Sahara 9 - Le mot de la fin

carouille

Le 14 août 1938 est publiée au Journal Officiel de la République Française l'attribution de la Médaille d'honneur d'argent de l'éducation physique et des sports à monsieur Daniel Douard.

En janvier 1939, Détroyat, le célèbre pilote, signe son livre dans une grande librairie du boulevard Saint Michel. Daniel Douard se présente à lui. L'homme des pistes et le routier du ciel se serrent longuement la main.

Fin janvier 1939 se concrétise le projet de traverser le Sahara en side-car. Daniel partira cette fois avec un collègue, le maréchal des logis chef Ardoin, de la Garde Républicaine Mobile. Ils s'inscrivent cette fois dans un comité de patronage scientifique mené par le docteur Malachowski, sous la houlette du Ministère de la Guerre et des Colonies. Mais le 15 mars 1939, en sortant de la Standard pour négocier le ravitaillement, Daniel et Ardoin sont pris dans un accident de voiture. Ils seront hospitalisés plus de quinze jours. Vu leur état et la saison trop avancée, le raid est reporté à octobre 1939.

 

Daniel Douard publie avec le docteur Malachowski son carnet de route en 1939, l'année même où Sant Exupéry, son héros, écrit Terre des Hommes. Un article de Marianne présente les deux ouvrages côte à côte.

 

En septembre 1939 éclate la Deuxième Guerre Mondiale. Daniel ne pourra jamais achever son raid.

 

 

 

 

Cette histoire remonte à 1938.

En commençant à vous la raconter, j'étais loin de m'attendre à votre suivi. 77 ans après.

Moi, je la connais depuis toujours, elle me paraissait presque banale.

Bien évidemment, pour vous la narrer aussi précisément, il a fallu que je me plonge dans de nombreuses archives.

Le journal de route tenu par Daniel Douard en premier lieu, bien sûr : La traversée du Sahara, seul en vélomoteur par le garde républicain Douard, publié avec préface et postface du docteur Malachowski aux éditions de France en 1939. Les citations indiquées entre guillemets ont sont tirées. J'ai essayé de coller à son récit au plus près afin de ne pas trahir sa pensée.

De nombreuses coupures de presse de l'époque.

Des recherches sur tel site ou tel personnage, quoique peu, afin de préserver l'élan de l'aventure.

Des recherches généalogiques.

Les cartes postales échangées entre Odile et Léon tout au long de la première Guerre Mondiale.

Et puis aussi…

Mes souvenirs d'enfance.

 

« Douar » est un  mot indigène qui désigne un village. C'est dans ce village que je suis née. Daniel Douard était mon grand-père. C'est par ce lien filial que je me suis autorisée à reprendre le titre complet de son livre, en signe d'hommage.

 

Quand mon grand-père me parlait de sa traversée, malgré le costume cravate impeccable et très digne même le dimanche (militaire de carrière, attention !), je voyais bien cette petite lueur malicieuse qui dansait dans ses yeux. La même qu'il avait quand il étalait sur ses tartines la pâte de sirop d'érable. Ou piochait avec moi un bonbon dans la boîte consacrée en posant un doigt sur sa bouche pour ne pas que ma grand-mère le voit. Ou quand il allait à une très sérieuse réunion d'Anciens Combattants avec une cravate ornée de petits lapins bleus (si, si, mais ses petites-filles lui avaient offerte, alors c'était la cravate sacrée !).

Mais ce n'est que maintenant que je suis à même de réaliser quel homme hors du commun il a été pour pouvoir imaginer et vivre cette folle aventure. La force de caractère inflexible qu'il lui a fallu pour aller au bout, sans jamais reculer. Et ce goût de l'Afrique qui ne l'a plus jamais quitté. Après la guerre, il vivra plus de 15 ans au Nigéria avec sa famille.

Après l'avoir suivi pas à pas dans cette éprouvante traversée, avoir pris connaissance dans le détail de toutes les épreuves qu'il a pu affronter, il reste une chose incroyable : cet épisode restait un des plus beaux moments de sa vie.

 

Son épouse est toujours vivante. Ils se sont rencontrés en 1939, peu avant la guerre, sur un quai de gare. Et se sont mariés…deux mois après !! Un coup de foudre, comme dans les romans.

Elle a d'abord égrené ses propres souvenirs pour moi. Puis elle a lu ce texte avec émotion. Et vos commentaires et votre intérêt l'ont profondément touchée.

Lui n'est plus là aujourd'hui. Mais ce récit m'aura permis à la fois de mieux le connaître, et de lui rendre hommage. Je suis fière de ce qu'il a accompli. Et j'aurais bien voulu qu'il puisse me lire, avec son air malicieux, et sûrement une petite larme à l'œil.

 

Alors je dédis ce texte à Papi.

Au Gâtinais, dont les champs et les forêts ont modelé une partie de mon âme.

A toute ma famille. Il raconte un petit morceau de ce que nous sommes. 

Et à mes fils. Pour qu'ils se rappellent chaque jour ce que j'essaie de leur transmettre.

Une chose que nous partageons tous ici, par chaque mot que nous écrivons et offrons sur ce site. 

 

« Faites que le rêve dévore votre vie, afin que la vie ne dévore pas votre rêve ».

