Soliloque

selig-teloif

ou Lettre à moi-même qui ne m'a jamais quitté.

Mon cher,

J'aurais aimé écrire "mon amour", mais , vois-tu, nous n'en sommes plus vraiment là toi et moi. Plutôt que "monsieur" ou "toi" ou rien, j'ai préféré "mon cher", cela reste courtois tout en exprimant l'indifférence. Parce que oui, je me suis indifférent. Ne vois pas ça comme une lettre de rupture, mais voici venu le temps du dialogue entre moi et moi.

Rien n'est plus désagréable de s'apercevoir que nous nous sommes trompés, que nos croyances d'un temps n'étaient qu'ellipses mais voilà je dois bien me rendre à l'évidence : je ne suis plus celui que j'ai aimé, qui m'a fait craquer pour moi, celui pour qui j'ai tout plaqué.

Moi, qui ne m'a jamais quitté, il est peut être temps de remettre en question tout cet amour.

Parce que, vois moi, je me suis aimé, oh ça, personne ne dira le contraire. Je me suis vraiment rencontré à mes 15 ans. Ca ne fut que sexuel au départ, plongeant l'esprit dans de tumultes ébats, emplis de sorcellerie et d'espiègles marivaudages glissant subtilement vers un sado-masochisme bourgeois, et le geste dans une vulgaire branlette. Puis le héros de mes tourments ne fut que moi et personne d'autre, le bourreau c'était moi, l'enfant gâté c'était moi, la fille c'était moi tout comme la femme d'expérience ou le voyou sur sa moto.

Je me suis dit , je m'aime. Tu me souviens ?

Puis je me suis juré que je m'aimerai toujours, qu'aucune femme ne mériterait plus cette passion. Pas même ma mère. Oh je sais, tu l'aimais aussi ma mère.

Nous filions le parfait amour.

Oh j'entendais bien ici et là. "Lui, il ne pense qu'à lui ! Seul lui compte ! C'est toujours lui, lui et lui, les autres, il s'en fout !". Lui c'était toi, c'était moi. Je nous mettais en scène, racontant à qui voulait l'entendre que nous étions un super héros...

Et puis voilà, je me suis trahi, tu m'es laissé aller à l'oubli, tu l'as rencontré; elle. Elle m'a chaviré l'esprit, tu l'as embrassée à pleine bouche, je l'ai prise tant de fois, jusqu'à ce que ton désir s'assouvisse. Alors vois-tu si ton amour n'est plus égocentrique, ma haine est dysentrique.

Vis tristement ce pur amour biblique et oublie toi.

Moi

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