum???

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Loin couleur

    julia-rolin

    • Sans doute une figure poétique...d'accord, je balaie devant ma porte, quarante fois même si ça peut vous faire plaisir, et même un peu plus ! Merci pour la lecture et la bienveillance de vos commentaires, charmante Julia ! et oui, la vie n'est pas faite pour s'en tenir là !

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Mai2017 223

      fionavanessa

  • Beau drôle avecun ti soupçon mélancolique beucoup de finesse et d'intelligence ce texte

    · Il y a presque 9 ans ·
    P 20140419 154141 1 smalllll2

    Christophe Paris

    • Merci Christophe pour ces gentils commentaires ; le texte a deux ans presque et maintenant je peux dire, peu importe la mise en quarantaine de certains, si pour soi la quarantaine devient l'âge tendre

      · Il y a presque 9 ans ·
      Mai2017 223

      fionavanessa

    • joliment dit :)

      · Il y a presque 9 ans ·
      P 20140419 154141 1 smalllll2

      Christophe Paris

  • Merci de vos lectures et de vos commentaires à tous !

    · Il y a presque 9 ans ·
    Mai2017 223

    fionavanessa

  • Beaucoup d'élégance et un brin de malice dans ces interrogations, superbe

    · Il y a presque 9 ans ·
    W

    marielesmots

  • La mise en quarantaine c'est souvent un bilan,
    bien aimé la réponse à tes questions
    car tout se passe au juste moment ;)

    · Il y a presque 9 ans ·
    Ange

    Apolline

  • Quand on sait cuisiner un tiramisu on ne vieillit jamais! Quel texte délicieux à savourer quelque soit l'âge.

    · Il y a presque 9 ans ·
    2018 01 13 13 02 42

    angemarina

  • Les jeunes imbéciles font les vieilles connes, mais les bourgeois c'est comme les cochons plus ça devient vieux plus.... Dans la Manche on trouve aussi Carentan, ville fantôme car hantant....

    · Il y a presque 9 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

  • Rassure-toi. Entre 1819 et 1842, Balzac écrivit La femme de trente ans. Celle de quarante l'a supplantée en 2015.

    · Il y a presque 9 ans ·
    Cp2

    petisaintleu

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