Philippe Chatel, Emilie Jolie

  • Salut, je me souviens du lapin à la moutarde de ta grand-mère, ca c'est inoubliable. J'ai des photos, faudrait que je creuse...

    · Il y a plus de 4 ans ·
    Default user

    Joel Gill

    • Avec grand plaisir oui, j'aimerais beaucoup <3

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Ananas

      carouille

  • Wow, j'ai connu tes grands-parents dans les années 80. Je les ai rencontrés quelques fois à Montargis. Des gens inspirants. Je vis à Québec.

    · Il y a plus de 4 ans ·
    Default user

    Joel Gill

    • Oh!!! Tu n'imagines pas comme tu me fais plaisir !!! Ma grand mère est décédée depuis, elle me manque !! Accepterais-tu d'échanger pour me parler de vos souvenirs ?

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Ananas

      carouille

  • Ce n'est pas la moitié d'un grand-père, ça ! Bravo pour l'écriture, bravo pour l'aventure, merci d'avoir partagé ces exploits avec nous. Je vais penser à Daniel quand je mangerai des dattes désormais.

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Mai2017 223

    fionavanessa

    • ;) fais gaffe, il va venir t'en piquer !! ;)) Le plaisir du partage est tout autant de mon côté. Merci ;))

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Ananas

      carouille

  • Tu nous as livré là de bien belles tranches de vie, bravo à toi

    · Il y a plus de 8 ans ·
    W

    marielesmots

    • Merci à toi Marie d'avoir suivi jusqu'au bout de la piste ;)

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Ananas

      carouille

  • C'est dingue ! Il y a tant de gens, autour de nous, qui peuvent être des héros de romans mais que nous ignorons. Tous ces "vieux" que l'on accuse de radotage et qui portent en eux tant d'histoires...
    Carouille, ce que tu as fait est magnifique du point de vue de la transmission d'une histoire, d'un héritage et d'émotions fortes. Merci beaucoup à toi ! Et vive les Douar(d) :-)

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Yeza 3

    Yeza Ahem

    • Merci infiniment Yeza pour ce beau commentaire. Oui, j'adore écouter le radotage des vieux, et toutes ces histoires qu'ils portent en eux. Nous ne faisons que prendre leur suite, et nous aurons les mêmes histoires à raconter un jour. La seule chose qui fasse la différence entre deux histoires, c'est l'intensité avec laquelle on la vit. A nous de construire nos vies pour qu'elles soient aussi belles à raconter ;))

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Ananas

      carouille

  • Merci pour ce partage si émouvant. J'ai souvent commenté parce que j'attendais avec impatience chaque épisode. Tu as de bien jolies racines ;-)
    Je suis vraiment admirative de la conteuse que tu es ! et à la fin on ne peut que se dire que les tiens doivent être fiers de toi.

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Loin couleur

    julia-rolin

    • Conteuse, quel beau compliment, très émouvant lui aussi. Ce mot rappelle les veillées au coin du feu, les enfants qui écoutent bouche bée avant d'aller au plum. De la fierté je ne sais pas, mais si j'ai pu apporter du rêve et du plaisir, alors moi je suis heureuse.

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Ananas

      carouille

    • Merci Julia, de ta longue lecture, et des messages que tu as semés le long de la piste. Les conteurs n'existent que si on les écoute ;)

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Ananas

      carouille

  • Et comment ne pas avoir les larmes aux yeux lorsqu'on lit un lien si fort? Oui, de son nouveau Sahara, il doit être aussi très fier de toi et honoré par cet hommage qui prend aux tripes !
    Merci de nous avoir fait partager ce merveilleux voyage, qui nous a fait découvrir des paysages magnifiques, un homme plein de courage et l'amour d'une bien belle petite fille. Bises ma belle, ou ma jolie :)

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Ade wlw  7x7

    ade

    • Tu sais quoi ?? Il aurait adoré manger des moelleux avec nous !!;) mais il n'a jamais pu me convertir aux dattes !!;)))

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Ananas

      carouille

  • je reste coi !!! merci !!!

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Img

    Patrick Gonzalez

    • je n'ai été qu'un écho d'une très belle aventure ;) merci de ton passage Patrick ;)

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Ananas

      carouille

  • Comme j'étais préparée à cette fin ;), j'y suis allée sans mes lunettes de protection, et v'là que même avec des milliers de kilomètres, qu'un grain de sable a atterri dans mon oeil :''''(
    Très bel hommage. Emouvant.

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Au rayon des livres

    chloe-n

    • Merci chloe ;)) désolée de t'avoir prise dans cette tempête, mais j'espère que le périple en valait la peine ;))

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Ananas

      carouille

  • “J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence…” (St Exupéry)
    Ces grains de sable que tu as fait écouler un à un en la mémoire de ton grand-père sont prodigieusement saisissants. Tu fait rayonner son histoire et celle de ta famille. C’est magnifique et je ne suis pas le seul à m’enliser dans ce sable émouvant. Il a raison Philippe Chatel, elle est jolie Emilie :)

    · Il y a plus de 8 ans ·
    479860267

    erge

    • Ben là....Je suis toute émue !! Merci Erge.

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Ananas

      carouille

Signaler ce texte